Rencontre avec Thomas Pesquet, l'astronaute français formé à Toulouse

À 36 ans, Thomas Pesquet, formé à Toulouse, se prépare à devenir le plus jeune astronaute français de l'histoire. Rencontre avec un bosseur acharné qui prouve que le génie n'est pas nécessaire pour accomplir de grandes choses.
Thomas Pesquet, astronaute

"Je n'ai jamais eu l'ambition de devenir astronaute. Ce serait comme dire je veux être Lionel Messi", s'amuse Thomas Pesquet. En décembre 2016, l'ingénieur décollera pourtant pour une mission de 6 mois dans la Station spatiale internationale. Comment en est-il arrivé là ? "C'est à Toulouse que tout a commencé" reconnaît-il.
Nous sommes en 1998, Thomas quitte sa Normandie natale et débarque à 20 ans dans la Ville rose, pour intégrer la formation Supaero (aujourd'hui Institut supérieur de l'aéronautique et de l'espace, Isae). C'est là que "tout devient possible". Le jeune étudiant découvre le pilotage, perfectionne les langues étrangères, commence à satisfaire sa soif de voyages et de sensations fortes. Déjà il s'affirme comme un étudiant sérieux, "bosseur". Si, en 2009, il parvient à intégrer le corps des astronautes de l'Agence spatiale européenne, c'est qu'il s'en est donné les moyens. Après un passage au Cnes, Thomas suit dès 2004 la formation des pilotes Air France. Celui qui comptabilise plus de 2000 heures de vol résume, sans le vouloir, la philosophie de la gagne : "j'espère ne jamais me rendre compte que j'ai raté quelque chose parce que je ne me suis pas donné toutes les chances d'y arriver".

"Bon élève mais pas le plus brillant"

Thomas Pesquet est le genre de personne qui ne passe pas sans laisser de traces. Caroline Bérard, sa directrice de formation à l'Isae, se souvient de "quelqu'un d'attachant et d'attaché à son école". Joël Daste, responsable du dispositif ouverture sociale, égalité des chances de l'Isae, confirme : "il était très impliqué dans la vie associative et ouvert aux autres. Il a gardé le contact avec tout le monde, aussi bien les élèves que les professeurs, le personnel ou l'administration". Les compliments fusent : "profondément humain", "d'une grande simplicité", "humble". Pour autant, aucun superlatif ni même de mots du champ lexical du "surdoué". Le principal concerné le reconnaît : "j'ai toujours été bon élève mais pas le plus brillant, un peu bon partout mais pas vraiment bon dans quoi que ce soit". Malgré ses succès, le jeune astronaute reste hermétique aux éloges : "je n'ai encore rien réussi. D'ailleurs, je ne considérerai jamais ma carrière comme réussie, ça voudrait dire que j'en ai fait assez et que j'arrête." Preuve de cet état d'esprit, sa réaction en apprenant sa participation à une mission dans l'ISS : "Je n'ai pas eu le temps de m'appesantir, il faut tout de suite se projeter. C'est comme si, à l'arrivée d'une course de 2 ans, on vous laissait deux secondes avant de repartir pour une course encore plus longue." Un tempérament à toute épreuve, voilà peut-être le vrai point commun entre Thomas Pesquet et Lionel Messi.

Ambitieux mais pas prétentieux

Et du tempérament, il en faudra encore compte-tenu du programme d'entraînement intensif que suit le Français jusqu'à son départ. Des États-Unis au Japon, en passant par le Canada, l'Allemagne et la Russie, il doit apprendre à maîtriser "à la perfection" tous les outils qu'il manipulera au cours de sa mission. Les journées sont longues : "Je finis de travailler à 19h, il faut ensuite ajouter 1 à 2 heures de sport". Et dans l'espace à quoi ressemblera son quotidien ? "50 % du temps sera dédié aux expériences scientifiques et 50 % à la maintenance, la logistique et au sport." La mission scientifique en elle-même portera sur les domaines de la recherche sur l'Homme, la biologie, les matériaux et le développement technologique.

Des projets plein la tête

La course est encore longue pour Thomas et, quand on apprend à le connaître, on comprend vite que ce ne sera pas la dernière. "On ne peut pas vivre sans objectif. Il y aura d'autres missions. Nous avons tous dans le viseur Mars, même si ce ne sera peut-être pas moi..." Lorsqu'il évoque son retour sur Terre, Thomas Pesquet ne pense pas une seconde à faire une pause : "le travail d'astronaute, ce n'est pas individuel. C'est important ensuite de raconter, transmettre." Quand il en aura l'occasion, l'astronaute se consacrera à ses autres passions, sportives notamment : "J'adore la montagne, un de mes projets serait de monter des sommets 'exceptionnels'". Il faut croire que l'ex-étudiant de Supaero a pris le goût de l'altitude, mais certainement pas celui de la prétention. Peut-être que quand on a des projets plein la tête, il ne reste plus beaucoup de place pour la vanité...

Adrien Serrière
©photo ESA

En savoir plus :
BIO EXPRESS

1978 : Naissance à Rouen.
2001 : Diplômé de Supaero (ISAE Toulouse).
2006 : Obtient sa licence de pilote de ligne Air France.
2009 : Sélectionné pour rejoindre le Corps des astronautes de l'Agence Spatiale Européenne.
2016 : Départ en décembre pour une mission de 6 mois dans la Station Spatiale Internationale.

Il est comme ça !

Lève-tôt ou couche-tard ?
Couche tard

Beatles ou Rolling Stones ?
Ni l'un ni l'autre.

On mange quoi dans l'espace ?
Vous vous souvenez de la cantine de l'école primaire ?

La qualité la plus importante pour un astronaute ?
La patience

Le défaut qu'il ne faut pas avoir pour être astronaute ?
L'orgueil

Le mieux ce sera l'aller ou le retour ?
Bonne question ... le retour !

Mars ou Vénus ?
Mars !

Neil Armstrong ou Louis Armstrong ? (Thomas Pesquet est également saxophoniste)
Neil Armstrong, même si je n'ai pas vraiment d'idole. Les exemples comme lui sont bien au dessus de nous, ça nous fait rêver. Mais à titre personnel, mon exemple c'est plutôt mon père.

Gravity ou Star Wars ?
Gravity pour le réalisme... des images, hein, pas du scénario.

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