Sciences Po Toulouse alerte l'État sur sa situation financière. Interview de Philippe Raimbault

L'Institut d'études politiques de Toulouse a voté avant Noël son budget pour 2014, d'un montant de 7,8 M€. Après une année 2013 difficile, le conseil d'administration souhaite retrouver un équilibre financier en 2014, et alerte l'État et les élus sur les faibles dotations qu'il perçoit, notamment par rapport à Sciences Po Paris. Philippe Rimbault est le président de l'IEP. Interview.
Philippe Raimbault

En 2013, vous avez dû faire face à une baisse des dotations de l'État, où en sont les finances de l'IEP ?
2013 a en effet été une année difficile sur le plan budgétaire. Le conseil d'administration avait refusé de voter le budget 2013, avant que l'État n'accorde finalement deux créations d'emplois. Quelques semaines après, en février, nous avons appris la baisse de la dotation de l'État de 5%. Un coup dur. Toute l'année nous avons du serrer les cordons de la bourse. En 2014, je souhaite ramener le budget à l'équilibre.

Comment retrouver un équilibre financier ?

Il va falloir gérer les dépenses, sans toucher pour autant à notre cœur de métier : je ne veux pas diminuer l'offre d'enseignement, ni restreindre la recherche. Nous allons donc faire des économies sur les fonctions support et sur les frais en évitant de faire venir trop d'intervenants de l'extérieur par exemple. Il faut aussi renforcer nos ressources : démarcher les entreprises pour développer la formation continue, et augmenter les frais d'inscription en fonction des revenus des étudiants. Cette modulation des frais d'inscription entrera en vigueur à la prochaine rentrée et cette mesure devrait rapporter 300.000 €.

Le budget voté pour 2014 vous semble-t-il satisfaisant ?
Il est quasiment le même que celui de l'année dernière. Le budget initial (fonctionnement et personnel contractuel) s'élève à 3,6 M€. Mais il faut compter en plus la masse salariale, c'est-à-dire les fonctionnaires de l'établissement, dont je fais partie, qui sont payés par l'État. Cela représente 80 personnes pour un montant de 4,2 M€. Les dotations de l'État représentent donc 75 % du budget consolidé (7,8 M€). Les frais d'inscription payés par les étudiants représentent 11 %. Qu'on ne vienne pas me parler de privatisation de l'enseignement !

Le Conseil d'administration a adopté une motion pour dénoncer "l'injustice" dans le financement des différents IEP, dans quel but ?

Nous souhaitons alerter le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche, ainsi que les élus, sur notre situation. La sous-dotation par l'État des IEP de région met en danger les conditions d'études et de travail des étudiants et personnels. Nous avons besoin de créations de postes. Parallèlement, la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) ne finance que l'IEP de Paris. Nous lui demandons d'assumer son rôle de financement des IEP de région.

Le déménagement de l'IEP vers le quai Saint-Pierre est-il toujours à l'ordre du jour ?

Oui, ce sera pour septembre 2016. Nous avons pris du retard car les négociations avec les riverains ont pris plus de temps que prévu. Le permis de construire a été déposé en décembre, au lieu d'être déposé l'été dernier. Cela aurait été trop tendu pour une rentrée dans le nouvel établissement en 2015.

Propos recueillis par Sophie Arutunian
© photo DR

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