Paris gagnés, paris perdus : les enseignements du scrutin en Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées

La socialiste Carole Delga a remporté hier soir les élections régionales en Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées, au terme d'une campagne qui a vu s'affronter 11 listes au 1er tour, et 3 au second tour. Elle a réussi son pari de succéder à Martin Malvy même si son score est sans commune mesure avec celui de son prédécesseur. Quid de Gérard Onesta (EELV), Dominique Reynié (LR), Philippe Saurel (divers gauche) et Louis Aliot (FN) ? Ont-il vraiment gagné ou perdu leurs paris?
Carole Delga dimanche 13 décembre à Montpellier.

Pari en partie gagné : Carole Delga (PS)

Carole Delga dimanche soir à Montpellier (Crédit : Rémi Benoit).

Soulagement au Parti Socialiste. La liste conduite par la socialiste Carole Delga s'est imposée largement avec 44,81 % des voix, dix points devant Louis Aliot et 22 points devant le candidat Les Républicains Dominique Reynié. De ce point de vue, la socialiste a réussi le pari de garder la région à gauche et de prendre la succession de Martin Malvy, au pouvoir depuis 1998.

Mais dimanche soir à Montpellier, la future présidente de la Région Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées n'a pas pavoisé. Car la gauche a perdu beaucoup de terrain dans le fief de Jean Jaurès. Pour rappel lors des régionales des 2010, Martin Malvy avait été le candidat PS le mieux élu de France avec 69,5 % des voix face à sa concurrente de droite Brigitte Barèges. La liste de gauche disposait jusqu'alors d'une large majorité avec 76 % des sièges de l'assemblée régionale.

Désormais, Carole Delga devra gouverner la nouvelle grande région avec une majorité de 93 sièges sur 158 soit près de 59 % de l'hémicycle.

Pari à moitié perdu : Philippe Saurel, maire de Montpellier

Philippe Saurel lors de la campagne à Montpellier (Crédit : Anthony Rey ).

"Je me réjouis de cette grande victoire nationale face à l'extrême droite. Une forte majorité de mes électeurs ont entendu mon appel", a réagi le maire de Montpellier Philippe Saurel après les résultats du second tour. Sa liste "citoyenne" a terminé en cinquième position du premier tour avec 5 % des voix, loin derrière l'écologiste Gérard Onesta (10,26 %). Le maire de Montpellier comptait initialement dépasser les 10 %. Mais en passant la barre des 5 %, Philippe Saurel pourra se faire rembourser de ses frais de campagne. Et après des mois passés à parcourir les 13 départements de cette nouvelle région, le maire de Montpellier a acquis une certaine notoriété et une visibilité qui pourront lui être utiles pour faire valoir les intérêts de la 2e métropole de la région :  Montpellier.

Pari à moitié gagné : Louis Aliot (Front National)

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Louis Aliot dimanche soir à Toulouse (Crédit : Florine Galéron).

Avec seulement deux petits points de plus qu'au premier tour, Louis Aliot n'a pas réussi son pari "de faire barrage à la gauche" comme il l'espérait dans l'entre-deux-tours. Le chef de file du Front National en Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées arrive en deuxième position avec 33,87 % des suffrages, pratiquement dix points derrière Carole Delga. Lui qui disait au soir du premier tour qu'il "se voyait bien à l'hôtel de Région" ne siégera finalement pas au Conseil régional. Le frontiste visait le fauteuil de président mais pas celui de simple conseiller régional et il s'était positionné en cinquième place de sa liste dans les Pyrénées-Orientales.

Néanmoins, le Front National enregistre une progression spectaculaire dans une région qui est un fief historique de la gauche. "Le FN faisait 9 % au premier tour en 2010, a rappelé dimanche soir Maïté Carsalade, tête de liste FN en Haute-Garonne." Même constat du côté de Louis Aliot : "la progression du FN peut paraître modeste en pourcentage mais elle est très importante en nombre de voix, ce qui est prometteur pour l'avenir. Nous aurons le groupe le plus nombreux à l'assemblée régionale, puisque la gauche est formée d'une coalition de huit formations politiques".

 Le Front National dispose de 40 sièges sur 158. Du jamais vu. Depuis 2010, le parti était absent de l'hémicycle de Midi-Pyrénées et comptait 10 sièges en Languedoc-Roussillon.

Pari perdu : Dominique Reynié (Les Républicains)

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Dominique Reynié devant les militants dimanche soir à Toulouse (Crédit : Florine Galéron).

La déception la plus grande est parmi Les Républicains. Dominique Reynié, chef de file régional pour Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées, a recueilli seulement 21,32 % des voix au second tour. Les cadres locaux du parti ont beau rappeler que la région est un fief historique de la gauche, il n'empêche qu'en 2010, Brigitte Barèges avait récolté 30 % des suffrages en Midi-Pyrénées dans un duel avec Martin Malvy. De son côté, Raymond Courderc avait réuni 25 % des voix en Languedoc-Roussillon malgré une triangulaire avec le Front National.

"Bien sûr que je suis déçu, confie Dominique Reynié. La région n'est plus ancrée à gauche mais elle n'a pas basculé en notre faveur. Le Front National nous prend beaucoup de suffrages pour rien, car Louis Aliot ne siégera pas".

Dès le mois de septembre, Dominique Reynié avait axé sa campagne sur la sécurité en réclamant que ce domaine devienne une compétence régionale. Ce positionnement aurait pu lui servir après la tournure qu'a pris la campagne après les attentats de Paris. Mais ce n'a pas été le cas. Pour sa première campagne, le politologue n'est pas parvenu a s'imposer totalement auprès de l'électorat de droite et ni au sein de son propre camp. Il s'est dit déçu "des coups bas, du comportement de certains politiques qui sont mesquins et qui font de la basse politique. C'est déloyal en particulier quand cela vient de sa famille politique. Cela a pu m'empêcher de grappiller des points lors du scrutin", estime-t-il.

Les Républicains seront la deuxième force d'opposition au Conseil régional derrière le Front National avec 25 sièges sur 158.

Pari à moitié perdu : Gérard Onesta (EELV)

onesta meeting

Gérard Onesta en meeting à Toulouse (Crédit : Rémi Benoit).

Pari à moitié perdu enfin pour Gérard Onesta. Le conseiller régional sortant EELV avait initié un mouvement de rassemblement à gauche avec le Parti de Gauche, le PCF et le Parti occitan, espérant passer devant Carole Delga au premier tour. Cet été, il avait lancé une démarche collaborative en invitant les citoyens à faire via un site internet des propositions pour bâtir le programme de cette liste d'abord baptisée "Le projet en commun".

Gérard Onesta est arrivé finalement en 4e position au soir du premier tour avec 10,26 % des suffrages. Un résultat décevant en pleine COP21, sachant qu'en 2010, EELV avait réalisé un score de plus de 13 % au premier tour. Les écologistes avaient récolté 15 sièges sans le Front de Gauche. Désormais, EELV comptera 11 élus (plus trois personnalités de la société civile proche des écologistes. Néanmoins, contrairement à d'autres régions de France, Gérard Onesta est parvenu à rassembler la gauche de la gauche dès le premier tour. Fort de ces 27 élus, il compter négocier avec Carole Delga pour mettre en œuvre une partie de son programme.

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Commentaire 1
à écrit le 15/12/2015 à 8:46
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Carole Delga a gagné son pari. Les électeurs ne l'auront gagné que si elle est présidente de région à plein temps. La politique que veut le peuple ce n'est pas qu'on cumule les mandats. Je pense que le poste mérite un plein temps. Quel est son avis ...

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