Scandale des gares inadaptées aux nouveaux trains, Martin Malvy refuse de payer

Martin Malvy ne veut pas payer pour la "bourde" de la SNCF et Réseau Ferré de France, qui ont commandé des trains trop larges pour certaines gares existantes. Conséquence : des travaux doivent être réalisés dans au moins une gare française sur six. En Midi-Pyrénées, il faut raboter 65 quais, dans 39 gares, et le président de Région refuse de débourser un centime.
Nouvelle rame Régiolis, livrée en avril dernier à la Région

"Pas question qu'on s'engage à payer ces travaux", proteste aujourd'hui Martin Malvy. Le président de la Région Midi-Pyrénées réagit à la "bourde" du tandem SNCF-RFF. Au niveau national, près de 2.000 rames TER flambant neuves ont été commandées à Alstom et au canadien Bombardier, pour une entrée en service d'ici à 2016. Le tout pour près de 15 Md€. Problème : elles sont trop larges. Pour les faire circuler, Réseau Ferré de France est donc obligé de réaliser des travaux sur 1.200 quais en France. La facture est salée : 50 millions d'euros.

En Midi-Pyrénées, principale bénéficiaire de ces nouvelles rames, il faut raboter 65 quais, dans 39 gares. "C'est beaucoup" reconnaît-on à la Région. Rien qu'à Lourdes, sur la ligne Toulouse-Tarbes, des travaux sont nécessaires sur 7 quais. Les gares d'Auch et Montauban sont aussi durement impactées. "Nous le savons depuis mars 2013, affirme ce mercredi 21 mai Martin Malvy. Nous sommes en discussion avec RFF. Nous n'allons pas payer et il ne faut pas que cette situation nous mette en difficulté pour faire circuler nos trains" a-t-il dit sur RTL ce matin. Dans un communiqué, l'opposition régionale déplore le silence du président du Conseil régional sur le sujet : "Il s'est bien gardé d'en informer l'ensemble des conseillers régionaux." Les élus régionaux de la droite et du centre demande à Martin Malvy de "suspendre à titre conservatoire le paiement des prestations d'ingénierie dues à la SNCF (plus de 6 millions d'euros au total) sur l'acquisition de ces 50 nouvelles rames TER."

Le président de Région a également une inquiétude : "Une voie ferrée, c'est le même principe qu'une autoroute. Quand un train entre en gare, il paie un péage. Nous craignons que RFF ne fasse augmenter son péage pour couvrir les travaux."

Un système ferroviaire "inadapté"
Le socialiste appuie le constat de Frédéric Cuvillier, le secrétaire d'État chargé des Transports : "Le système ferroviaire est inadapté, on ne peut pas avoir une double direction." Dans ce dossier, la SNCF avait établi le cahier des charges, avec l'aide de RFF, propriétaire et gestionnaire du rail français. Celui-ci avait fourni à la SNCF les écarts existants entre les voitures et les quais, soit une dizaine de centimètres de part et d'autre. La SNCF a donc autorisé les deux constructeurs à mettre au points des rames plus larges de 20 centimètres, afin d'augmenter le confort des voyageurs. Mauvais calcul : les nouvelles rames excèdent de 1 à 2 centimètres la largeur des voies.

Du côté du gouvernement, on prend aussi le sujet très au sérieux. "Les responsables de cette décision paieront, déclare Ségolène Royal, la ministre de l'Écologie, aujourd'hui à la sortie du conseil des ministres. C'est consternant !", s'exclame-t-elle. Le secrétaire d'État aux Transports Frédéric Cuvillier demande, lui, à la SNCF et à RFF que soit réalisée une enquête interne. Enfin, Valérie Rabault, députée du Tarn-et-Garonne et rapporteure PS du budget à l'Assemblée nationale, met directement en cause Guillaume Pépy, le président de la SNCF : "Je pense qu'il doit démissionner. 50 millions d'euros, c'est beaucoup d'argent et on est la risée de presse internationale", estime-t-elle.

La commission du développement durable de l'Assemblée nationale a annoncée que les présidents de la SNCF et de RFF seraient auditionnés.

Marie Vivent et Sophie Arutunian
© photo DR

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