Rencontre avec l'architecte de l'Oncopole Jean-Paul Viguier, Toulousain de cœur

Il fait partie des dix plus grands architectes français mais reste profondément attaché à ses racines toulousaines. Récit de son dernier projet, emblématique pour la Ville rose : l'Institut universitaire du cancer.
Jean-Paul Viguier, architecte de l'Oncopole. ©photo Rémi Benoit

Connaissez-vous le point commun entre le musée du Pont du Gard, le siège de France Télévisions, la Sofitel Water Tower de Chicago, la Tour Cœur Défense, l'Institut universitaire du cancer et le Muséum d'Histoire Naturelle de Toulouse ? Réponse : l'architecte Jean-Paul Viguier.

Ce Toulousain pure souche, lui-même fils d'architecte, a quitté la ville en 1974 pour les Beaux-Arts, puis Harvard, avant d'embrasser une carrière internationale. Rendu célèbre sous l'ère du "président bâtisseur" François Mitterrand, il a signé, depuis, des projets emblématiques ("jumbo projects") à travers la planète, et appartient aujourd'hui au club très fermé des dix plus grands architectes français. Pourtant, c'est en toute simplicité, qu'il se raconte et revendique son attachement au Sud-Ouest. "Toulouse reste ma ville préférée. J'y reviens dès que possible, même si j'en suis parti à 20 ans pour respirer l'air de l'Amérique", souffle-t-il.

Son travail à l'Oncopole

Choisi pour être architecte en chef de la réhabilitation de l'ancien site AZF ravagé en 2002, il a livré en avril dernier, après sept ans de travaux et 130 M€ d'investissements, l'Institut universitaire du cancer (IUC). Un projet qui avait forcément une saveur particulière. "Je dis souvent que j'ai récupéré un petit morceau de lune avec pour mission de le métamorphoser, d'y faire cohabiter recherche et santé et d'en faire l'un des premiers centres mondiaux de recherche privée et publique consacré au cancer."

Aujourd'hui, le paysage lunaire a laissé place à une petite forêt et à un bâtiment de verre de 78 000 m2 qui favorise la proximité avec la nature. L'IUC a été conçu comme un établissement universitaire propice aux échanges où se côtoient soignants, chercheurs et patients autour d'une grande rue intérieure de 120 mètres de long. Jean-Paul Viguier, qui a aussi dessiné l'hôpital de Castres, utilise volontiers la métaphore de l'architecture qui soigne pour décrire son travail.

"On sait que la fréquentation de l'hôpital est stressante pour les patients. Or, ce stress empêche de mobiliser ses ressources pour la guérison, explique-t-il. À l'Oncopole, je me suis donc attaché à dessiner un bâtiment aux formes courbes, deux arcs qui accueillent les chambres de malades et de larges surfaces vitrées au sud avec de nombreuses petites terrasses végétalisées qui recréent une atmosphère familiale."

L'aménagement intérieur fait la part belle au bois et un travail particulier a été mené sur les éclairages pour éviter les éblouissements des néons sur les brancards. Des détails qui prennent tout leur sens pour celui qui estime que l'architecture contribue à rendre la ville meilleure et la confiance aux gens qui l'habitent.

Bio express :

1988 : Récompensé par une mention au prix de l'Equerre d'Argent d'Architecture pour la construction de l'hôtel industriel Métropole 19 à Paris.
1992 : construction du Pavillon de la France à l'exposition universelle de Séville.
2014 : livraison de l'IUC

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