Jean-Luc Maté, président du cluster Automotech : "Midi-Pyrénées est une région automobile"

Le 15 janvier prochain, le cluster Automotech, qui regroupe les grands acteurs de la filière automobile de Midi-Pyrénées, remettra sa feuille de route stratégique au Conseil régional pour les trois années à venir. L'occasion pour Jean-Luc Maté, président du cluster et vice-président de Continental Automotive, de revenir ce matin 9 janvier sur les grands enjeux du secteur, lors de la première Matinale Objectif News-Caisse d'Épargne de 2014, organisée au Casino-Théâtre Barrière de Toulouse.
De gauche à droite : Denis Lacoste, directeur de la recherche et des accréditiations de Toulouse Business School, Jean-Luc Maté, président du cluster Automotech et vice-président stratégie et innovation de Continental Automotive, et Emmanuelle Durand-Rodriguez, rédactrice en chef d'Objectif News

C'est un message à la fois optimiste et conquérant qu'a délivré ce matin Jean-Luc Maté lors de la toute première Matinale de l'année 2014, organisée au Casino-Théâtre Barrière de Toulouse par Objectif News et la Caisse d'Épargne Midi-Pyrénées. Le président du cluster Automotech, qui regroupe une quarantaine d'acteurs régionaux de la filière automobile, et par ailleurs vice-président stratégie et innovation de Continental Automotive, a confirmé qu'il allait remettre dès le 15 janvier au Conseil régional un document stratégique pointant l'importance du secteur dans le territoire. Un poids non négligeable - environ 2,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel - qui pourrait justifier, selon Jean-Luc Maté, un coup de pouce financier du secteur public. "C'est le nerf de la guerre, assure le président d'Automotech. Nous allons donc demander de l'argent, en présentant clairement les résultats qui sont attendus par les acteurs locaux. En Midi-Pyrénées, nous avons les savoir-faire, nous avons les spécialistes. Nous devons désormais concrétiser."

Midi-Pyrénées, terre automobile
La région serait-elle soudainement devenue un Eldorado pour l'innovation automobile ? Pour Jean-Luc Maté, c'est en réalité le cas depuis bien longtemps. "L'automobile a fait son apparition en Midi-Pyrénées il y a quarante ans, rappelle le vice-président de Continental Automotive. Ce que personne ne sait, c'est qu'en plus d'être le berceau de l'aéronautique, Toulouse a fait naître l'automobile moderne en France. Or, jusqu'à tout récemment, personne ne savait que Midi-Pyrénées était une région automobile. Aujourd'hui, avec le travail que réalise notre cluster, les gens comprennent que la filière représente près de 30.000 salariés."

Booster la commande publique
Fournisseurs de services, sociétés d'ingénierie, concepteurs de véhicules innovants, équipementiers... : le spectre couvert par le secteur dans le territoire est très large. Avec une spécialité, la mobilité intelligente. "Le Groupe Cahors, par exemple, a développé des bornes de recharge rapide pour les véhicules électriques, qui ont commencé à être déployées à Toulouse, à l'initiative des pouvoirs publics, rappelle Jean-Luc Maté. De même, Tisséo utilise un bus hybride conçu par la société albigeoise Safra." Un appel du pied aux collectivités locales que le président d'Automotech assume pleinement : "La mobilité électrique ne se développera en Midi-Pyrénées que si l'on appuie sur le bouton de la commande publique. Il faut que le catalogue français de la commande publique intègre les solutions développées dans notre région. Nous aurons alors enfin la possibilité de rendre visible ce qui ne l'a jamais été. Soyons optimistes !"

Bonne santé des équipementiers

Cet optimisme, Jean-Luc Maté souhaite l'appliquer plus globalement au marché français de l'automobile. Et ce, malgré les dossiers Goodyear et PSA, qui font la Une des journaux. Pour le président d'Automotech, tout est en réalité une question de perspective. "La presse vend son petit bol de sang tous les matins, ironise-t-il. Pourtant, au niveau mondial, le secteur automobile est sur une trajectoire naturelle de croissance, de l'ordre de 5,7 à 5,8 % en 2013. La croissance est partout... sauf en France ! Les constructeurs automobiles français souffrent, car ils ont besoin de capitaux importants. PSA a ouvert deux usines en Chine en 2013. Comment ne pas avoir des problèmes de trésorerie ?"

Le problème ne concerne en revanche pas les équipementiers, dont le besoin de capitalisation est moindre. "L'action de Continental a été multipliée par douze en cinq ans, sourit Jean-Luc Maté. Aujourd'hui, les équipementiers automobiles, qui sont à l'origine de 95 % des innovations du secteur, sont dans une forme resplendissante." La solution du président d'Automatech, pour relever l'industrie automobile française ? Faire comme les Allemands. "Ils aiment leurs usines, ce qui n'est pas notre cas, assure-t-il. Notre pays doit absolument changer de paradigme. L'industrie française n'est pas morte."

Alexandre Léoty
© photo A.L.

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