Privatisation de l'aéroport Toulouse-Blagnac : Manuel Valls réagit et rassure Fabrice Brégier

Fin de la polémique autour de la privatisation de l'aéroport ? Une lettre du cabinet du Premier ministre signée le 20 octobre affirme le principe de la signature d'une nouvelle Autorisation d'occupation temporaire par l'Aéroport de Toulouse-Blagnac pour Airbus, jusqu'en 2078. Hier soir, Emmanuel Macron, le ministre de l'Économie a garanti que "le cahier des charges de l'appel d'offres prenait en compte la spécificité des enjeux des entreprises aéronautiques".
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Fin de la polémique autour de la privatisation de l'aéroport ? Une lettre du cabinet du Premier ministre signée le 20 octobre affirme le principe de la signature d'une nouvelle Autorisation d'occupation temporaire par l'Aéroport de Toulouse-Blagnac pour Airbus, jusqu'en 2078. Hier soir, Emmanuel Macron, le ministre de l'Économie a garanti que "le cahier des charges de l'appel d'offres prenait en compte la spécificité des enjeux des entreprises aéronautiques".

Le Premier ministre a fini par se saisir du dossier de la privatisation de l'aéroport toulousain. Une lettre signée le 20 octobre par la directrice de cabinet de Manuel Valls, adressée à Airbus, pose le principe de la signature par l'Aéroport de Toulouse-Blagnac d'une nouvelle Autorisation d'occupation temporaire jusqu'en 2078 et de la reconduction des avantages afférents aux vols d'essais. Une nouvelle dont Jean-Louis Chauzy (Ceser), qui s'était emparé du dossier, se réjouit : "Au moment où le gouvernement américain fait bénéficier Boeing d'avantages fiscaux à hauteur de plusieurs milliards de dollars pour développer ses projets dans la compétition avec Airbus, le Ceser salue l'arbitrage rapide du Premier ministre." La direction d'Airbus quant à elle, ne souhaite pas "commenter davantage ce sujet".

Ce qui a été décidé
À la demande de Manuel Valls, l'Agence des participations de l'État aura l'obligation de signaler au futur acquéreur qu'il y aura un avenant à la convention de cession pour garantir l'exercice des vols d'essais. Actuellement, Airbus bénéficie d'un accord préférentiel avec l'aéroport pour faire décoller et atterrir ses avions sur la piste 2.

Par ailleurs, en ce qui concerne les 100 hectares de foncier occupés par Airbus dans le cadre d'une AOT (autorisation d'occupation temporaire), les négociations sont en cours au ministère des Transports pour prolonger ce contrat jusqu'en 2078 (une durée excédant le terme de la concession aéroportuaire).

"Ce qui est important, c'est que ces conditions deviennent des critères de recevabilité pour les candidats", souligne la députée Monique Iborra, qui était reçue hier soir par le ministre de l'économie Emmanuel Macron. Enfin, les collectivités locales seront directement associées à l'APE pour l'examen des offres, une fois l'ouverture des plis effectuée le 31 octobre.

Tout ça pour ça ?
Monique Iborra n'est pas surprise des mesures annoncées dans la lettre de Matignon et confirmées par Bercy : "Je n'était pas inquiète, il était évident que les intérêts de l'État et ceux d'Airbus sont communs. Dès lors que j'ai lu la lettre de Jean-Louis Chauzy, le 13 octobre (lire notre article), j'ai appelé le cabinet de Michel Sapin qui m'avait déjà dit à l'époque que les intérêts d'Airbus étaient pris en compte dans le cahier des charges."

Alors, toute cette agitation était-elle vaine (lire notre article) ? "Disons qu'il n'y avait pas le même ressenti à Paris et à Toulouse : les ministères pensaient avoir consulté suffisamment Airbus. L'avionneur, quant à lui, s'estimait écarté des discussions", analyse la députée. "Quand différents ministères sont concernés, ils doivent se coordonner avant de faire une réponse commune. Airbus espérait une réponse plus rapide."

Oui, mais non
La tournure rassurante que prend la procédure ne contente pourtant pas tout le monde. Régis Godec, conseiller municipal EE-LV estime que le fond du sujet n'est pas réglé : la privatisation elle-même. "Comme prévu, les autorités locales et les député-e-s vont pouvoir désormais se féliciter de leur action et se satisfaire des réponses du gouvernement au relais de lobbying qu'ils ont réalisé pour Airbus. Mais la question reste pourtant entière : pourquoi vendre des parts dans un aéroport rentable et remettre les clés de la gestion de cet équipement à un investisseur privé ?", s'interroge l'élu. Pour lui, il n'est pas question d'arrêter la privatisation, mais "d'accorder un an de réflexion afin de laisser aux collectivités locales une chance de pouvoir racheter les parts de l'État".

Sophie Arutunian
© photo Rémi Benoit

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