Startups : mieux vaut-il s'implanter en région ou à Paris ?

Les startups doivent-elles privilégier la capitale française et son bouillonnement économique ou s'installer en région pour se développer plus sereinement? Éléments de réponse avec des startups implantées à Toulouse, Montpellier et Bordeaux.
Benoit Panel, Célia Belline, et Pierre Olivier Bessol ont répondu aux questions d'Emmanuelle Durand-Rodriguez lors du Sommet Économique Nouvelle-Aquitaine / Occitanie

Trois startuppers de Montpellier, Bordeaux et Toulouse ont témoigné lors du Sommet économique Occitanie/Nouvelle Aquitaine de La Tribune Toulouse sur le thème de l'ancrage territorial des startups et des écosystèmes :

- Célia Belline, cofondatrice et présidente de Cilcare à Montpellier, laboratoire de R&D spécialisé sur les questions de prévention des maladies chroniques notamment liées à l'audition.

- Pierre-Olivier Bessol, président d'Ubigreen, startup éditrice de logiciels de management énergétique pour les grands comptes et vice-président de l'IoT Valley.

- Benoit Panel, cofondateur et président de la startup Yescapa à Bordeaux, plateforme collaborative destinée à la location de camping car.

Verbatim.

 Paris n'est-il pas le meilleur endroit pour implanter une startup ?

  • Benoit Panel : "Pour une startup, s'implanter en région est bien plus facile qu'à Paris. Il y a moins de concurrence, plus de soutien des collectivités et des institutions, et les startups deviennent plus attractives, surtout dans le Sud de la France. Il ne faut surtout pas culpabiliser de ne pas créer sa startup à Paris."

  • Célia Belline : "Nous sommes implantés à Paris en partenariat avec l'Institut Voir et Entendre, mais Paris est un véritable enfer en termes d'accompagnement institutionnel. Il y a tellement de business autour des startups que nous ne sommes qu'une aiguille dans une botte de foin. Alors qu'à Montpellier, les acteurs de l'accompagnement sont dynamiques. Rester dans sa ville où l'on a ses réseaux et ses repères est important pour créer son entreprise."

 Avantage principal des régions : les RH ?

  • Benoit Panel : "Notre carte de visite n'affiche pas de ville pour ne pas être cloisonnée dans un espace donné, mais pour autant notre ancrage territorial à Bordeaux est crucial pour nous développer. Vous devenez plus attractifs pour vos collaborateurs si vous êtes en région. C'est le cas dans les régions du Sud de la France, qui sont très attractives. Un écosystème se crée et se développe bien plus facilement en région."

  • Célia Belline : "Aux États-Unis, on constate que le turn-over d'une entreprise à une autre est fréquent. Il n'y a pas de fidélité à l'entreprise. En France et en particulier en région, les chercheurs et ingénieurs sont fidélisés par le cadre de vie. C'est un véritable atout pour l'innovation. La possibilité de conserver sur son territoire des collaborateurs est un véritable avantage concurrentiel permis par ce territoire."

Fédérer les startups pour créer des écosystèmes

  • Pierre-Olivier Bessol : "En se rassemblant nous fédérons de nombreuses sociétés, des startups parisiennes qui ont rejoint l'écosystème à Toulouse pour grandir. Avec l'aide du French Tech Ticket nous avons même accueilli des sociétés internationales d'origine allemande, canadienne et slovène, qui viennent à l'IoT Valley.

    Le danger serait de croire que les pôles comme l'IoT Valley sont en concurrence les uns avec les autres. Bordeaux, Toulouse, Montpellier ne sont pas en concurrence. Il faut comprendre qu'ensemble on peut être plus forts que tous nos concurrents européens et internationaux."
  • Benoit Panel : "La région Aquitaine s'est positionnée sur la consommation collaborative, à travers un incubateur qui est l'Auberge Numérique. Cela nous a permis d'avancer avec d'autres startups comme Samboat ou Je Stocke. Il y a une vraie dynamique de groupe et une mutualisation des ressources et des compétences" 

  • Célia Belline : "À Montpellier nous avons un écosystème universitaire très riche, révélateur de la qualité de la recherche en science du vivant. Cet écosystème nous permet de fédérer un grand nombre de startups autour de cette thématique."

 À noter que La Tribune, dans le Startupper (le guide des startups) a recensé 200 startups à Toulouse, 200 à Bordeaux et 150 à Montpellier. Sur la carte des startups, Paris est dominante, regroupant la moitié des startups françaises, mais Toulouse est la 2e ville de France en termes de création de startups et de fonds levés, selon l'observatoire Trendeo. Selon cet observatoire, Montpellier est première du classement si l'on rapporte le volume de startups au bassin d'emploi local.

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