Les intermittents et précaires bloquent Rio Loco et veulent faire de Toulouse le symbole de la contestation

Après une journée de confusion, la Mairie de Toulouse a finalement confirmé ce soir l'annulation de la soirée d'inauguration de Rio Loco. La Coordination des intermittents et précaires de Midi-Pyrénées (CIP-MP) a décidé ce mercredi lors d'une assemblée générale de bloquer le festival. Ils protestent contre la nouvelle convention d'assurance-chômage qui durcira le régime des intermittents et des cadres à partir du 1er juillet. Huit théâtres de Toulouse sont également en grève. Le Medef 31, de son côté, critique cette mobilisation. Explications.
Les intermittents et précaires ont décidé ce matin de bloquer la tenue du festival aujourd'hui


Le message est clair : "faire de Toulouse le symbole de la contestation qui mobilise les intermittents du spectacle et les précaires". Philippe, membre de la Coordination des intermittents et précaires de Midi-Pyrénées (CIP-MP), technicien audiovisuel à Toulouse, fait partie des 250 personnes de la coordination qui ont décidé, ce matin, de bloquer la scène centrale du festival emblématique de Toulouse : Rio Loco. Pourtant, les 74 salariés du festival avaient voté, quelques heures avant, la reprise du travail. "La culture est un bien commun que nous devons défendre", affirme Philippe, à côté de la scène centrale du festival, investie par les intermittents et précaires. Objectif : faire pression sur le gouvernement. Ils dénoncent l'accord du 22 mars, conclu par trois centrales (CFDT, FO, CFTC) et les employeurs (Medef, CGPME, UPA) et qui doit entrer en vigueur le 1er juillet.
Aujourd'hui en fin de journée, difficile de joindre les organisateurs du festival, en pleine gestion de la crise. Les organisateurs ont finalement confirmé que la soirée de ce mercredi est annulée, le public ne pourra pas accéder au site.

2 milliards d'économies
La CIP-MP critique "un accord de 2 milliards d'économies sur le dos des chômeurs, qui paient déjà 'la crise' par la perte de leur emploi". "Pas un seul centime n'est demandé au patronat !" s'étonne Philippe, membre de la coordination. Pourtant, le gouvernement s'était félicité d'avoir "sauvé" ce régime des intermittents, que le Medef souhaitait tout simplement supprimer.

Selon Philippe Robardey, président du Medef 31, "la position du Medef est constante sur la question des intermittents dont le régime est extrêmement déficitaire. S'il s'agit de soutenir la politique de la culture en France, cela relève du budget du ministère de la Culture et pas des cotisations sociales. Par ailleurs, tous les mouvements qui entravent l'économie sont mauvais, que ce soit les mouvements des intermittents ou les grèves des cheminots de la SNCF. Nous n'avons vraiment pas besoin de cela."

Si vous avez raté le début
Cela fait plus de deux mois que les intermittents dénoncent l'accord du 22 mars sur la nouvelle convention de l'assurance-chômage, notamment au motif que les syndicats signataires ne sont pas représentatifs des intermittents : "La CFDT, FO et la CFTC n'ont pas d'intermittents parmi leurs adhérents. La CGT spectacle et Sud Spectacle sont les seuls représentatifs, et ils ne sont pas signataires", explique Philippe, de la coordination CIP-MP. À 8 jours de l'agrément par le gouvernement de cet accord, le mouvement se radicalise : outre Rio Loco, le Printemps des comédiens de Montpellier est aussi fortement perturbé par ce mouvement. Huit théâtres de Toulouse sont également en grève.

Pour éviter que le scénario de 2003 se répète (annulation des festivals d'Avignon et d'Aix-en-Provence pour des raisons similaires), le gouvernement a nommé, samedi 7 juin, un médiateur : le député socialiste Jean-Patrick Gille (Indre-et-Loire). Missionné pour "répondre à certaines inquiétudes exprimées sur la situation des intermittents du spectacle", il doit remettre au gouvernement, avant le 21 juin, des propositions susceptibles d'enrayer la fronde. Objectif : sauver les festivals de l'été. La CIP-MP parle de "poudre aux yeux" et prédit que le gouvernement "va plier".

Conséquences économiques
Une annulation de Rio Loco engendrerait un manque à gagner pour l'économie locale, et constituerait une catastrophe pour les artistes qui devaient s'y produire. Hier soir déjà, deux des quatre concerts de la soirée destinées aux partenaires de Rio Loco ont été annulés, une grève "mesurée" selon Hervé Bordier, directeur du festival qui a rassemblé 125.000 personnes l'année dernière, un record. Ce soir, après l'annonce de l'annulation des concerts du jour, les commerçants présents sur le site ont exprimé leur colère. Les organisateurs expliquent qu'"en lien avec la Préfecture, des équipes municipales sont sur place afin d'informer le mieux possible d'une part les mélomanes qui se rendent sur place, à défaut d'avoir pu être prévenus de cette annulation de dernière minute, d'autre part les commerçants présents sur le site. Le remboursement des billets pré-achetés se fera auprès des points de vente d'achat."

Plus largement, chaque année plus de 350 festivals se déroulent sur l'ensemble du territoire de Midi-Pyrénées. Ils engendrent des retombées économiques et touristiques importantes : l'impact est évalué à 53 millions d'euros.

Sophie Arutunian
© photo Rémi Benoit

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