Toulouse 3 ans après l'élection de Pierre Cohen, quel bilan pour la majorité et l'opposition ?

Pierre Cohen, maire de Toulouse, faisait le 31 mars le bilan de ses trois premières années de mandat. Économie, recherche, logement, transport... l'élu socialiste s'est montré relativement satisfait des actions menées et des moyens mis en œuvre. Dans l'opposition, on s'élève contre le manque d'ambition de la municipalité.

Pierre Cohen s'était entouré ce jeudi 31 mars des présidents de tous les groupes politiques formant sa majorité, Claude Touchefeu pour le Parti socialiste, Thierry Cotelle pour le Mouvement républicain et citoyen (MRC), Martine Croquette pour le Parti communiste, Régis Godec pour Europe Écologie les Verts (EELV), Maryse Jardin Ladam pour le Parti radical de gauche et de Gisèle Verniol, première adjointe au maire, pour présenter à la presse son bilan de mi-mandat.Il s'est estimé satisfait de ces trois premières années, tant en matière d'économie que de recherche, de logement, de transport, d'éducation, de culture ou encore de développement durable. Le maire de Toulouse s'est notamment félicité du doublement du budget pour le Grand Projet de Ville (GPV), de la baisse de 25 % du prix de l'eau après négociations avec Véolia, de l'arrivée du tramway ou encore de la création de l'Office de la tranquillité.

Sur le sujet polémique de la vidéosurveillance, Pierre Cohen est resté prudent en annonçant la mise en place dès le conseil municipal du 1er avril, d'une commission des libertés publiques qui instruira les dossiers. « La tranquillité se détériore à Toulouse car la violence est de plus en plus prégnante dans notre société. Les caméras peuvent être une solution, mais ce n'est pas la seule » a-t-il relevé.

« L'avenir se fera sur la connaissance et la culture » a également souligné Pierre Cohen qui regrette de ne pas avoir « trouvé de foncier pour développer la culture en arrivant à la mairie ». Le maire de Toulouse s'est félicité dans ce cadre de l'avancement de deux dossiers, celui de la prison Saint-Michel sur lequel les discussions ont repris, et celui de l'axe Garonne à La Grave.

"Du retard à rattraper"

Cette conférence de presse de mi-mandat a également été l'occasion pour Pierre Cohen d'annoncer l'extension des VélôToulouse toute la nuit, l'étude de la mise en place de caméras de surveillance rue Pargaminières et la prochaine signature d'une convention avec le CHU pour la création d'un pôle santé, logement et culture sur le quartier de La Grave.

« Je garde un regard lucide, nous n'avons pas rattrapé tous les retards. Mais nous sommes confiants dans notre capacité à être au rendez-vous de nos engagements électoraux » a par ailleurs précisé le maire de la Ville rose. Interrogé sur son plus grand échec durant ces 3 ans, Pierre Cohen a reconnu son « insatisfaction de ne pas aller assez vite sur certains grands dossiers ». « Nous avons fait le choix de dialoguer, de donner du sens à nos actions, cela prend du temps » a-t-il expliqué.

Interrogé enfin sur sa potentielle candidature à sa propre succession en 2014, Pierre Cohen n'a pas souhaité répondre, arguant que la décision ne serait pas prise avant 2013.

Divergences et ambitions

Pierre Cohen a également fait le bilan politique de son mandat et de ses relations avec les membres de sa majorité, toutes sensibilités comprises. Il a admis certaines divergences, entre autre avec les élus du Parti communiste et des Verts, notamment sur les questions de transport, d'investissement et de gestion de l'eau. Chez Europe Écologie les Verts notamment, on regrette ainsi certains choix d'investissement, en particulier le déménagement du Parc des expositions ou la potentielle rénovation du Stadium. « Il y a d'autres priorités, nous expliquait Régis Godec en marge de la conférence de presse. C'est sur la politique transport que nos vues divergent le plus, ajoute l'élu Vert. Depuis que Stéphane Coppey a été démis brutalement de ses fonctions de Tisséo et que le Plan de déplacement urbain est passé de 1,4 Md€ à 0,9 Md€, nous constatons une baisse de l'ambition de la municipalité sur la politique transport qui nous inquiète. » Le maire de Toulouse a toutefois affirmé que ces divergences étaient « assumées » et qu'elles faisaient partie de la vie d'une majorité « contrairement à ce qu'il se passe actuellement au sein de l'UMP ».

Un point de vue partagé par Thierry Cotelle qui a profité de cette conférence de presse pour affirmer que contrairement à la précédente municipalité, ces divergences n'étaient pas cachées et que la parole était bien plus libre. « Il est important de ne pas confondre dogmatisme et conviction. Avant d'avoir un avis, j'écoute » a conclu Pierre Cohen sur cette question.

L'avis de l'opposition

Depuis deux semaines Jean-Luc Moudenc, ancien maire de Toulouse et président du groupe d'opposition Toulouse pour tous, multiplie les réunions publiques pour présenter son analyse des trois premières années de mandat de Pierre Cohen. « La municipalité a ouvert des chantiers et des champs de réflexions nouveaux, c'est un fait, reconnaît-il. Mais nous lui reprochons d'avoir du mal à concrétiser. Il n'y a plus de grands projets. Les seuls qui avancent sont ceux que nous avons initié tels que le Cancéropole ou le déménagement du Parc des Expositions, beaucoup d'autres sont retardés ». Les membres du groupe Toulouse pour tous, qui ont rassemblé leurs griefs envers la municipalité dans un document de 14 pages titré "2008 2011 : Toulouse s'endort", regrettent également « l'absence de la mairie sur les questions de sécurité et de propreté » et « la détérioration de la situation qui en découle ». À la question de savoir s'il se présenterait ou non lors des municipales de 2014, Jean-Luc Moudenc a confirmé « qu'il serait dans le combat municipal en 2014 » mais n'a pas voulu s'avancer sur la « place » qu'il y aura. « Elle se déterminera de manière collective » a-t-il précisé.

Le groupe d'Opposition Toulouse métropole mené par René Bouscatel a quant à lui présenté son bilan de mi-mandat dès le 14 mars. Un bilan sans concession : « Entre rendez-vous manqués faute d'un portage politique efficace ou d'une vision pertinente des priorités (reconversion de la Prison St-Michel en instance, échec du projet « Toulouse, capitale européenne de la culture 2013 », refus du prolongement de la ligne B du métro jusqu'à Labège, choix d'un tracé contestable pour la future ligne G du tramway...), années blanches pour des projets qui ont pris des retards considérables (travaux de la rue d'Alsace-Lorraine, aménagement des ZAC Niel et Cartoucherie, Aerospace Campus, déménagement du Parc Expo...) et points noirs qui perdurent ou s'aggravent (sécurité, propreté...), les 36 mois écoulés n'ont pas permis à Toulouse de donner le meilleur d'elle-même. « Le bilan réalisé me conforte dans l'idée qu'il y a beaucoup de choses à venir mais que pour l'instant les résultats sont loin d'être visibles » regrette René Bouscatel.

Marie Grivot

En photo : Pierre Cohen, entouré des présidents de tous les groupes politiques formant sa majorité, présentait jeudi 31 mars son bilan de mi mandat (© Rémi Benoit)

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