L'expérience utilisateur, la stratégie d'Appstud pour faire de meilleures applis

La startup toulousaine Appstud remplit une mission singulière sur le marché des applications mobiles : elle trouve des solutions pour permettre aux applications d'être mieux utilisées, et donc davantage téléchargées. Sa méthode : l'analyse de "l'expérience utilisateur". Interview de son fondateur Sébastien Séblin.
Sébastien Séblin, fondateur d'Appstud.

Votre startup a pour mission d'aider les développeurs à adapter le plus possible leur application à leur cible. Comment procédez-vous ?

J'ai réalisé qu'en général, quand nous souhaitons tester une application mobile, nous faisons appel aux gens qui nous entourent (amis, collègues, famille,...). Mais à y réfléchir, ces gens-là ne font pas du tout partie de la population cible qui utilisera réellement l'application une fois celle-ci commercialisée. Moi et mon équipe avons donc décidé de réunir sur la plateforme Try My App des utilisateurs volontaires pour tester des applications mobiles (et qui sont payés en retour), et les développeurs qui souhaitent faire tester leur application. Cela permet de s'affranchir des retours biaisés qui pourraient avoir lieu, parce que les gens qui testent le produit sont ceux à qui l'application s'adresse directement.

Mais malgré cela, nous avons constaté de très faibles retours permettant d'améliorer l'application. Nous avons donc déployé une solution qui serait embarquée dans toutes les applications que nous développerons par la suite, et qui permettrait d'analyser l'utilisation de chaque utilisateur sur chacune des interfaces. Cette solution, c'est notre produit Azot : il analyse l'expérience que l'utilisateur va vivre dans l'application.

Qu'est-ce que l'expérience utilisateur ?

L'expérience utilisateur est un domaine très large. Pour résumer, il répond à la question : "comment l'utilisateur réagit-il face aux interfaces d'une application ?". Pour le savoir, nous récupérons ce que nous appelons des cartes de chaleur, qui permettent de savoir à quel endroit de l'interface l'utilisateur a appuyé. Par exemple, lorsque nous arrivons sur l'interface d'une application mobile et que nous faisons les gestes que le créateur avait prévu, il se passe quelque chose, l'application réagit. Mais si nous n'avons pas compris que faire, ou que nous faisons les mauvais gestes, il ne se passera rien. Ainsi, grâce à ces cartes de chaleur, nous mesurons le degré de compréhension de la navigation.

Appstud

Interface d'Azot, le logiciel permettant à Appstud d'analyser le comportement des bêta utilisateurs. ©Appstud

Concrètement, comment cela se traduit-il sur une application ?

Par exemple, nous avons travaillé sur une application pour l'Aéroport Toulouse-Blagnac. Le responsable projet nous avait demandé de créer une application conçue pour les voyageurs fréquents qui pourront utiliser l'application dans l'aéroport. Donc tout a été pensé pour cette cible. En analysant les retours de comportement dans Azot, nous nous sommes rendus compte qu'il y avait certes des voyageurs fréquents qui utilisaient l'application dans l'aéroport, mais qu'il y avait aussi d'autres populations que nous n'avions pas du tout pris en compte : ceux qui préparaient leur vol (qui s'informent du trafic routier jusqu'à l'aéroport, du temps de passage aux portes de sécurité, du prix des parkings,...), et les chauffeurs VTC qui souhaitaient connaître les horaires des vols d'arrivée. Nous avons donc déployé une intelligence artificielle dans le logiciel Azot qui a permis de comprendre comment l'application était utilisée, et d'adapter l'interface de l'application à toutes les populations. Pour résumer, nous sommes capables d'améliorer l'application selon les usages.

Finalement, nos trois missions sont remplies : la première est de tester rapidement une idée. La deuxième est de transmettre cette idée conceptualisée à un panel d'utilisateurs. Enfin, la troisième est d'analyser le comportement de ces utilisateurs pour valider, par des méthodes statistiques que les hypothèses initiales sont bonnes, ou améliorer l'application. Tout cela en gardant à l'idée qu'il faut agir vite, et que ça coûte le moins possible pour pouvoir tester l'idée.

Avez-vous beaucoup de concurrence sur le marché des applications mobiles ?

Oui, la concurrence est très grande : c'est elle qui nous a forcé à avoir une offre très singulière sur le marché. La concurrence vient des agences web qui s'improvisent agences mobiles, des sociétés de service informatique, voire des pays comme l'Inde, la Chine et le Vietnam. C'est pour ça que c'est important pour nous d'amener une valeur disruptive sur le marché. Le positionnement que nous avons, avec la capacité d'analyser les comportements des bêta utilisateurs, c'est une vraie offre différenciante que personne ne propose. On a créé cette société pour les clients qui souhaitent construire une application mobile de qualité, rapidement et à moindre frais, et qui ne sont pas forcément satisfaits des méthodologies des sociétés de service plus classiques, qui sont longues, onéreuses et peu flexibles. Finalement, notre idée en elle-même n'est pas géniale, ce n'est pas une révolution. Je pense que des gens l'ont eu avant, mais il est compliqué pour une société de services de passer du temps dans de la R&D et de mobiliser des ressources pour travailler sur des produits qui ne seront pas rentabilisés à court terme.

Qui sont vos clients ?

À ce jour, nous avons réalisé plus d'une soixantaine d'applications mobiles, certaines pour des grands comptes comme Nespresso, Airbus, et Tizr. Nous essayons également d'accompagner les startups dans leur méthodologie afin de créer un produit qui partirait sur de bonnes bases. Nous accompagnons par exemple Meet Me Out, My Sam et Trip and Drive.

Quelles sont vos ambitions d'évolution à court terme ?

La société a été créée en mars 2014 et nous avons enregistré un chiffre d'affaires de 550 000 euros en 2015. Nous prévoyons 800 000 euros pour 2016, et un million d'euros pour 2017. Notre objectif est de continuer à se développer sans procéder à des levées de fonds. Le développement de la société s'explique surtout par son positionnement (à cheval entre société de consulting et éditeur de logiciel), et le marché qui est en pleine croissance.

Vous exportez-vous à l'international ?

Oui, nous sommes actuellement 20 salariés répartis dans 4 agences dans le monde : en France avec deux agences à Toulouse et Paris, en Angleterre avec une agence à Londres, et enfin une agence à l'Île Maurice. Nous avons pour prochain objectif de rentabiliser l'agence de Londres, pour ensuite créer une quatrième agence aux États-Unis fin 2017. Mais le plus important pour nous est de prouver que, sur un marché européen, qui est déjà en retard par rapport au marché américain, nous sommes capables de générer une valeur d'un million d'euros de chiffre d'affaires.

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