Les patrons des travaux publics demandent à l'État de sauver leurs entreprises

À l'appel de la Fédération régionale des travaux publics (FRTP), un millier de chefs d'entreprises et de salariés a manifesté ce mardi jusqu'à la préfecture de Toulouse. Ils demandent à l'État d'inciter les collectivités territoriales à investir pour assurer la survie de leurs entreprises.
Un millier de chefs d'entreprises et de salariés des travaux publics s'est réuni devant la préfecture de Toulouse.

Costumes sombres et chaussures en cuir. Ce mardi à Toulouse, la tête de cortège de la manifestation sortait de l'ordinaire. Marchant au pas derrière une large banderole "Investissement local = compétitivité = emplois", de nombreux chefs d'entreprises et représentant de la filière des travaux publics en Midi-Pyrénées participaient à leur toute première manifestation. "Descendre dans la rue n'est pas très naturel pour nous, reconnaît Gilles Abraham, président de l'entreprise de canalisation Sogea, présent dans le cortège. Cela montre bien notre désarroi et celui de nos salariés qui ont pris conscience que leurs emplois étaient en danger."

Et pour cause, "depuis trois ou quatre ans, nos chiffres d'affaires ont diminué de 20 à 30 %. Si rien n'est fait, nos chiffres d'affaires vont diminuer de 50 %, constate Didier Yedra, patron de la Sogep et président du syndicat des entrepreneurs en travaux publics de Hautes-Pyrénées. Aujourd'hui, nous demandons à l'État d'être audacieux et d'inciter les collectivités territoriales à investir. Nos entreprises dépendent à 70 % en moyenne de la commande publique. Avec la baisse des dotations (11 Md€ en 3 ans, NDLR), elles sont en danger. Pendant des années, les entreprises ont fait le dos rond et maintenu leurs effectifs. Aujourd'hui, elles sont à bout."

2 300 emplois supprimés en 7 ans

Pour Gilles Abraham, également président de l'organisation des canalisateurs de Midi-Pyrénées, la réduction du chiffre d'affaires est déjà une réalité. "Il a été divisé de moitié en 5 ans, avoue-t-il. Nous avons déjà dû nous défaire des intérimaires. Cela devient très compliqué de prendre des apprentis et de faire de l'insertion. Nous avons du mal à trouver du travail pour garder nos salariés." En 7 ans, 2.300 emplois ont été supprimés dans la région selon la Fédération régionale des travaux publics, dans un secteur qui emploie aujourd'hui 13.000 salariés répartis dans 2.800 sociétés.

Pourtant, le travail ne manque pas d'après ces professionnels du secteur. "Pour ne parler que de mon domaine d'activité, les canalisations sont vieillissantes et le taux de fuite est de 30 %. Si nous ne les changeons pas maintenant, cela coûtera plus cher à faire dans 10 ans, déplore Gilles Abraham. Pour diminuer leur endettement, les collectivités territoriales préfèrent réduire leurs investissements plutôt que leurs coûts de fonctionnement."

Remontant du Grand-Rond en direction de la place Saint-Étienne, le cortège, tout en casques blancs et chasubles orange de chantier, a rassemblé un millier de participants. Devant la préfecture, salariés et chefs d'entreprises ont jeté leurs casques devant les quelques policiers qui gardaient l'entrée. "Aujourd'hui, c'est notre première action. Elle se veut pacifique car nous sommes là pour construire et non pour détruire", explique Didier Yedra, avant de se défaire à son tour de son couvre-chef en plastique. "Nous essayons de dire calmement que nous représentons des emplois, conclu Gilles Abraham. J'espère que nous serons entendu."

Une délégation de la FRTP a été reçue par le préfet. Elle devait lui faire part des revendications de l'organisation patronale : "Inciter les collectivités locales à investir en leur remboursant la TVA l'année des travaux et non un ou deux ans plus tard ; Affecter de façon pérenne l'augmentation de 2 centimes de la taxe sur le diesel pour l'entretien et la construction de voies de transport ; Faire aboutir le plan de relance autoroutier qui permettrait d'engager 3,5 Md€ de travaux".

Gael Cérez

© photo Rémi Benoit

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