Avec son nouveau data center, le toulousain FullSave relocalise les données en Midi-Pyrénées

Pour héberger les données numériques, les usines du futur fleurissent dans la "nouvelle France industrielle". C'est notamment le cas à Toulouse, qui vient de se doter d'un centre de données TLS00, moins énergivore, plus efficace et à l'abri des pannes de climatisation.
Fullsave vient de construire dans le nord-ouest de Toulouse un centre de données de nouvelle génération

C'est l'angoisse des chefs d'entreprise. À l'heure du tout numérique, une perte des données ou l'interruption d'un site Internet peuvent engendrer de graves conséquences économiques. Pour se protéger, les entreprises hébergent leurs serveurs à l'intérieur de centres de données entièrement sécurisés. Sans pour autant être à l'abri de la panne ou de la congestion.

Par exemple, relayé sur les réseaux sociaux le 9 mars dernier, l'hébergeur mondial Telehouse annonçait un problème de climatisation sur l'un de ses data centers parisiens, nœud important du Web français... Conséquence immédiate, l'augmentation de la température avait entraîné la coupure de plusieurs serveurs, gênant ainsi plusieurs opérateurs et acteurs importants du Net, avant le rétablissement du système de climatisation.

Pour pallier tout risque de congestion, les data centers historiquement concentrés sur la région parisienne tissent désormais progressivement leur toile sur l'ensemble du territoire. Tout en proposant des infrastructures de nouvelle génération qui innovent en matière de système de refroidissement ou de mesure de la consommation.

"Avant d'être un élément clé de l'économie numérique, le data center est d'abord un outil industriel", insiste Laurent Bacca, PDG de l'entreprise toulousaine FullSave. Cet hébergeur vient de construire dans le nord-ouest de Toulouse un centre de données de nouvelle génération, d'une puissance de 2 mégawatts et d'une superficie de 1.600 m2. Un investissement de 5 millions d'euros, soit deux fois le chiffre d'affaires actuel de FullSave. "Nous pourrons ainsi héberger les serveurs d'entreprises régionales dont les données sont actuellement centralisées à Paris, voire à l'étranger, souligne l'entrepreneur. L'enjeu est d'abord de maîtriser les infrastructures pour que le trafic local s'échange au niveau local sans passer par le nœud parisien."

Jusqu'alors, Toulouse était sous-équipée

Dans sa dernière cartographie des data centers en France, le magazine spécialisé Global Security Mag comptabilisait ainsi plus d'une cinquantaine d'usines à données en Île-de-France contre uniquement trois à Toulouse. Le Sud-Ouest semble particulièrement à la traîne : à l'extrême opposé, la métropole lilloise comptabilise déjà plus d'une dizaine de centres.

"Le maillage territorial des data centers est fondamental, non seulement pour conserver les données à proximité, mais surtout pour renforcer l'écosystème numérique au niveau local, insiste encore Laurent Bacca. On le voit avec le développement de la ville intelligente. Les collectivités locales ont besoin d'augmenter leur capacité de stockage des données afin d'optimiser l'éclairage public, les transports publics ou de proposer de nouveaux services aux administrés."

Encore faut-il offrir les meilleures conditions d'hébergement, et en particulier la garantie de résilience. C'est-à-dire la capacité d'une architecture réseau de continuer de fonctionner en cas de panne. Justement le point fort du nouveau centre de données toulousain, baptisé TLS00, construit dans le quartier des Minimes.

Le choix du lieu est avant tout stratégique, puisqu'il est à proximité des voies de communication permettant de faire passer la fibre optique et à côté du point d'accès de l'électricité produite à la centrale nucléaire de Golfech. La peinture n'est pas encore sèche, les 260 baies, formes d'étagères à serveurs, ne sont pas encore déployées mais, déjà, Laurent Bacca loue les mérites de ce tout nouveau centre de données nouvelle génération.

"Les data centers ont la réputation d'être énergivores, prévient-il. Et en cas de panne de climatisation, la température gagne au moins dix degrés par heure. Ici, c'est l'usine du futur. La chaleur produite par le data center va être isolée au sein d'un circuit fermé puis refroidie par l'intermédiaire de cinq échangeurs thermiques propageant de l'eau glacée. Par ailleurs, le data center est protégé par un système anti-incendie utilisant un brouillard d'eau, une technologie dont la maintenance est moins coûteuse que le gaz inerte utilisé d'habitude."

Le rapatriement, un besoin légitime de sécurité

Autre approche innovante, les clients hébergés dans ce nouveau centre de données pourront mesurer en temps réel la consommation énergétique du serveur. L'objectif étant bien sûr de quantifier son empreinte carbone dans une démarche de certification environnementale.

"Avec ce système de refroidissement, nous assurons une optimisation énergétique par rapport aux traditionnels moyens de climatisation, ajoute Laurent Bacca. Et cette économie est mesurée en temps réel afin d'offrir une meilleure visibilité à nos clients concernant l'empreinte carbone. C'est même l'une des principales innovations de ce data center nouvelle génération."

Lors de la visite de cet ancien entrepôt de radiateurs en fonte, entièrement réhabilité, pas question de noyer ses interlocuteurs dans le jargon du cloud computing. Laurent Bacca emploie des mots d'industriel : "Héberger des serveurs ou sécuriser les données numériques, c'est d'abord en réalité de l'infrastructure !"

Et de mettre l'accent sur la présence de quatre entrées d'adduction télécom, au lieu de deux en général, afin de permettre le raccordement à différents opérateurs. "Ce n'est pas anodin, explique Laurent Bacca. Dans les chantiers de BTP, il n'est pas rare de voir une tractopelle arracher des fibres et perturber momentanément le réseau d'un opérateur télécom. Quatre entrées d'adduction, cela permet d'assurer la pérennité du fonctionnement."

Autre facteur clé pour la résilience, le data center dispose de deux réseaux électriques, deux transformateurs et deux groupes électrogènes. De quoi se mettre à l'abri d'une panne et fonctionner en autarcie pendant plus de soixante-douze heures. Un ensemble d'arguments qui ont déjà séduit plusieurs dirigeants toulousains, à l'image de Patrick Dubois d'Enghien, PDG de la société de services informatiques Agiciel, qui développe des applications pour Danone ou Airbus Group. Le chef d'entreprise prévoit de transférer la totalité des données actuellement hébergées à Dallas vers ce nouveau centre de données TLS00.

"Ce rapatriement est motivé par de nombreuses raisons, explique ainsi Patrick Dubois d'Enghien. La première est technique, car il est infiniment plus rapide de faire transiter des données de Toulouse à Toulouse sans devoir transiter par les États-Unis... Il y a ensuite un besoin légitime de sécurité, de proximité et de résilience : TLS00 utilise les dernières technologies et permet à Toulouse d'être ainsi à la pointe du progrès."

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