Jokosun, la startup toulousaine qui veut vendre des kits solaires en Afrique

Né au Sénégal, Raymond Sarr a fondé la startup toulousaine Jokosun qui commercialise des kits solaires en Afrique pour couvrir les besoins de base des habitants en électricité : éclairage, recharge des téléphones portables. Le jeune entrepreneur veut redonner aux Africains confiance dans le solaire, dans un continent où les kits low cost souvent en panne ont jeté le discrédit sur les énergies renouvelables.
Raymond Sarr a fondé la startup toulousaine Jokosun qui commercialise des kits solaires en Afrique.

Raymond Sarr se souvient très bien des soirées passées à faire ses devoirs, éclairé à la lumière de la bougie : "On tient une heure. Après, c'est très difficile. Aujourd'hui encore, dans les villages africains, on s'éclaire avec des torches à piles et des lampes à pétrole. C'est le cas même dans les grandes villes reliées au réseau national électrique, mais qui connaissent d'importantes coupures électriques."

Né à Dakar au Sénégal, Raymond Sarr y a vécu jusqu'à ses 18 ans avant de rejoindre le Sud-Ouest de la France. Après une classe prépa et un diplôme d'ingénieur hydraulique obtenu à l'Enseeiht de Toulouse, Raymond Sarr a travaillé quelques années pour la société d'ingénierie Sogeti puis s'est réorienté vers le secteur de l'énergie via une formation à l'École des Mines de Paris. Il a également travaillé pour le pétrolier Shell au sein d'une maison expérimentale pour optimiser le chauffage grâce aux énergies renouvelables. L'an dernier, le jeune trentenaire a décidé de créer Jokosun dans le but de commercialiser des kits solaires en Afrique.

"Le kit de base est composé d'un panneau solaire de la taille d'une feuille A4 qui recharge une batterie de 6 à 20 watts crête de puissance. On peut y brancher trois à cinq lampes. La batterie dispose également de sorties USB pour recharger deux téléphones en même temps", décrit Raymond Sarr.

D'ailleurs, en réalisant cet été une étude de marché auprès de 150 familles de villages sénégalais, il s'aperçoit que recharger son mobile figure en tête des priorités des habitants.

"En Afrique, nous n'avons pas eu le fixe, nous avons fait un bond technologique en passant directement au téléphone portable. Aujourd'hui, le mobile est utilisé pour communiquer mais aussi pour accéder à de nombreux services financiers : il est possible de transférer du cash via un service SMS mais aussi de payer sa facture d'électricité, voire de payer ses courses avec son téléphone portable, décrit-il.

Pour les solutions d'éclairage, il est toujours possible d'aller à la boutique acheter une pile. Pour recharger son téléphone, c'est plus compliqué. Il faut parcourir des kilomètres pour trouver un village connecté au réseau électrique où certains habitants vous proposent de recharger votre téléphone mobile pour 15 centimes d'euros pièce, ce qui est énorme sachant que le salaire moyen en Afrique est de 25 euros."

jokosun

Raymond Sarr a vécu jusqu'à ses 18 ans au Sénégal (Crédit: Rémi Benoit).

 Redonner confiance dans le solaire

Au Sénégal, 7 millions d'habitants, soit la moitié de la population, sont privés d'électricité. Ceux qui en sont équipés y consacrent une part importante de leur budget (environ 8 euros par mois) pour un service avec de nombreuses coupures. Du coup, le fondateur de Jokosun a imaginé un système de micropaiement pour donner accès à une large partie de la population aux kits solaires. Le kit de base vaut 200 euros. Mais les familles peuvent payer un abonnement de 5 euros par mois pour avoir accès au service. Quand une famille a fini de rembourser, (au bout de trois ans en théorie, NDLR), elle devient propriétaire de son kit et n'a plus de facture d'électricité pour ses besoins de base. La startup veut proposer également des offres plus complètes avec des panneaux solaires d'une puissance maximale de 200 watts crête, pour les familles souhaitant brancher une TV par exemple.

L'entrepreneur est persuadé du futur succès de ses produits. "Ce modèle marche très bien en Afrique de l'Est avec des sociétés comme M-Kopa ou Solaris. Cette solution permet de répondre à des besoins de base avec des kits facilement transportables", raconte Raymond Sarr. Gros bémol en revanche selon lui, ces kits solaires sont souvent de très mauvaise qualité :

"On commence à retrouver des mini-panneaux solaires jetés par terre car ils fonctionnent seulement pendant trois mois avant de tomber en panne et que les fabricants n'assurent aucun service après-vente sur ces produits. Il y a un manque de confiance dans les produits solaires et un manque de formation initiale pour savoir utiliser le produit."

Pour se démarquer de ses concurrents, Jokosun mise donc sur des produits de qualité supérieure avec un service de maintenance à disposition des clients. Raymond Sarr veut aussi créer un centre d'appels au Sénégal pour gérer les demandes des clients.

Depuis l'été dernier, une vingtaine de familles a expérimenté pendant plusieurs mois les kits de Jokusun. La startup commence tout juste la commercialisation et une quinzaine de kits solaires ont été vendus. Elle vise la vente de 10 000 kits en 2017 et souhaite passer à 100 000 kits en 2018 en étendant la commercialisation aux pays voisins du Sénégal. Pour accélérer le développement de la société, une campagne de crowdfunding est prévue pour lever 20 000 euros afin d'équiper deux villages sénégalais. Une levée de fonds auprès d'investisseurs est programmée à la fin de l'année pour recueillir cette fois entre 200 000 et 300 000 euros. L'équipe de Jokosun est pour l'instant composée de ses trois fondateurs qui aimeraient recruter au moins 5 personnes en 2017. Soutenue par le BGE et l'association Siad (qui soutient la diaspora africaine), la startup est hébergée depuis janvier au sein de l'accélérateur toulousain Momentum.

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