"Le CEA Tech s'installera à Labège, c'est 5 fois moins cher qu'à Montaudran", interview de Martin Malvy

Le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies renouvelables (CEA Tech) s'implantera sur le Sicoval, annonce cette semaine le président de Midi-Pyrénées Martin Malvy. Alors que Montaudran avait été pressenti pour accueillir la plateforme technologique, le financement et le calendrier ont fait pencher la balance en faveur de Labège. La Région va ainsi se porter acquéreur de 10.000 m2 sur le site Innométro pour un début des travaux en 2017. Explications du président du Conseil régional de Midi-Pyrénées, Martin Malvy.
Martin Malvy

Pourquoi avoir choisi le Sicoval pour implanter le CEA Tech, alors que Montaudran partait favori ?
Plusieurs pistes étaient envisagées depuis 2012 : Montaudran, l'Oncopole, Labège-Innopole, à côté du lycée Gallieni route d'Espagne... C'est le calendrier qui a aidé à prendre une décision. En effet, nous devons aller vite car le CEA est pressé. Il ne bénéficie d'aucun financement de l'État et doit donc être rapide, pour séduire des partenaires privés. Ce calendrier est incompatible avec la Zac de Montaudran, qui n'est toujours pas actée. À cela s'est ajoutée une dimension "coûts" : les terrains de Labège reviennent 5 fois moins chers qu'à Montaudran, par les temps qui courent ce n'est pas négligeable. Ils sont déjà connectés avec les réseaux et il y a des parkings existants. Le coût de réalisation est donc nettement inférieur. Enfin, il y a, à proximité, Diagora, l'INPT, la Tic Valley, Prologue Biotech, des hôtels et des restaurants, etc.

Est-ce que le CEA Tech viendra même si le métro n'arrivait pas jusqu'à Labège ?
Le problème n'a pas été soulevé par le CEA Tech. Le choix est clair. Labège est à côté des entrées d'autoroutes.

C'est une mauvaise nouvelle pour le quartier Montaudran ?
Ce n'est pas une compétition Labège / Montaudran. Le calendrier est serré, Bordeaux et Nantes accueillent également des plateformes régionales du CEA Tech, je ne veux pas que Toulouse soit en retard. Et puis Montaudran a été lancé avant même qu'on envisage d'accueillir le CEA Tech à Toulouse. Le site sera convoité quand il sera opérationnel. Pour le moment, nous n'allons pas raisonner en disant : "il faut différer de 2 ou 3 ans l'arrivée du CEA Tech pour aider Montaudran".

Le CEA Tech devait s'installer à coté de l'IRT, ce ne sera finalement pas le cas...
Cela n'aura pas de conséquences, en tout cas le CEA Tech n'a pas estimé que ce serait un problème. Je rappelle que le CEA Tech n'a pas de vocation aéronautique. C'est justement là son avantage, il est pluridisciplinaire (lire notre article, NDLR). La volonté d'implanter le CEA Tech à Toulouse répond à un besoin de diversification de l'économie régionale.

C'est donc la Région qui se porte acquéreur des terrains du Sicoval ?

En effet, la Région Midi-Pyrénées souhaite se porter acquéreur de 10.000 m² de droits à construire sur le site d'InnoMétro. Il y aura trois phases de travaux de 8 M€ chacune : 2017-2018-2020. Puis une 4e tranche aura lieu plus tard, pour un montant total de 32 M€ investi par la Région. C'est l'occasion de montrer que les régions sont porteuses d'initiatives ! Le Sicoval et la Région Midi-Pyrénées devraient être en mesure de signer un protocole de réservation de terrain avant l'été, en attendant la signature d'un contrat de cession que je souhaite proposer au vote de la Commission permanente avant la fin de l'année. La Région apportera le foncier et assurera via la SPL "Midi-Pyrénées construction" la maîtrise d'ouvrage des bâtiments, de la voierie et réseaux divers, pour un montant estimé à 16 M€.

Où en est le CEA Tech à l'heure actuelle ?
Plusieurs laboratoires et entreprises sont intéressés pour travailler avec le CEA Tech, mais leur noms sont gardés confidentiels. Depuis un an, le CEA Tech a rencontré plus de 150 PME et ETI de la région, 20 contrats de recherche avec des PME ont été signés. À terme, 100 emplois seront créés d'ici 2017 et 300 chercheurs travaillerons sur le site d'ici 2020 : cela peut paraître ambitieux mais c'est ce qui a été fait à Chambéry avec Savoie Technolac, technopole spécialisé dans le solaire et l'éco-industrie, lancé par le CEA en 2005.

Propos recueillis par Sophie Arutunian
© photo Rémi Benoit

En savoir plus :

Le CEA Tech ne bénéficie pas de financement de l'État sur les projets de recherche menés avec les entreprises. L'État accompagne en revanche, avec la Région, le volet investissement : équipements et aménagements.

Le projet de création par le CEA d'une plateforme régionale de recherche technologique est né d'une volonté commune de la Région Midi-Pyrénées et du CEA, d'approfondir des contacts initiés depuis plusieurs années et de permettre ainsi à un large spectre d'entreprises implantées en Midi-Pyrénées de bénéficier des technologies génériques développées par l'ensemble du CEA. Tous les types d'entreprises sont concernés - PME, ETI, jeunes entreprises innovantes - ainsi que tous les secteurs industriels.
La Plateforme Midi-Pyrénées aura notamment pour missions de favoriser et réaliser des projets de recherche communs en partenariat avec des industriels et des laboratoires publics de la région Midi-Pyrénées, et d'associer les organismes de recherche publique présents sur site en fonction des besoins industriels.

Réaction de François Chollet, vice-président de Toulouse Métropole:
"Je regrette fortement cette décision qui est un coup dur porté au site de Toulouse Montaudran Aerospace et à l'économie locale de la Communauté urbaine. La déception est d'autant plus forte que Jean-Luc Moudenc et Philippe Douste-Blazy étaient à l'initiative de ce projet en 2006 et 2007. Il apparaît que le Président sortant n'a pas su faire avancer ce dossier, en ne créant pas les conditions d'une attractivité suffisante. Le Président de la Région Midi Pyrénées, Martin Malvy, l'indique lui-même dans la presse locale en affirmant que :"c'est le calendrier qui a aidé à prendre une décision. [...] Ce calendrier est incompatible avec la Zac de Montaudran, qui n'est toujours pas actée. D'ailleurs, de nombreuses contraintes nouvelles ont été ajoutées au fur et à mesure, notamment du point de vue urbanistique et sur le prix du foncier. Rien de tel pour décourager le porteur de projet ! Lors de la "passation de pouvoirs", ni le prédécesseur de Jean-Luc Moudenc, ni le Directeur Général des Services sortant n'ont cru bon de nous avertir des problèmes rencontrés sur ce dossier et sur le suivi approfondi nécessaire".


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