MobilyGreen et Ze-Watt ciblent le marché des bornes de recharge électrique

Alors que les ventes de voitures électriques explosent en France, difficile de trouver un point de recharge sur le territoire. Le gouvernement compte subventionner 12 000 bornes de recharge pour doubler le réseau. Une impulsion dont pourraient bénéficier MobilyGreen et Ze-Watt. Ces deux startups toulousaines se sont spécialisées dans l'installation des bornes de recharge électrique dans les entreprises et les institutions publiques. Un marché émergent mais dynamique.
Un point de recharge de Ze-Watt

Depuis 2015, les voitures électriques ont la cote en France. Pour preuve, les immatriculations de voitures électriques ont bondi de 10 560 à 17 240 entre 2014 et 2015. Cette année, la tendance ne faiblit pas. Déjà 6 000 véhicules électriques ont été immatriculés au 1er trimestre 2016, selon le site automobile-propre.

Difficile pourtant, dans le deuxième pays d'Europe en termes de vente de véhicules électriques, de trouver une borne pour recharger ses batteries. La France compte seulement 10 000 accès publics, dont une cinquantaine autour de Toulouse. Conscient de la lacune, le gouvernement a pour objectif "d'installer 7 millions de points de recharges pour les voitures électriques d'ici 2030". Dans un premier temps, le programme Advenir compte soutenir l'installation de "plus de 12 000 bornes de recharge privées dans les immeubles collectifs, les entreprises, les institutions publiques", à destination des salariés, des habitants ou du public.

Une bonne nouvelle pour les professionnels de l'installation de bornes électriques. "Cela va créer un appel d'air, approuve Éric Colmar, le président de MobilyGreen, basée à Montaigut-sur-Save, près de Toulouse. Le taux d'équipement est faible. Mais cela bouge en ce moment. Le marché se réveille."

Un marché en cours de structuration

Créée début 2014 par Éric et Nathalie Colmar, MobilyGreen est l'une des précurseures en Midi-Pyrénées. "Nous sommes arrivés tôt sur le marché, reconnaît Éric Colmar. Personne n'y connaissait rien. Nous sommes dans une phase de pédagogie pour rassurer nos clients. Les besoins sont très divers. Les premiers devis ont permis aux entreprises de cibler ce qu'elles voulaient. Beaucoup ne s'attendaient pas à ces budgets."

MobilyGreen s'est d'abord positionnée comme installateur et conseiller en fourniture, avant de pivoter vers la prestation de services comme opérateur de mobilité électronique afin de gérer les parcs de bornes. "Les bornes doivent-elles être gratuites ou payantes pour les salariés ? Quelle consommation électrique leur octroyer ? Du conseil à la vente et de l'installation à la supervision, nous proposons maintenant toute la chaîne", explique Éric Colmar qui prévoit de réaliser 30 % de son chiffre d'affaires grâce à la supervision et la maintenance.

Après des débuts moins satisfaisants que prévu, l'entreprise devrait "sortir la tête de l'eau en 2016". "Nous pensions installer une centaine de points de recharge mais nous avons été trop ambitieux et nous en avons installé la moitié, reconnaît l'entrepreneur. Les cycles de vente sont longs. Ce sont des investissements importants pour les entreprises."

L'installation d'une borne coûte en effet entre 400 et 6 000 euros en fonction de ses caractéristiques, de sa marque et de sa puissance. "Il n'y a pas encore de prix de marché, constate Éric Colmar. Il faudra attendre encore deux ou trois ans avant que le marché ne se stabilise."

Alors que les grandes entreprises comme Bouygues Énergies & Services, Spie ou In-GeoMobility ciblent les appels d'offres importants de 500 à 800 bornes, MobilyGreen cible les entreprises, comme Astrium, et les institutions publiques, comme la mairie de Pamiers, par exemple, dont elle gère le réseau de bornes. "Nous n'avons pas encore beaucoup de concurrence sur notre segment, affirme Éric Colmar. Nos principaux concurrents sont nos prestataires électriciens qui installent les bornes. Mais ils ne font pas de conseil. Il y a eu beaucoup de loupés car les bornes installées ne correspondaient pas aux besoins."

Un nouvel arrivant toulousain

Il y a tout juste un an, un nouvel acteur est arrivé sur ce marché en plein essor : Ze-Watt. Lancé en avril 2015 par Éric Gaigneux, ancien directeur général financier dans le BTP, la startup a d'ailleurs reçu le prix Galaxie de l'innovation au service de l'environnement l'an dernier.

"Lors d'un voyage dans la Silicon Valley, j'ai vu que Google, Apple et Cisco avaient mis en place des bornes électriques pour leurs salariés, raconte-t-il. Cela m'a incité à faire la même chose ici, car il n'y avait pas de solution sur le marché français."

Installation des bornes, gestion et maintenance, comme son concurrent MobilyGreen, la jeune startup offre des "solutions clefs en mains pour les entreprises et les institutions publiques" pour mettre en place des bornes électriques pour leurs salariés.

En moyenne, l'entreprise installe trois à cinq bornes disposant de deux points de charges chacun. Parmi ses premiers clients figurent Safran ou encore la pépinière de Toulouse Montaudran.

"Cela se passe mieux que prévu. Nous devrions avoir installer entre 50 et 100 points de recharge fin 2016. Nous ne pensions en faire que 20 ou 30, assure Éric Gaigneux, qui refuse de communiquer son chiffre d'affaires. Notre objectif est d'être bien implanté à Toulouse et de viser d'autres régions dès l'automne."

De la place pour tout le monde

Toutes deux basées à Toulouse, MobilyGreen et Ze-Watt vont-elles se marcher sur les pieds ? "On aurait préféré rester seul ici mais, vu les projections, il y a de la place pour tout le monde", assure Éric Colmar de MobilyGreen. Ce dernier va ouvrir des filiales en Aquitaine, dans le grand ouest, en Île-de-France, à Lyon et dans le sud-est cette année. Il compte installer 200 points de recharges en 2016, réaliser 250 000 euros de chiffre d'affaires et 4 millions d'euros en 2021.

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