Les caméras de Waves'n See scrutent l'érosion des plages

À Toulouse, deux experts en océanographie ont eu l'idée d'utiliser des caméras de surveillance pour évaluer les mouvements de sable sur les zones littorales. Cet outil de suivi pourrait être utilisé par les élus locaux. La startup Waves'n See réfléchit aussi à une déclinaison du concept pour évaluer les bonnes zones de surf.
La coopérative veut surveiller l'érosion du littoral français (ici la plage du Touquet).
La coopérative veut surveiller l'érosion du littoral français (ici la plage du Touquet). (Crédits : <i>Photo DR</i>)

Depuis son écran d'ordinateur, Yves Soufflet a une vue sur l'ensemble de la baie de Biarritz. Le tableau de bord indique également la hauteur des vagues, leur fréquence (une toutes les 12 secondes) et la provenance du vent (Nord-Est). Ceci n'est qu'une simulation mais elle pourrait devenir réalité si la ville adopte le système Waves'n See créé par Yves Soufflet. Après avoir travaillé pendant dix ans en tant qu'océanographe à Southampton, Barcelone et Toulouse au sein du Legos, le chercheur a décidé de créer une société coopérative qui utilise la vidéo pour surveiller le littoral.

Un tableau de bord pour aider les élus à surveiller le littoral

"Le principe est d'installer des caméras sur les plages qui sont filmées en continu. À partir de l'analyse vidéo, nous pouvons fournir en temps réel une information complète de l'évolution du littoral : volumes de sédiments, pente de la plage, volume de sable perdu avec les tempêtes...

On peut aussi déterminer sur une année si une plus forte houle est liée à une perte ou un gain de sable. Ce sont des informations importantes, y compris pour des études d'impact sur l'environnement", explique le fondateur de Waves'n See.

La palette d'informations obtenues vise à aider les élus à la gestion de leur littoral. Actuellement, les collectivités ont peu de visibilité en la matière :

"Sur la plage de Barcarès (Pyrénées-Orientales) 12 millions d'euros ont été investis pour que des chaluts pompent du sable en mer et le remettent sur la plage. Mais les élus ne savent pas s'il faudra recommencer l'opération plutôt dans 10 ou 30 ans", poursuit-il.

Pour obtenir ce genre de données, les collectivités peuvent commander des levées journalières, des études qui coûtent 1 500 euros la journée. Nous proposons de leur livrer en temps réel un suivi continu des plages qui coûterait 5 000 euros l'année plus une installation du matériel pour moins de 10 000 euros", poursuit l'entrepreneur.

Cette méthode de suivi par vidéo du littoral est déjà utilisée depuis une vingtaine d'années aux États-Unis. Une société australienne et un bureau d'études français se sont également positionnés sur ce marché. De son côté, la société toulousaine (fondée en 2015) commence à installer ses premières caméras. Ainsi, début juin, elle s'est rendue au Vietnam à la demande de l'agence nationale de l'eau pour implanter un système de surveillance du delta du Mékong. Dans cette région asiatique, les mangroves y ont quasiment disparu en 20 ans. Les pêcheurs locaux les ont relégué en créant des bassins pour ramasser des crevettes.

waves'n see

Installation de caméras dans le Delta du Mékong (Crédit : Waves'n See).

Une levée de fonds de 30 000 euros bouclée

Waves'n See espère décrocher cette année quelques contrats sur les villes côtières françaises. La startup est notamment en contact en Normandie avec le village d'Etretat, légèrement situé en dessous du niveau de la mer. "Un cordon de galets sur la plage permet d'éviter les submersions des habitations. Les élus se sont aperçus que les submersions étaient plus fréquentes quand il y avait moins de galets sur la plage. Le tableau de bord mis au point par Waves'n See leur permettrait de suivre l'évolution du volume de galets", relève Yves Soufflet.

La jeune société imagine aussi d'autres usages du concept. La surveillance vidéo pourrait servir à repérer les courants de baïnequi causent des noyades chaque année. "Les maîtres nageurs savent les détecter à l'œil nu mais pas le grand public", note Yves Soufflet. L'entrepreneur est également entré en contact avec Viewsurf qui filme les plages de surf pour essayer de trouver un partenariat commercial. "Nous pouvons mesurer la hauteur et les périodes de vagues, les zones de surf... Ces données sont intéressantes pour les surfeurs, reste à trouver un modèle économique pour développer une solution autour de cette idée", ajoute-t-il.

Après un an à l'incubateur Midi-Pyrénées, la startup est hébergée désormais au Lab'Oïkos. Elle a levé 30 000 euros auprès de l'Iés (coopérative régionale de financement solidaire), Midi-Pyrénées Active et la Socoden (société financière nationale). Après avoir réalisé 47 000 euros de chiffre d'affaires pour sa première année d'activité, la Scop vise 110 000 euros pour 2017.

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