Philippe Monloubou est le nouveau président du directoire d'ERDF. En visite à Toulouse dans le cadre de son tour de France des régions, il est venu à la rencontre des salariés et des acteurs politiques et économiques locaux, le 17 avril dernier. Transition énergétique et réseaux intelligents sont au cœur de ses objectifs. Interview.

Philippe Monloubou, vous êtes le nouveau président du directoire d'ERDF, qui avez-vous rencontré à Toulouse et pourquoi ?
C'est important pour moi, durant les 3 premiers mois de ma prise de fonctions, de rencontrer les salariés de l'entreprise, qui sont 4.180 dans le Sud-Ouest. Nous sommes un opérateur national, avec un très fort ancrage local, cela fait partie de notre identité, et c'est un atout. J'ai aussi rencontré les acteurs économiques locaux avec qui nous pourrions être amenés à travailler. Le secteur du numérique est en pleine expansion à Toulouse, et dans le cadre du développement des smart grids, nous avons besoin de ces compétences. Nous devons préparer les réseaux de demain, et pour cela la rencontre industrie / distributeur d'électricité est inévitable. J'ai donc échangé avec des entreprises comme Sigfox, Delair-Tech, Actia, le Groupe Cahors, mais aussi avec Bernard Plano de MPE ou Édouard Forzy, de la Mêlée Numérique.

ERDF s'est en effet lancée dans les "smart grids", les réseaux intelligents. À quand une mise en place effective ?
Cela prend du temps. Notre réseau est déjà en partie numérisé, ce qui signifie concrètement que les ordinateurs savent gérer tout seuls certains incidents sur le réseau. Il y a parfois des pannes dont le consommateur ne s'aperçoit même pas ! L'énergie est un aléa, et notre mission est de sécuriser le réseau. C'est à cela que serviront les smart grids. Toulouse fait partie de l'expérimentation avec le lancement l'année dernière de So Grid, une puce électronique nouvelle génération qui équipera de nombreux matériels connectés. L'idée est encore aujourd'hui dans les laboratoires, mais les premières pièces devraient sortir en 2015. C'est un investissement de 26 M€ pour ERDF. Il existe 14 autres expérimentations de ce genre en France, la plupart en Rhône-Alpes.

À combien évaluez-vous le retour sur investissement ?
Il n'y a pas d'évaluation. En fait, que ce soit en France ou ailleurs, les smart grids n'ont pas encore trouvé de modèle économique, il n'existe pas. Les démonstrateurs servent à tester la technologie mais aussi à explorer les modèles économiques. Ce qui est envisageable, c'est de devenir fournisseur de technologie pour d'autres pays. Les smart grids ont une vocation internationale.

La transition énergétique fait partie de vos priorités, comment s'opère-t-elle en Midi-Pyrénées ?
Historiquement, Midi-Pyrénées est championne dans la production d'énergies renouvelables avec un développement exponentiel des producteurs de photovoltaïque. ERDF investit 205 M€ par an dans la région. Plus globalement, dans le Sud-Ouest, le nombre de producteurs d'énergies renouvelables (hydraulique, éolien, photovoltaïque, méthanisation, etc.) est passé de 1.800 fin 2008 à 45.000 en 2013, soit une multiplication par 25 en 5 ans. Sur les 45 000 installations, 98,4 % sont à base de photovoltaïque. Les smart grids vont permettre d'adapter le réseau à ces nouvelles sources d'énergie, mais aussi aux nouveaux usages, comme les véhicules électriques.

Propos recueillis par Sophie Arutunian
© photo Rémi Benoit

En savoir plus :

Philippe Monloubou:
Philippe Monloubou a 58 ans. Il est ingénieur diplômé de l'école spéciale des travaux publics et diplômé de l'institut d'administration des entreprises de Rennes. Il a rejoint EDF en 1979 et y a exercé depuis différentes responsabilités managériales. Il a été nommé directeur délégué d'EDF-GDF Services France en 2002 et a rejoint la direction Commerce en 2004. Il y a passé 10 ans, sur divers postes, avant de devenir président du directoire d'ERDF début 2014.

So Grid à Toulouse:

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ERDF:
35.711 salariés
1,3 millions de kilomètres de réseau
35 millions de clients
3 Md€ d'investissements
13,3 Md€ de chiffre d'affaires