Télémédecine : les Toulousains de MHComm en supercroissance

La société toulousaine MHComm fait fureur avec sa plateforme de télémédecine qui permet d'accompagner les patients hospitalisés à domicile. 5 000 "patients connectés" ont déjà été suivis via cet outil. L'entreprise envisage désormais de conquérir le grand public, en France comme à l'étranger.
Olivier Galy et Emmanuel Sicard les deux fondateurs de MHComm.

+ 1 088% de croissance de chiffre d'affaires en l'espace de 4 ans. Ce résultat, qui a permis à MHComm de remporter ce mardi 3 novembre le 1er prix de croissance du cabinet Deloitte permet à lui seul de prendre l'ampleur de la performance réalisée par la jeune société toulousaine MHComm.

Fondée en mai 2010 par cinq ingénieurs de Freescale et un ancien de General Electrics, l'entreprise a mis au point la MHBox 3000, un boîtier électronique pour assurer le suivi à distance des patients hospitalisés à domicile. À l'époque, l'appareil ressemble à une photocopieuse surmontée d'un écran tactile. Équipée d'une webcam et d'un scanner, elle permet déjà au médecin de ville ou à l'infirmière de transférer en temps réel les constantes du patient à l'hôpital. Dès le début de l'aventure, le dispositif est expérimenté au sein de la clinique Pasteur à Toulouse, à Santé Relais Domicile (qui gère l'hospitalisation à domicile du CHU de Toulouse) et dans le plus gros établissement français d'hospitalisation à domicile, Santé Service Puteaux.

Fin 2013, le boîtier disparaît au profit d'une plateforme en ligne accessible depuis n'importe quel support : ordinateur, tablette, smartphone, etc.

"Le médecin de ville ou l'infirmière se connecte à la plateforme avec un mot de passe ou directement en insérant sa carte de professionnel de santé dans la tablette", explique Olivier Galy, directeur général de MHComm.

Sur l'écran, plusieurs icônes apparaissent : circuit du médicament, photos, numérisation et historique, dossier de soins, signes vitaux...

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                       Aperçu du menu du dossier de soins (Crédit : Florine Galéron).

"Le professionnel remplit les constantes du patient : température, tension, échelle de la douleur... Via un tensiomètre ou thermomètre connecté, il est également possible de transférer en Bluetooth ces informations sur la plateforme. Il peut aussi assurer le suivi de la prise de médicament ("j'ai donné 1 gramme de Dafalgan vendredi matin"), prendre en photo une plaie et y ajouter des annotations ou encore éditer une ordonnance.

Les données enregistrées sont envoyées en temps réel à l'établissement hospitalier et le personnel médical dispose de l'historique des données sur plusieurs jours. L'ensemble des informations sont cryptées, pour se conformer à la réglementation de la Haute autorité de santé", poursuit Olivier Galy.

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                            Le médecin peut prendre des photos et les annoter (Crédit : DR).

Le marché exponentiel du "patient connecté"

Fin 2014, 5 000 patients hospitalisés à domicile avaient déjà eu accès à la plateforme mise au point par MHComm. Son usage s'est généralisé au sein la Clinique Pasteur et du réseau Santé Relais service à Toulouse. Et d'autres villes ont suivi : Bayonne, Strasbourg, etc. MHComm aimerait par ailleurs travailler avec les agences régionales de santé (ARS) pour établir des plateformes de suivi des patients.

"Le déploiement est exponentiel sachant que le marché mondial de la e-santé croît de 50 % par an et qu'il devrait représenter 4 milliards d'euros en 2020 pour la France seulement, estime Olivier Galy. Nous tablons sur 10 000 patients connectés d'ici la fin de l'année et 20 000 à l'horizon 2020".

Des contacts ont même été noués à l'étranger : "Nous avons réalisé une présentation à distance de la plateforme. Des établissements sont très intéressés en Allemagne, en Espagne, en Angletterre, au Canada, ou encore en Australie, un pays confronté à un phénomène de désertification médicale. Le système de soin français est très reconnu à l'international et les établissements avec lesquels sont travaillons déjà sont des gages de sérieux", complète Emmanuel Sicard, le PDG de MHComm.

La société veut désormais étendre l'usage de son outil au suivi des patients à l'issue de leur hospitalisation et s'adresser plus généralement à l'ensemble du marché grand public.

"La télémédecine peut s'appliquer par exemple aux millions de personnes diabétiques, avance Emmanuel Sicard. Via la plateforme, le patient pourra accéder à son carnet de soin depuis un ordinateur ou un smartphone. L'application pourra lui envoyer un SMS pour lui rappeler son RDV bimestriel à l'hôpital avec un spécialiste. L'usage est également social puisque le dossier sera accessible par sa famille pour qu'elle se tienne informée de l'état de santé du patient".

Implantée à la pépinière de Basso Cambo à Toulouse, MHComm a recruté 3 personnes cette année et compte aujourd'hui 16 salariés. Pour l'instant, MHComm n'a fait appel à aucune levée de fonds puisque elle est parvenue jusqu'ici à s'autofinancer. Elle a néanmoins reçu environ 500 000 euros de la région Midi-Pyrénées via une avance remboursable et une subvention. Après avoir réalisé 1,1 million d'euros de chiffre d'affaires, elle table sur 1,5 million d'euros pour fin 2015. Les établissements hospitaliers paient quelques euros par jour pour chaque compte utilisateur sur le service, une somme qui devrait tomber à quelques dizaines de centimes d'euros pour conquérir le marché grand public.

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