Municipales à Toulouse : qui mènera la liste d'union de la droite et du centre ?

La droite toulousaine peine à se mettre en ordre de marche pour les municipales 2014. L'idée d'une liste d'union du centre et de la droite dès le premier tour des élections fait l'unanimité au sein des différents groupes et partis de l'opposition municipale. Pas d'accord en revanche sur la personne qui mènera cette liste. Depuis le mois de janvier, l'UDI, l'UMP et le Modem ont tour à tour rencontré les membres de Toulouse Métropole d'Europe afin d'élaborer une stratégie commune pour battre Pierre Cohen.
Jean-Luc Moudenc, René Bouscatel et Christine de Veyrac

Marie Déqué, présidente du groupe d'opposition municipale Toulouse Métropole d'Europe, a envoyé en début d'année un courrier à Christine de Veyrac (alors députée européenne, pas encore déclarée candidate UDI à la mairie de Toulouse), Jean-Luc Moudenc (député UMP), Jean-Luc Lagleize (Modem) et Jean Iglesis (UDI). En copie, le sénateur Alain Chatillon. Objet de la missive : "Le temps est venu de se mettre autour de la même table afin de convenir d'une méthodologie et d'un calendrier en vue d'élaborer et de défendre le projet fédérateur qui nous permettra de l'emporter ensemble en mars 2014."

Un courrier bien accueilli par ses destinataires, qui ont effectivement tous rencontré les membres de Toulouse Métropole d'Europe, mais...séparément.

Les 4 rencontres

Les membres de Toulouse Métropole d'Europe (René Bouscatel, François Chollet, Marie Déqué, Serge Didier et Chantal Dounot-Sobraques) ont reçu le 25 janvier Jean-Luc Moudenc, entouré lui-même de l'équipe de Toulouse pour Tous, autre groupe d'opposition municipale qu'il préside. "D'une opposition plurielle, nous souhaitons passer à une opposition responsable", confie Marie Déqué, qui décrit les échanges comme "courtois et nourris". Jean-Luc Moudenc de son côté se félicite que "le groupe Métropole d'Europe, qui a fait scission en 2010, prône la décision que je défend depuis toujours : un large rassemblement dès le 1er tour". Mais tout n'est pas joué pour Jean-Luc Moudenc. Un proche de René Bouscatel estime que les 6% d'intentions de vote en sa faveur dans le sondage sur les municipales (publié par ObjectifNews le 19 février) sont "un supplément indispensable" et un chiffre important "pour une personnalité qui représente la société civile, adossé à aucun parti".

Quelques jours plus tard, les rencontres avec Jean Iglesis (UDI) et Jean-Luc Lagleize (Modem, aujourd'hui soutien de Christine de Veyrac) se sont déroulées respectivement les 1er et 12 février. "Il y a des points de convergence sur le projet de Christine de Veyrac, affirme Jean Iglesis. Toulouse Métropole d'Europe convient qu'une liste d'union ne peut être menée par Jean-Luc Moudenc." Même position pour Jean-Luc Lagleize, selon qui Jean-Luc Moudenc n'a plus sa place à la Mairie. "Il a beaucoup donné pour l'UMP, pour l'Assemblée Nationale, pour l'opposition à Pierre Cohen. Mais l'opposition systématique à Pierre Cohen ne sert plus à rien. Je le verrais bien au Département, pour conduire une alternance à Pierre Izard."

Entre-temps devenue candidate officielle aux municipales sous l'étiquette UDI (le 4 février), Christine de Veyrac a quant à elle rencontré le groupe présidé par Marie Déqué le 28 février. "Je les ai rencontrés parce que ce sont des amis mais je souhaite rester en dehors de toute logique de partis. Une municipalité ne se gère pas avec des politiques. J'ai derrière moi des membres de la société civile et je reste sur le terrain", affirme-t-elle, confirmant son ambition de mener, elle aussi, une liste la plus large possible.

Casting

Paradoxe de la situation, Jean-Luc Moudenc et Christine de Veyrac souhaitent donc tous les deux mener leur liste d'union dès le 1er tour des municipales. La députée européenne affirme qu' "il n'y a pas de guerre" entre Jean-Luc Moudenc et elle, mais si liste d'union il y a, la question de la tête de liste se pose.

Pour Jean Iglesis, coordinateur de l'UDI 31, "le point d'achoppement, c'est l'attitude à adopter vis-à-vis de Jean-Luc Moudenc. On ne peut pas gagner Toulouse si Jean-Luc Moudenc mène cette liste. Le sondage sur les intentions de vote des Toulousains le montre bien (57% pour Pierre Cohen, 43% pour Jean-Luc Moudenc au second tour NDLR)."

Une position partagée par Marie Déqué, qui doute de la candidature Moudenc. "Je ne suis pas sûre qu'un affichage UMP soit souhaitable pour remporter une ville comme Toulouse. Cependant, Christine de Veyrac et Jean-Luc Moudenc sont tous les deux légitimes. Il faudrait peut-être proposer un ticket homme / femme pour mener la liste".

De son côté, en revanche, le député UMP ne comprend pas qu'on lui pose la question d'une liste éventuellement menée par Christine de Veyrac. "Qui est le plus connu ? Qui a déjà été élu en son nom? Qui a une vision la plus étayée de la ville ?" interroge-t-il en retour, déclarant également, qu' "il n'y a pas d'adversaire, uniquement des partenaires".

L'ultime réunion ?
Christine de Veyrac et Jean-Luc Moudenc, des "partenaires" politiques qui ne semblent pourtant pas prêts à discuter. Alors que Toulouse Métropole d'Europe essaye de réunir tout le monde autour de la table dans les semaines à venir, la députée européenne laisse entendre qu'elle ne se rendra pas à cette réunion, laissant le soin à Jean Iglesis, coordinateur de l'UDI 31, de la représenter. "Je suis sur le terrain. Certains parlent d'une liste d'union, moi je la fais, avec les associations, les habitants. Ceux qui sont en accord avec mon projet sont les bienvenus, mais je reste en dehors des démarches de partis politiques", martèle Christine de Veyrac qui recueille 3% des intentions de vote dans le sondage. "Un sondage honteux, selon elle, qui présente deux liste UDI et Modem séparées alors que le Modem est avec moi."

Pendant ce temps, Marie Déqué tente de planifier une réunion. "Il faut continuer le dialogue, trouver des points de convergence", plaide-t-elle.
"D'ici cet été, nous trouverons un accord et mettrons en place un comité de pilotage de la campagne", affirme Jean-Luc Moudenc, fort de ses 32% d'intentions de vote au premier tour (hypothèse liste UMP et UDI séparées).

Sophie Arutunian

© photo Rémi Benoit, Lydie Lecarpentier / REA

En savoir plus :

Le sondage Harris Interactive pour Objectif News a été réalisé du 31 janvier au 4 février, date à laquelle Christine de Veyrac a annoncé sa candidature pour les municipales 2014 à Toulouse, sous l'étiquette UDI, avec le soutien du Modem. Quand le sondage a été effectué, il était envisageable qu'une liste Modem présente un candidat. Quand la candidature de Christine de Veyrac a été annoncée, le dernier jour du sondage, il était trop tard pour modifier les potentiels candidats proposés au panel de Toulousains.

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