À Toulouse, l'économiste israélien Dan Catarivas prône davantage de business avec Midi-Pyrénées. Interview

L'économiste Dan Catarivas, directeur des relations internationales du patronat israélien, était à Toulouse à l'invitation de la Chambre de Commerce France-Israël de Midi-Pyrénées (CCFI). À cette occasion, il a livré son analyse sur les relations économiques entre Israël et la région. Il pointe l'attractivité de Midi-Pyrénées dans le secteur de la défense et du biomédical. Interview.
Dan Catarivas

Quel est le message que vous souhaitez transmettre aux entreprises de Midi-Pyrénées et d'Israël ?
Mon message est qu'il faut faire progresser la coopération entre Israël et la France, et surtout la zone Midi-Pyrénées. Il nous faut également trouver les complémentarités entre les tissus économiques de ces régions. L'économie israélienne a encore de la croissance (3,3 % du PIB en 2013, NDLR) et se développe sur de nouveaux marchés mais l'Europe reste son premier partenaire commercial. Pour les entreprises israéliennes, la valeur ajoutée des compagnies françaises et midi-pyrénéennes, c'est leur connaissance et leur vision du marché. Dans l'autre sens, il ne faut pas oublier l'aspect international d'Israël. Nos entreprises sont très connectées avec le monde entier, que ce soit avec les États-Unis mais aussi en Afrique ou en Asie avec l'Inde, Singapour, la Chine, la Corée du Sud.

Peut-on parler de relation privilégiée entre Israël et Midi-Pyrénées ?
Il y a effectivement une Chambre de Commerce France Israël qui constitue un point de contact important et qui permet de mobiliser l'intérêt d'Israël pour les entreprises locales. Je pense qu'il y a effectivement des complémentarités entre Midi-Pyrénées et Israël qui s'oriente de plus en plus vers le high-tech et l'innovation. Je ne veux pas me faire le juge entre les différentes régions mais en voyant cela d'Israël, on constate que Midi-Pyrénées est plus active que d'autres régions françaises.

Le secteur de la Défense constitue l'une de ces complémentarités ?
Effectivement, il y a des entreprises israéliennes qui peuvent travailler dans les domaines du spatial, de l'aéronautique. C'est une des complémentarités mais ce n'est pas la seule. Il y a également des possibilités dans d'autres domaines comme celui du biomédical.

Quels types d'échanges souhaitent les entreprises israéliennes ?
Elles attendent des collaborations qui soient bénéfiques des deux côtés, que ce soit des échanges de technologie, des transferts de technologie, des ventes de technologies, des développements communs. La région Midi-Pyrénées ainsi que les gouvernements français et israélien ont mis sur pied des instruments dédiés au développement et au financement des entreprises. Je pense à l'OCS (Office of the Chief Scientist) ou au programme de développement technologique Firad (France-Israël Industrial R&D Cooperation Framework).

Vous parliez récemment de la nécessité pour Israël de diversifier ses exportations. Midi-Pyrénées est-elle une opportunité ?
Dernièrement, le Royaume-Uni est devenu le partenaire privilégié d'Israël en Europe car une grande entreprise israélienne pharmaceutique a fait une percée là-bas (Teva, NDLR). On peut très bien imaginer qu'une entreprise israélienne réussisse une percée dans un autre domaine ici en Midi-Pyrénées. On peut cibler des particularités dans la région mais c'est quelque chose que les entreprises elles-mêmes doivent décider. Il y a une chose typique en Israël, c'est que le gouvernement laisse le secteur privé décider de ses priorités, l'important est que les affaires soient rentables. Ce sont les résultats économiques qui doivent justifier la coopération.

Des secteurs ou des entreprises de Midi-Pyrénées sont déjà ciblés ?
Dans le cadre de la visite présidentielle de François Hollande en Israël, il y a eu des contacts dans les domaines des logiciels, du software.

Quel est le rôle de la CCFI dans les relations économiques franco-israéliennes ?
La CCFI crée un réseau et offre des opportunités de rencontres. L'un des problèmes d'Israël est de faire venir les gens. Pour cela, il est nécessaire de changer l'image que les Français ont d'Israël et que les Israéliens ont de la France. Il y a un rapprochement à faire et les CCFI sont un des instruments importants pour rapprocher les entreprises, c'est ensuite à elles de trouver la synergie.

Pouvez-vous donner quelques exemples de collaborations entre entreprises de Midi-Pyrénées et d'Israël ?
La CCFI a déjà de nombreux exemples de réussites. En 2008, l'entreprise de BTP Navallon avait participé à une mission que la CCFI avait conduite en Israël. Elle avait rencontré un créateur ayant déposé un brevet de panneau solaire innovant. Ils se sont associés, ont créé un GIE en Israël et un GIE en Midi-Pyrénées pour produire et distribuer ces panneaux solaires. En juin 2013, l'entreprise toulousaine Pixscience a participé au salon MIXiii Biomed à Tel-Aviv, pour présenter une caméra dermatologique innovante qu'elle avait développée. Les Ateliers de Haute-Garonne, leader mondial de la fabrication de rivets pour l'aéronautique, a des partenaires en Israël. Il y a également des sous-traitants de l'industrie de l'aéronautique et de l'espace israéliens qui travaillent pour le secteur toulousain. Dans le domaine de l'informatique, on peut noter que lors de la visite présidentielle de février 2014, la société Pixeliris, basée à Montauban, faisait partie de la délégation.

Quel impact ont les relations politiques franco-israéliennes sur les relations économiques ?
Il est certain qu'il est plus facile de faire des affaires dans un climat politique favorable mais je pense qu'aujourd'hui, avec des économies globalisées, l'aspect politique n'est pas indispensable. Je sais qu'avec l'Europe, Israël à un certain contentieux sur certains sujets politiques. Cela n'a pas d'influence sur le fait que nous ayons des échanges très étroits avec différents programmes européens. Une fois de plus, nous ne faisons pas de politique, nous faisons de l'économie. Je pense que la politique n'a pas de portée fondamentale sur les échanges. La preuve est que les choses continuent d'évoluer. Les intérêts économiques doivent surmonter les obstacles qui n'en sont pas vraiment.

Mais la vision européenne est justement de ne pas dissocier économie et politique...
C'est là ma critique du fonctionnement de l'Europe. L'Europe devrait encourager la coopération économique et séparer l'économique du politique. Il ne faut pas oublier qu'Israël est l'un des pays non-européen ayant le plus d'accords avec l'Union Européenne. Qui plus est, Israël est depuis 2010, membre de l'OCDE, ce qui est un gage de respectabilité.

Propos recueillis par Adrien Serrière
© photo DR

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