"Le secteur spatial est essentiel pour la compétitivité de notre industrie", interview de Geneviève Fioraso

Dans le domaine de l'espace, la rentrée du ministre de l'Enseignement et de la recherche, Geneviève Fioraso, est particulièrement riche. Elle a installé mercredi le Comité de concertation État-industrie sur l'espace en vue de dessiner et de renforcer la stratégie de la France dans le domaine spatial. Lundi, se réunira pendant quatre jours à Paris tout le gratin de l'industrie spatiale mondiale pour le sommet Euroconsult. L'occasion de faire le point avec La Tribune.
Geneviève Fioraso

Dans le domaine de l'espace, la rentrée du ministre de l'Enseignement et de la recherche, Geneviève Fioraso, est particulièrement riche. Elle a installé mercredi le Comité de concertation État-industrie sur l'espace en vue de dessiner et de renforcer la stratégie de la France dans le domaine spatial. Lundi, se réunira pendant quatre jours à Paris tout le gratin de l'industrie spatiale mondiale pour le sommet Euroconsult. L'occasion de faire le point avec La Tribune.

Plus d'un an après votre arrivée à la tête du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, que pensez-vous du secteur spatial ?

Je me suis prise de passion pour ce secteur ! C'est une filière innovante, dynamique et les acteurs y sont passionnés. Si le ministère s'y intéresse, c'est aussi parce qu'il y a des enjeux majeurs en termes de R&D, de politiques européennes et enfin, de compétitivité pour toute notre industrie spatiale et bien au-delà. Car ce secteur industriel sait passer de l'invention de laboratoire à la réalisation industrielle. C'est un secteur créateur d'emplois à partir de la recherche et de son transfert vers l'industrie. Il s'appuie sur tout un volet de recherche fondamentale grâce au CNES et aux établissements publics et cette recherche diffuse ensuite largement dans toute l'industrie. C'est exactement ce que je souhaite réaliser dans ma politique globale pour la recherche. Il est anormal que la France soit classée au 6e rang mondial en matière de publications et de puissance scientifique mais qu'elle ne soit qu'au 25e rang en matière d'innovation. Ce que l'on appelle "la vallée de la mort", qui sépare l'invention de l'innovation, doit être remplacée, comme dans le secteur de l'espace, par un continuum créateur d'emplois.


L'espace est-il toujours une priorité pour la France et l'Europe ?


Plus que jamais. La France investit dans l'espace

plus de 2 milliards d'euros par an

, dont 1,6 milliard pour les programmes civils. C'est un engagement important. Au dernier conseil ministériel de l'Agence spatiale européenne (ESA) à Naples, les pays membres ont décidé d'investir plus de 10 milliards d'euros. L'Europe investit dans l'espace. D'autant qu'il faut ajouter 5 milliards supplémentaires qui seront investis par l'Union européenne au cours de la période 2014-2020. La France s'est d'ailleurs beaucoup battue pour que l'Europe se dote d'une politique spatiale. Au total, ce sont 15 milliards d'euros dédiés à l'espace. Il n'y a pas beaucoup de secteurs industriels qui reçoivent autant de soutien. Si nous le faisons, c'est que

nous croyons au retour sur investissement

pour l'industrie et pas seulement pour l'industrie spatiale. C'est un élément essentiel pour notre compétitivité.



Pourtant le programme Galileo semble être en retard. Est-ce le cas ?


Il y a effectivement un peu de retard dans la livraison des satellites, mais pour un tel programme, c'est assez fréquent et cela ne remet pas en cause son intérêt.

Mais pour la France, l'espace est-il un investissement vraiment rentable ?
Ce secteur est l'un des rares où la France est positive en matière de commerce extérieur : plus de 500 millions d'euros par an en moyenne, ce qui n'est pas rien quand le solde commercial est à moins 75 milliards d'euros. Chaque fois que le président de la République et le Premier ministre se déplacent à l'étranger, ils parlent d'espace, que ce soit en Corée, en Chine, au Japon. Cette industrie enregistre quand même un chiffre d'affaires d'environ 6 milliards d'euros par an en Europe, dont 3 milliards générés par l'industrie française. C'est un bilan extrêmement positif. Et puis, nous disposons avec Ariane 5 d'un lanceur à la fiabilité extraordinaire, qui vient de réussir son 57ème lancement réussi d'affilée. C'est cela qui nous motive.

Mais la France devrait perdre un peu de retour industriel avec Ariane 6 par rapport à Ariane 5 ?
Pour Ariane 5, c'est 55 % de retour industriel et pour Ariane 6 nous nous sommes fixés un objectif d'au moins 50 %. Cela ne fait pas une si grande différence. C'est important de ne pas faire peur non plus. D'autant que les Italiens, en dépit de leurs difficultés financières, ont répondu présent pour Ariane 6 et ont même amplifié leur investissement en mettant 10 millions de plus sur la table. Le mandat qui m'avait été donné à Naples, c'était de maintenir a minima 50 % de retour pour les industriels français, de ne pas être en dessous mais... on peut être au-dessus.

À la veille du Salon du Bourget, d'anciens hauts responsables civils et militaires du domaine spatial ont critiqué la configuration choisie pour le futur lanceur européen Ariane 6. Pensez-vous que cela reste le meilleur projet pour la filière lanceur européenne ?

Je ne suis pas sûre qu'ils aient bien suivi toute l'évolution du marché. Ce que je sais, c'est que tous les experts de la famille de l'espace, l'ESA, l'ancien et l'actuel Président du CNES, Yannick d'Escatha et Jean-Yves Le Gall qui, au passage, a été pendant 12 ans le patron d'Arianespace, seraient bien passés tout de suite à Ariane 6. J'ai vu, lors du Salon du Bourget, que tout le monde est dans le même état d'esprit. Il faut le faire partager à nos principaux partenaires industriels français, c'est bien engagé, et allemands, c'est en court, après une première décision prise à Naples.

Une famille pas toujours unie...
... Comme toutes les familles. Et comme dans toutes les familles, une partie de la génération pionnière s'inquiète pour l'avenir et trouve que les évolutions vont trop vite. On est dans la norme des choses. Mais aujourd'hui, le CNES, l'ESA, Arianespace et tous les industriels ont une seule ligne de conduite : préparer l'avenir et développer Ariane 6. Ce qui n'était pas du tout le cas lorsque je suis arrivée. Nous nous orientions vers un modèle qui est le plus générique possible et qui s'adapte le mieux possible à tous les marchés, dont celui des charges les plus lourdes. Aujourd'hui, Arianespace, bien que Numéro 1 mondial, rate des opportunités de business. Pourquoi ? Par manque de petits satellites pour réaliser les lancements doubles d'Ariane 5. Ariane 6, avec son lancement simple, permettra de mieux répondre à cette demande du marché.

Vous-même, vous souhaitez accélérer le calendrier. Pourquoi ?
Parce que le marché évolue encore plus vite que ce que nous avions initialement imaginé. Les éléments d'alerte, la concurrence internationale, se sont eux-mêmes accélérés. Le lanceur américain Falcon 9 de SpaceX et le programme développé par Boeing pour la propulsion électrique des satellites, un domaine où l'Europe a pris du retard, nous amènent plus résolument vers une solution, mieux adaptée au marché et globalement plus économique. Moi, je n'ai pas envie que d'ici quatre ou cinq ans, on se retrouve dans une situation où nous n'aurions pas anticipé l'évolution du marché des lanceurs avec un trou financier qui se creuse de plus en plus et des difficultés pour les entreprises. Il vaut bien mieux anticiper les mutations : cela permet d'organiser la filière industrielle à l'avance.

Quand vous dites il faut avancer l'arrivée d'Ariane 6, cela veut dire quoi précisément ?

Au départ c'était 2022. Il fallait d'abord convaincre tous nos partenaires que ce projet devait être développé...

Ce qui est toujours le cas, non ?

À Naples, nous avons fait une avancée significative qu'il faut poursuivre. Il faut continuer d'être en ordre de marche en France pour pouvoir continuer à convaincre nos partenaires européens. C'est pour cela qu'on a mis en place en France, le COSPACE, un lieu de concertation stratégique pour la filière espace. La France et l'Allemagne financent pratiquement à parité 50 % des 10 milliards d'euros décidés à Naples. Berlin a privilégié la Station Spatiale Internationale, nous sommes davantage engagés sur Ariane. Il y a des répartitions. L'idée, c'est que l'on soit leader sur tel ou tel domaine.

On sent les Allemands encore réticents sur Ariane 6...

Ils ont donné leur accord.

Mais on a quand même l'impression que ce n'est plus tout aussi clair ?
Chaque fois que nous voyons les Allemands, le sujet de l'espace est abordé et la convergence sur les lanceurs est réaffirmée au plus haut niveau par Berlin. Et nous entretenons des contacts réguliers. Il n'y a pas que l'Allemagne et la France d'ailleurs. D'autres partenaires comme l'Italie avec le lanceur Vega ont leur mot à dire. D'autant que la solution technique d'Ariane 6 que l'ESA a choisie est compatible avec Vega. Cela nous fait un allié. La Suisse et le Luxembourg sont également en phase avec nous. Au-delà, nous avons de bons arguments commerciaux et techniques pour convaincre l'Allemagne. Mais au final, l'arbitre reste le marché.

Le programme Ariane 6 va entraîner une sérieuse réorganisation de la filière pour la rendre beaucoup plus compétitive. Et selon certains responsables industriels, il n'y a qu'un pas pour dire que réduire les coûts c'est réduire aussi l'emploi.
Je le dirai autrement. Répondre au marché, c'est préserver l'emploi. Et pour répondre au marché, en tenant compte de la concurrence croissante de SpaceX, Boeing et des pays émergents, qui sont dans les starting-blocks, il faut réduire les coûts. Cela suppose davantage d'innovations et de disposer de solutions plus génériques donc moins spécifiques. Ariane 6 pourra lancer tous les satellites jusqu'à 6,5 tonnes. Ce lanceur s'adaptera aussi aux satellites à propulsion électrique, qui sont plus volumineux. En outre, nous aurons une seule version, ce qui permettra d'optimiser les coûts et la fiabilité. Pour autant, nous ne nous lançons pas dans une politique de "cost killer" mais il est impératif d'atteindre un coût de lancement autour de 70 millions d'euros. Nous voulons réduire de 30% le coût du lancement d'un satellite. Et d'une façon générale, l'idée n'est pas de réduire la dépense pour l'espace mais de l'orienter davantage dans la R&D, pour être plus compétitif.

Pas de perte d'emplois donc ?
Il faut laisser l'industrie se réorganiser pour qu'elle réponde le mieux possible au défi d'Ariane 6. L'espace est une industrie stratégique, comme l'aéronautique, mais ce n'est pas une industrie administrée. Et si vous voulez obtenir un équilibre optimal, il ne faut pas non plus trop contraindre le système. S'agissant de l'emploi, l'un des objectifs d'Ariane 6 c'est aussi d'être offensif et d'augmenter la part de marché détenue aujourd'hui par Ariane 5. C'est même l'un des objectifs majeurs : être le plus compétitif en termes de coûts et élargir le marché en accédant au marché institutionnel qui, aujourd'hui, n'est plus couvert par Ariane 5.

Mais pourquoi parle-t-on de copier le modèle SpaceX qui est largement subventionné par la NASA ?

Mais nous aussi, nous soutenons la filière spatiale. C'est le domaine dans lequel l'investissement du ministère de la Recherche est le plus important (plus de 1,5 milliard d'euros par an, auxquels s'ajoutent 500 millions d'euros du ministère de la Défense). Pourquoi ? Parce que ce secteur est stratégique et irrigue, via l'innovation, toute l'industrie. Il génère un chiffre d'affaires important tout en étant un employeur responsable qui soutient ses sous-traitants. Comme l'aéronautique, l'espace est un secteur important à la fois pour ses applications dans la défense et dans le civil.

Ariane 6 sera-t-il un lanceur low cost ?
Ce n'est pas parce que nous portons une attention particulière aux coûts qu'Ariane 6 sera un lanceur low cost. Je ne sais pas pourquoi certains l'ont défini comme low cost. Mais l'idée n'est pas non plus d'avoir le plus beau bijou technologique. La France a parfois souffert d'avoir développé des bijoux technologiques mais qui n'étaient pas forcément adaptés au marché. Le Concorde est l'exemple même d'un programme magnifique mais qui n'a pas trouvé son marché.

Il faut dire que les Américains ont tout fait pour torpiller ce programme...

Soyons réalistes. Les États-Unis, c'est à la fois un marché et une économie très aidés. Le Président Obama lui-même prend la parole pour présenter un programme pour relancer son industrie. Aujourd'hui, si nous avons au niveau du président et du Premier ministre un discours axé sur le pacte productif et la relance de l'industrie, c'est bien parce que nous avons conscience de son importance pour la France, pour sa place dans le monde.

La nouvelle organisation d'EADS est-elle satisfaisante pour les intérêts stratégiques de la France en matière d'espace ?

Cette décision appartient à EADS. Nous comprenons la philosophie globale du groupe. Mais nous serons extrêmement vigilants avec Jean-Yves Le Drian l'évolution des activités spatiales en France. Une vigilance qui portera sur l'évolution des activités, des emplois et sur la stratégie. Le monde a changé, les entreprises sont dans une compétition internationale dont il faut tenir compte si l'on veut préserver les emplois à terme.

Certains voudraient supprimer le CNES. L'Etat a-t-il besoin de cet outil ?

Ce qui me frappe depuis que j'ai la responsabilité de l'espace, c'est que tous nos partenaires européens nous envient le CNES. On l'a bien vu lorsqu'il s'est agi de définir Ariane 6. L'ADN du lanceur qui fera qu'il sera compétitif, nous le devons au CNES. Alors, c'est vrai que certains ont pu rêver de le fusionner avec certaines entreprises du secteur. Mais je pense qu'il est essentiel que l'État garde un établissement public d'excellence pour la R&D et l'expertise. L'État est là pour garantir que la France va continuer sa politique de R&D, qui ne doit pas être soumise aux aléas du marché comme c'est le cas pour une entreprise. Bien sûr, nous devons prendre en compte le marché, c'est important, mais dans le même temps, l'État doit fixer un cap, avoir une vision de moyen et long terme. C'est le cas avec Ariane 6. Cette vision est notamment portée par les investissements que la France fait l'effort de faire avec constance depuis plus de 50 ans. Il est essentiel de maintenir cette puissance d'investissement en R&D. Et ces programmes doivent être définis et mis en œuvre par le CNES.

L'un des programmes emblématiques de notre partenariat avec la Russie est Soyuz à Kourou. Ce lanceur va-t-il quitter le Centre spatial guyanais avec l'arrivée d'Ariane 6 ?
Soyuz à Kourou, c'est très important et nous y tenons beaucoup. Quand Ariane 6 arrivera à Kourou, nous verrons bien. Nous avons du temps pour nous y préparer. Ariane 5 a cohabité avec Ariane 4 et puis Soyuz peut évoluer aussi. Nous devons saisir toutes les opportunités à ce moment là.

L'accord sera-t-il renouvelé en 2015 ?

Nous poussons pour que le lien franco-russe dans le spatial se consolide.

Que pensez-vous des difficultés en matière spatiale russe après les échecs ?
Ce n'est pas un problème de compétence. Les Russes ont des compétences scientifiques de très haut niveau. Mais le spatial est une industrie de pointe complexe. J'ai de très bonnes relations avec mon homologue russe et, lui comme moi, nous avons très envie de maintenir ce lien entre le développement scientifique en Russie et les actions menées par les pays européens dans le domaine de l'espace. Nous ne voulons donc pas couper le lien avec la Russie mais au contraire le renforcer. De leurs échecs, les Russes ont toujours tiré les leçons et ils vont continuer à le faire.

Le volet spatial de la loi de programmation militaire est-il satisfaisant pour votre ministère ?

Nous avons travaillé de façon très étroite avec le ministère de la Défense. Le point important pour nous dans le projet de loi de programmation militaire, c'est le développement des technologies génériques. Il y également tout un volet sur le développement des technologies duales, aussi bien dans les satellites que les lanceurs. Le développement des grandes plateformes satellitaires génériques et duales permet de soutenir les programmes d'observation militaire. Avec la défense, nous avons une vision commune qui va être renforcée dans le cadre du COSPACE. Et dans une période où il faut investir et maintenir l'emploi, tout ce qui génère de l'innovation et une chaîne de sous-traitance doit être absolument préservé. De ce point de vue, que la LPM issue du Livre Blanc ait pu finalement être confortée, est bénéfique pour l'ensemble de la filière..

Le patron du CNES, Jean-Yves Le Gall, a appelé à une Ariane 6 des satellites. La filière satellitaire est-elle en danger ?
La population et l'opinion publique ne se rendent pas suffisamment compte de l'importance de l'espace dans la vie de tous les jours notamment en matière de télécoms, de navigation, de transports, de météo... La filière satellite est donc un atout pour l'autonomie et la compétitivité de notre pays. D'une façon générale, les applications sociétales tirent en aval le marché des satellites. En amont, les programmes de recherche technologique comme NeoSat, sont financés pour que l'industrie satellitaire reste compétitive. Ainsi, nous avons déposé plusieurs projets dans le cadre des programmes d'investissement d'avenir. La politique menée par le ministère joue sur ses deux volets : en amont développer le maximum de technologies génériques et en aval faire la promotion des nouvelles applications, des nouveaux services. Sur ce point, il reste un travail énorme à réaliser pour expliquer tout le potentiel qui se cache derrière les services. Enfin, au niveau européen, nous avons préservé les deux gros budgets que sont Galileo et Copernicus, qui étaient critiques. La France s'est battue et a eu gain de cause.

L'Italie pourrait vendre Avio Space, une entreprise stratégique pour les lanceurs Ariane qui intéresse entre autres EADS et Safran mais aussi des groupes américains. Est-ce un sujet de préoccupation ?
J'en ai parlé avec mon homologue italienne, qui instruit le dossier depuis son arrivée au gouvernement. Il n'y a pas eu de décision. J'avais évoqué ce dossier avec son prédécesseur et je l'avais alerté sur les enjeux liés au choix du repreneur, compte tenu de la sensibilité de ce dossier. Il en était d'accord. Ariane 6 est important. C'est pour cela que nous sommes attentifs au développement du lanceur italien Vega et aux synergies entre les deux lanceurs européens. La future configuration industrielle autour d'Ariane 6 va également aider au positionnement d'Avio Space dans la nouvelle organisation. Tout est très étroitement lié.

Y a-t-il une préférence dans la compétition entre EADS et Safran ?

Ce n'est pas l'objet. On laisse les entreprises s'organiser. Ce n'est pas à l'État de s'en mêler;

Propos recueillis par Michel Cabirol pour LaTribune.fr
© photo Matthieu Riegler

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