Européennes, débat électrique entre les principaux candidats pour le Sud-Ouest

La campagne pour les européennes démarre sur les chapeaux de roues dans la circonscription Sud-Ouest. Cinq candidats se sont affrontés lors d'un débat organisé, hier 8 avril, à l'occasion du Sommet Économique Grand Sud. Louis Aliot (FN), Michèle Alliot-Marie (UMP), José Bové (EE-LV), Robert Rochefort (UDI-MoDem) et Virginie Rozière (PRG-PS) étaient interrogés par des étudiants toulousains sur leurs projets européens. Retour sur un débat agité.
Hier a eu lieu le 1er débat entre les principaux candidats aux européennes dans le Sud-Ouest

Voix qui s'élèvent, altercations, échange d'idées, petites phrases improvisées : tous les ingrédients d'un débat animé ont été au rendez-vous, hier, lors du débat entre les candidats aux élections européennes dans le Sud-Ouest. Jusqu'à l'auto-mise en scène de Michèle Alliot-Marie, qui n'a pas hésité à se lever de son siège pour venir faire face aux huit étudiants de grandes écoles toulousaines (Sciences Po, TSE, TBS et l'Insa) chargés d'interroger les candidats.

Plusieurs thèmes ont été abordés : le mécontentement des français à propos de la construction européenne, la politique économique, les enjeux environnementaux, les frontières ou encore l'identité européenne. Le premier constat est le même pour tous les candidats : l'Union Européenne, telle qu'elle est aujourd'hui, ne répond pas aux attentes des Français. Mais si les cinq candidats appellent au pragmatisme, leurs projets prennent des directions différentes.

Faut-il abandonner l'euro ?
Fidèle aux idées du Front National, Louis Aliot prône une sortie concertée de l'euro. "On nous avait promis une Europe de la croissance et de l'emploi, et c'est l'inverse, assène-t-il. La zone euro est la moins compétitive du monde." Et lorsque José Bové (EE-LV) lui rétorque qu'un "retour au franc n'est pas viable au regard du besoin de compétitivité des entreprises françaises", le candidat frontiste s'emporte : "Monsieur Bové réagit comme s'il était un grand prêtre de l'euro !". La tension est palpable entre les deux hommes. "Ceux qui veulent sortir de l'euro sont restés tranquillement assis sur leur fauteuil ces dernières années, siffle José Bové. Ce n'est pas en faisant du blabla qu'on va s'en sortir, c'est en agissant." Aucun candidat présent sur scène ne rejoindra l'avis de Louis Aliot. Michèle Alliot-Marie (UMP) prédit, elle, que "sans l'euro, c'est le dollar qui va tout dicter". Pour l'ancienne ministre, le problème vient de la Banque centrale européenne, dont les règles sont selon elle "trop rigides".

Comment rendre l'Europe efficace ?
Robert Rochefort (UDI-MoDem) s'est dit favorable à "un président de l'Union Européenne élu au suffrage universel". Son adversaire Michèle Alliot-Marie le rejoint dans la volonté de responsabiliser les décisionnaires européens auprès des citoyens - "les français s'intéresseront à l'Europe quand ils auront la possibilité d'engueuler leurs élus", estime-t-elle - mais nuance : "Avant de parler de président élu au suffrage universel, on pourrait revenir sur le mode de désignation des députés européens".

Quant à la candidate PS-PRG Virginie Rozière, figure nouvelle en politique, sa réponse aux problèmes européens passe par l'alternance et le renforcement du pouvoir du Parlement européen. Elle met en cause "les politiques d'austérité menées depuis 10 ans par une droite libérale et conservatrice". Sa solution : "une Europe de gauche, plus démocratique. Si la majorité ne change pas, rien ne changera." Réponse immédiate de Robert Rochefort : "Il ne faut pas pousser, toutes les décisions ont été approuvées par Pierre Moscovici. C'est un peu facile de se plaindre." Le candidat centriste aimerait faire disparaître la règle de l'unanimité qui, selon lui, bloque beaucoup de décisions au niveau européen.

Enfin, José Bové, interrogé sur la question du lobbying, s'est exprimé avec virulence : "Il faut veiller à ce que tous les lobbys soient inscrits au registre européen et à ce que tous les parlementaires déclarent leurs contacts avec les lobbys." L'homme, qui vient de publier l'ouvrage "Hold-up à Bruxelles", en a fait l'un de ses chevaux de bataille.

Faut-il poursuivre l'élargissement de l'Union Européenne ?
La question fragile de l'intégration de nouveaux pays a entraîné de vives réactions. Le candidat Robert Rochefort souhaite "une phase d'approfondissement plutôt qu'un élargissement. Il faut approfondir nos convergences en mettant en place un gouvernement économique de la zone euro." Virginie Rozière insiste quant à elle sur l'importance des "critères économiques mais aussi des valeurs. Nous devons nous montrer intransigeants, mais garder une main tendue." La porte n'est pas aussi ouverte du côté de Louis Aliot : "On imagine mal élargir encore plus. La question de l'intégration de la Turquie finira par se poser et nous sommes contre. Les droits de l'Homme ne sont pas à géométrie variable", conclue-t-il. Sur ce point, Michèle Alliot-Marie acquiesce : "Je n'ai rien à faire avec Erdogan, en dehors du fait que ce soit un affreux macho !".

Louis Aliot, Robert Rochefort et José Bové se sont déclarés opposés au traité transatlantique de libre-échange, porté par François Hollande et Barack Obama : "On ne peut accepter des normes qui vont contre nos modes de vie !", s'exclame José Bové, qui souhaite voir le projet "capoter".

Quels projets communs ?
Tous les candidats se sont dits conscients de la nécessité d'encourager les projets coopératifs entre pays européens, à l'instar de la réussite d'Airbus. Pour y parvenir, José Bové estime qu'il est impératif d'avoir un budget européen conséquent. "Il faut des recettes européennes pour financer un plan de relance. Qu'est ce qu'on attend pour mettre en place la taxe sur les transactions financières et la taxe carbone aux frontières ?", s'emporte le candidat écologiste. Robert Rochefort, député européen sortant, ainsi que Michèle Alliot-Marie, souhaitent tous deux "une harmonisation fiscale et sociale". Le candidat UDI-MoDem attend "pour commencer un impôt sur les sociétés", ce que sa concurrente UMP juge "impossible dans l'immédiat". Virginie Rozière plaide pour sa part en faveur de la mise en place d'un Smic européen.

Tous les candidats semblent d'accord sur la nécessité d'un projet énergétique commun entre pays européens, même si Robert Rochefort le juge "difficile à mettre en place" compte-tenu des désaccords, notamment entre la France et l'Allemagne. Concernant le nucléaire, les avis divergent. Seul José Bové en souhaite l'abandon définitif : "Développons la technologie du démantèlement des centrales nucléaires et on sera les champions", annonce-t-il.

Le jour-même où ces cinq candidats débattaient à l'invitation d'Objectif News, Jean-Luc Mélenchon annonçait sa candidature dans le Sud-Ouest pour le Front de gauche. Les autres têtes de liste déclarées sont Éric Mahuet (Parti pirate), Pascal Lesellier (Debout la France, ni système, ni extrêmes), Joseph Boussion (Nouvelle donne), Sami Ghazouane (Démocratie réelle), Philippe Marty (Nous citoyens), Monique Juy (Europe Démocratie Espéranto), Marie-Jeanne Husset (Europe citoyenne), Régis Chamagne (Union populaire républicaine), Jean-Claude Martinez (Force Vie), Fairouz Hondema-Mokrane (Parti fédéraliste européen), Frédéric Klimine (Citoyens du vote blanc), Renaud Camus (Parti de l'In-nocence), Jean Tellechea (Parti Nationaliste Basque), Anne Nègre (Féministes pour une Europe solidaire). La campagne ne fait que débuter.

Adrien Serrière

©photo Fred Lancelot

Plus d'infos sur les élections européennes dans le Sud-Ouest :

Le vote aura lieu le 25 mai

La circonscription Sud-ouest comprend les régions Midi-Pyrénées, Aquitaine et Languedoc-Roussillon.

Dans cette circonscription, 10 sièges de députés européens sont à pourvoir. Ils seront répartis proportionnellement, entre les listes ayant obtenu au moins 5 % des suffrages

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