À Toulouse, cette startup recycle les coquillages

Pour la première fois en Occitanie, une startup se lance dans le recyclage de coquillages. La jeune pousse toulousaine Providentiel Coquillages utilise coquilles d’huîtres et de palourdes comme alimentation avicole, matériau pour le paillage des jardins ou encore pour la cosmétique.
La startup Providentiel Coquillages a recyclé 1000 tonnes de coquilles en un an d'exercice

Rien ne se perd, tout se recycle. Et quoi de mieux pour le prouver qu'une startup toulousaine spécialisée dans le recyclage des coquillages ? Huîtres, palourdes, Saint-Jacques... Presque toute coquille est bonne à prendre pour la jeune pousse Providentiel Coquillages basée à Ramonville-Saint-Agne. Fondée en août 2016 par trois associés avec un capital de départ de 100 000 euros, la société accompagnée jusqu'en juin par l'incubateur Catalis vise une commercialisation de ses coquilles broyées pour octobre 2017:

"Ces déchets sont une grande richesse, appuie Daniel Moukoko, co-fondateur de la startup. En effet, les coquillages possèdent des propriétés méconnues aux multiples applications. Pour l'instant, nous avons choisi de nous concentrer sur l'alimentation avicole, la fertilisation des sols et le paillage des jardins".

À ce jour, seules deux entreprises se sont lancées dans le business du déchet coquillage en France, Ovive en Poitou-Charentes et l'usine de Kervelerin en Bretagne.

Soulager les ostréiculteurs

Grâce à un partenariat avec le syndicat mixte des ostréiculteurs du bassin de Thau, la société toulousaine Coved qui s'occupe de la collecte des déchets conchylicoles des producteurs méditerranéens, fournit une partie de sa récolte à Providentiel Coquillages (1000 tonnes cette année). Un partenariat qui bénéficie autant à Providentiel Coquillages qu'aux ostréiculteurs.

En effet, sur 100 huîtres cultivées, 80 sont impropres à la consommation à cause de leur forme ou de leur calibre. Ainsi, chaque année, les ostréiculteurs d'Occitanie ont à se débarrasser de près de 12 tonnes de déchets conchylicoles, habituellement détruits, enfouis dans des carrières de pierre ou pire, rejetés à la mer, une pratique néfaste pour la qualité des eaux. L'accord avec Providentiel Coquillages permet donc de décharger les ostréiculteurs de cette tâche, et la prochaine étape est de faire la même chose avec les restaurateurs, pour leur permettre de diminuer leur "taxe déchets" (principe du pollueur-payeur).

fondateurs

Daniel Moukoko, fondateur de Providentiel Coquillages (au centre) et ses deux associés Jean Louis Clément (à gauche) et Gaëtan Leguay (à droite). Crédit: Providentiel Coquillages

La startup s'occupe ensuite du traitement des coquillages (broyage) et cherche en permanence de nouvelles manières innovantes d'utiliser la précieuse poudre :

"Les huîtres et palourdes broyées sont les M&M's des poules, image Daniel Moukoko. Les volailles qui ont l'habitude de picorer cailloux et graviers raffolent des coquillages, et les préfèrent même au maïs. Sans compter que le calcium présent dans les coquilles est bon pour leurs œufs ! Une de nos activités concerne donc l'alimentation avicole".

"Les coquillages sont des M&M's pour les poules"

Par ailleurs, la startup souhaite s'imposer dans le domaine agricole, en proposant une alternative à l'épandage de chaux. En effet, la plupart des agriculteurs répandent ce matériau sur leurs terrains pour pallier l'acidification des sols due aux engrais et aux pluies acides induites par la pollution atmosphérique. Mais avec la chaux, l'augmentation du pH se produit de manière rapide et brutale, ce qui, à terme, dégrade la fertilité des sols:

"Nous voulons proposer aux agriculteurs de remplacer la chaux par de la poudre de coquillages, explique Daniel Moukoko. Les huîtres et palourdes broyées ont le même effet sur le sol que la chaux, mais d'une manière naturelle, plus lente, qui conserve les nutriments de la terre. J'aimerais notamment démocratiser ce procédé auprès des cultivateurs bio".

En outre, Providentiel Coquillages travaille avec le laboratoire toulousain de chimie agro-industrielle Catar sur les prometteuses propriétés de la nacre.

Un désherbant naturel

D'autre part, la startup souhaite aussi conquérir les particuliers. La cible ? Les jardiniers amateurs pour le paillage du sol. Pailler consiste à recouvrir le sol d'un couche de paille, fougère ou encore écorces de pin, pour conserver l'humidité de la terre et empêcher les mauvaises herbes de pousser. Les coquilles d'huîtres peuvent aisément être utilisées de cette manière comme désherbant naturel.

Enfin, la jeune pousse est en phase de travail préparatoire pour se lancer dans la commercialisation de cosmétiques à base de coquillages, en s'appuyant notamment sur les propriétés de la nacre.

Aujourd'hui, les trois associés de Providentiel Coquillages sont à la recherche d'une levée de fonds et d'investisseurs.

"Dans l'idéal, 280 000 € nous permettraient d'entamer sereinement la phase de commercialisation et surtout de communiquer un maximum sur notre produit, avance Daniel Moukoko. Nous voulons être présents partout : dans les coopératives pour les agriculteurs, à Truffaut pour les jardiniers... Nous sommes notamment en discussion avec le distributeur Agronutrition, spécialiste des compléments alimentaires, pour une distribution à l'échelle nationale".

Lire aussi : Recyclons les coquillages!

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