C'est votre première assemblée générale en tant que président de l'association. Comment se sont passés ces premiers mois à la tête de Space ?
Je suis très content. Je suis arrivé à la tête de Space à un moment stratégique de son histoire. Nous sommes en train de relever un double défi : déployer le projet d'amélioration de la performance de la supply chain aéronautique française. Ce projet "performance industrielle" est mené avec le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales, NDLR). Ce contrat de maîtrise d'œuvre représente 11,7 M€. En parallèle, nous poursuivons notre développement en Espagne et en Allemagne. Nous allons bientôt fêter notre 100e membre.

En quoi consiste le projet "performance industrielle" mis en place avec le Gifas ?
C'est un plan triennal (2014-2016) très ambitieux, mené par le Gifas en tant que maître d'ouvrage et Space comme maître d'œuvre. Il s'agit d'améliorer les performances de livraisons des sous-traitants aéronautiques afin que les donneurs d'ordre soient livrés dans les temps et pouvoir ainsi assurer la montée en cadence. 400 TPE / PME sont concernées dont 25 % en Midi-Pyrénées. 65 donneurs d'ordre dont Airbus, Thales, Safran sont également partie prenante, de même que les fournisseurs Daher, Aerolia, Latécoère, etc. Dès cette année, 100 entreprises seront visitées par des consultants de Space pour évaluer la planification (comment sont utilisés les outils de gestion de production), l'organisation des flux d'atelier (comment mettre en place des cycles plus courts) et enfin, pour chaque sous-traitant, la gestion de leurs propres fournisseurs. Ce programme est doté de 22,9 M€ et nous nous basons sur l'expertise acquise en 2010 lorsque nous avons mené un projet similaire, Aerolean K, avec Aerospace Valley.

Selon vous, la filière aéronautique française est-elle menacée de délocalisation ?
Oui. La supply chain française doit réussir à s'adapter aux montées en cadence. Sinon, les donneurs d'ordre délocaliseront à l'étranger. La priorité d'Airbus est de livrer ses avions. La particularité du secteur aéronautique, contrairement à l'automobile ou la pharmacie, est d'être un secteur encore artisanal. Il faut donc recruter, former et qualifier de la main d'œuvre, tout n'est pas automatisé. Gérer une croissance à deux chiffres peut s'avérer compliqué et cela prend du temps. Autre spécificité du secteur : les "très gros" côtoient les TPE. Space est là pour aider ces petites entreprises et ainsi garder la croissance en France. Je suis optimiste !

Space est-t-elle toujours basée à Blagnac ?
Space est née à Blagnac il y a six ans et son siège y demeure toujours, mais nous allons déménager d'ici le mois de juin. De l'aéroport, nous migrons vers la zone Andromède pour bénéficier de locaux plus grands.

Propos recueillis par Sophie Arutunian
© photo Rémi Benoit

En savoir plus :

Space est une association créée par les grands donneurs d'ordre européens pour soutenir l'amélioration de la supply chain de la filière aéronautique. Elle dispose d'un budget de 3,3 M€ et regroupe une centaine de membres.

Le plan triennal d'amélioration de la filière aéronautique (2014/2016) est en plein déploiement depuis le début de l'année.
17 grappes de 6 fournisseurs chacune sont d'ores et déjà constituées en Aquitaine (Dassault, CAQ, Thales), Centre (Zodiac Aerospace), Ile de France (Eurocopter, Sagem, Snecma, Thales), Midi-Pyrénées (Microturbo, Sogerma, Liebherr, Cousso, Recaero, Latécoère), Poitou-Charentes (Simair, Sogerma) et Rhône-Alpes (Thales). Weir, Turbomeca, Mecachrome, Daher, Freyssinet... sont en préparation.