Régionales 2015 : la fabrique des programmes

La campagne des régionales 2015 débutera officiellement en septembre prochain. Les propositions programmatiques et les réunions publiques ne sont pas encore d'actualité, les candidats étant préoccupés par la confection des listes départementales et les négociations entre partis. Néanmoins, en coulisse, militants et sympathisants, têtes de listes régionales et experts préparent les idées et les thèmes qui alimenteront la campagne. Revue de détail de cette fabrique des programmes.
Comment Dominique Reynié, Carole Delga, Philippe Saurel, Gérard Onesta et Louis Aliot élaborent-ils leurs programmes?

Au PS, tout le monde planche sur le programme

Depuis début juin, les fédérations départementales du PS phosphorent. Comme le précise Carole Delga, "il existe des ateliers participatifs dans chaque fédération, et chacune a choisi entre 3 et 5 thèmes parmi une liste de 12 thèmes. Il y a un groupe de travail pour chaque thème et les militants transmettront leurs propositions fin juillet."

Au PS, la tradition est donc respectée. Comme en 2010 et dans les élections précédentes, le premier étage de la fusée programmatique est départemental et militant. L'ancien directeur de campagne de Martin Malvy Alain Fauconnier souligne l'intérêt de l'échelon départemental : "cela permet de faire remonter la spécificité de chaque département".

Évidemment, cette contribution est étroitement liée au dynamisme de chaque fédération et au leadership des 1ers fédéraux. Ainsi, dans le Tarn, le nouveau secrétaire fédéral, Patrick Vieu, est un ancien conseiller de François Hollande à l'Élysée sur les questions de transport. Le train régional étant un dossier de première importance, le parcours du responsable fédéral influence la contribution tarnaise.

Au-delà des apports départementaux, le programme socialiste va intégrer les travaux de groupes interrégionaux. Ce deuxième niveau est plus ouvert à la société civile que le précédent. Des thèmes comme la discrimination ou l'économie sont sur la table. D'après la tête de liste socialiste, des personnalités extérieures ont proposé spontanément de participer à ce "brainstorming".

Cette ouverture est loin d'être anecdotique. En effet, certaines listes départementales PS manquent de chefs d'entreprise ou de représentants de la société civile. Ces listes ne sont pas figées. Elles vont évoluer, notamment après le (très) probable accord avec Jean-Michel Baylet. Bernard Keller, maire (PRG) de Blagnac et très introduit dans le milieu aéronautique, pourrait apporter une coloration économique. Mais, en attendant, la contribution de représentants de la société civile à la rédaction du programme permet d'éviter un huis clos "socialo-socialiste". À noter qu'une plateforme contributive permet à tous les Midi-Pyrénéens et Languedociens d'exprimer leurs idées.

Enfin, troisième échelon, au sommet de l'organigramme, Carole Delga et son équipe travaille sur des thèmes que la tête de liste a notamment mûri lors de son passage au gouvernement. Pour rappel, en 2010, Martin Malvy avait profondément marqué de son empreinte le programme pour les régionales. Comme le souligne Bertrand Auban, ancien 1er fédéral de Haute-Garonne : "Martin Malvy a été le profond inspirateur du programme. Mais il savait le faire partager et le vendre aux fédérations."

Quel va être le style de Carole Delga ? Réponse à la fin du chantier, début septembre.

Chez Les Républicains : deux référents en charge du programme

En 2010, lors des précédentes régionales, la tête de liste UMP s'appelait Brigitte Barèges. La maire de Montauban était dans une situation différente de l'actuelle position de Dominique Reynié, candidat Les Républicains (ex-UMP). En effet, Brigitte Barèges avait été sélectionnée au terme d'une primaire qui l'avait opposé au maire de Tarbes, Gérard Trémège.

"Je n'était pas partie de rien pour mon programme. La primaire m'a permis de prendre le pouls des départements et de nourrir ma réflexion."

Alors que Brigitte Barèges visitait des entreprises et les militants lors de ses déplacements,  Dominique Reynié, lui, découvre les fédérations départementales et le fonctionnement interne de son nouveau parti.

Ainsi, la tête de liste de la droite et du centre a choisi deux coordinateurs régionaux pour la contribution au programme. En Midi-Pyrénées, il s'agit de la conseillère régionale Élisabeth Pouchelon. Pour le Languedoc-Roussillon, Laurence Magne (adjointe au maire de Sète et conseillère régionale) a été désignée.

Élisabeth Pouchelon anime "un groupe de travail qui réunit les conseillers régionaux sortants, les collaborateurs de groupe et des experts". L'élue régionale précise :

"C'est un travail mené tous azimuts. On balaye tous les sujets et puis on fera le tri."

Dominique Reynié participera à "une mise en forme". Lors d'une conférence toulousaine, le samedi 20 juin, Dominique Reynié a déclaré qu'il  "réservait des surprises sur l'équipe qui prépare le programme". Interrogé sur le sujet, un de ses soutiens se demande si le prix Nobel toulousain, l'économiste Jean Tirole, ne serait pas une des surprises promises par Dominique Reynié.

Samedi dernier, le 4 juillet, lors d'une réunion avec ses référents départementaux à Albi, Dominique Reynié a évoqué des éléments de programme pour la mi-août. La tête de liste régionale dévoilera peut-être à cette occasion la composition de l'équipe surprise. En attendant, Dominique Reynié prend sa plume. Parallèlement aux travaux des groupes régionaux, il couche sur le papier idées et propositions.

Front National : 2 ou 3 thèmes de campagne, "pas plus"

Le FN n'a pas besoin de programme pour faire campagne. Dans les précédents scrutins locaux (municipales et départementales), des thèmes nationaux ont servi d'étendard. Louis Aliot n'est pas dans cet état d'esprit. Le premier sondage publié la semaine dernière par Midi Libre le place en tête du premier tour sans qu'il ait besoin de parler. En revanche, il entend bien s'exprimer et faire entendre sa voix dès septembre. Mais Louis Aliot va faire dans l'économie de moyens s'agissant de son programme.

"J'ai demandé que les secrétaires départementaux rédigent une note sur leurs problématiques départementales. J'ai demandé la même chose au président de groupe de la Région Languedoc-Roussillon (le Front National ne dispose pas d'élus au Conseil régional de Midi-Pyrénées, NDLR) et je dispose en Midi-Pyrénées d'une petite équipe qui décortique le budget. Nous allons nous réunir courant juillet, vers le 11, et nous ferons une synthèse."

Louis Aliot souhaite "obtenir 2 ou 3 thèmes, pas plus. Au-delà, cela devient incompréhensible pour les gens. Deux ou trois thèmes et un slogan que l'on dévoilera en septembre, c'est suffisant."

Europe-écologie : un programme 2.0

"Nous sommes surpris. Ça tourne bien. Nous avons récolté en moins de trois semaines plus de contributions qu'en trois mois lors des précédentes régionales." Gérard Onesta est satisfait de son innovation. La tête de liste EELV parle même de "golden contribution". La plateforme contributive dévoilée à la presse le 26 juin dernier est présentée comme une première. C'est la première fois qu'un parti politique utilise cet outil à l'échelon de 13 départements. Mais, en plus, d'après Gérard Onesta, les contributeurs sont "pointus". Il cite, sans les nommer, un ancien dirigeant d'une télévision et un responsable de radios.

Pour Gérard Onesta, "ce n'est pas un parti qui décide du programme. D'ailleurs, nous n'avons pas de programme dans le tiroir." Le leader d'Europe Écologie, comme tous les autres utilisateurs de la plateforme "Le projet en commun", va déposer un texte. "Je commence à contribuer", précise Gérard Onesta.

Dans un second temps, des pages "consensus", liées aux thèmes qui auront fait surface, vont être ouvertes. Fin aout-début septembre, une synthèse globale aura lieu. Comment et par qui sera réalisé le bilan ? Gérard Onesta répond en disant : "on peut innover en marchant et pourquoi pas faire voter sur internet si des thèmes n'apparaissent pas clairement".

Philippe Saurel fait tout, tout seul

Philippe Saurel est officiellement candidat. Mais, tout aussi officiellement, il déclare ne pas avoir encore de budget ni de liste. Ses collaborateurs ou lui-même passent des coups de fil dans les Pyrénées-Orientales (auprès d'un ancien député PS) ou dans l'Aveyron, pour recruter des candidats. Le maire "non aligné" de Montpellier est au début d'un processus déjà largement entamé par les autres candidats. S'agissant d'un programme, il évoque "un projet de territoire".

"J'ai un programme régional en trois axes : l'équité des territoires, le développement économique et l'international. Je peux mettre des choses précises derrière chaque axe. Sur le développement économique, il y a sept piliers notamment la culture et l'agroalimentaire."

Philippe Saurel précise qu'il est encore en train d'essayer de constituer des listes. S'il parvient à le faire et qu'il entre véritablement dans la mêlée, il aura l'occasion de détailler son programme à la rentrée.

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