On connaissait déjà des sociétés de drones pour survoler les voies ferrées (Delair-Tech), détecter la maturité des récoltes dans les vignes (Sybirdsview) ou encore à destination des professionnels de l'image (Fovéa). À Toulouse, la jeune pousse Donéclé a mis au point cette fois un logiciel relié à des drones pour inspecter les avions et repérer les impacts de foudre. L'outil est destiné aux compagnies aériennes qui doivent réaliser ces expertises après chaque traversée de foudre en complément des contrôles réguliers de l'avion :
"Les drones sont équipés d'une caméra intelligente à laquelle nous avons intégré des algorithmes pour détecter les impacts de foudre. Depuis le logiciel installé sur sa tablette, l'utilisateur a juste à cliquer sur l'un des trois drones pour le faire démarrer. Les drones survolent l'avion et envoient automatiquement un rapport à la personne chargée de l'inspection. Les caractéristiques de chaque impact sont détaillées : taille, localisation, et évaluer si ces dommages sont acceptables sans réparation", explique Yann Buner, le cofondateur de Donéclé.
Capture d'écran de la vidéo de simulation du logiciel en cas d'impact.
7h30 de gain en vol pour les compagnies
Le dirigeant s'est également appuyé sur ses 13 années passées au sein du bureau d'études d'Airbus : "Je faisais notamment les tests statiques sur les avions et je me suis aperçu que les rapports d'inspection étaient souvent incomplets : il manquait une photo, une information, ou l'écriture manuscrite était illisible. À cause de ces problèmes de communication, le processus pouvait être considérablement ralenti".
Selon les calculs de Donéclé, l'inspection à l'aide des drones ne devrait durer que 30 minutes par avion permettant aux compagnies de réaliser des gains de temps considérables. "Pour une compagnie, 7h30 cela représente l'équivalent de deux A/R entre Paris et Toulouse", avance Josselin Bequet, le chargé de développement économique de la startup.
Yann Bruner complète :
"Aujourd'hui, ce type d'inspection mobilise une vingtaine de personnes pendant 8 à 10 heures. Or l'immobilisation d'un avion coûte 10 000 $ de l'heure. En plus, la recherche de ces impacts constitue une faible valeur ajoutée pour l'entreprise de maintenance puisque ce travail d'opérateur nécessite peu de qualifications. Avec notre dispositif, il n'y a besoin que d'une seule personne pour inspecter le rapport des drones et l'opération peut se faire à distance d'un autre pays. L'inspecteur peut aussi suivre en temps réel l'opération et demander au drone de revenir en arrière pour regarder de plus près un impact", avance Yann Bruner.
Les marchés américain et malaisien plus concernés
Intégrée à l'Incubateur Midi-Pyrénées depuis le printemps dernier, la startup toulousaine table sur une commercialisation de son produit d'ici début 2016. Le marché est très vaste puisque la flotte mondiale compte à l'heure actuelle 27 000 avions. En quête de clients, la société a réalisé une première sortie au salon du Bourget en juin dernier. Des tests sont déjà prévus d'ici la fin de l'année aux États-Unis et en Asie du Sud-Est.
"Les Américains et les Asiatiques sont particulièrement friands de ce type d'innovation alors que les Français sont plus frileux. Ils préfèrent que d'autres pays se risquent à les tester avant de les adopter", remarquent les deux cofondateurs.
Autre constat, la France est beaucoup moins touchée par ce phénomène de foudre. "En moyenne, un avion a un impact de foudre une fois par an. Dans certaines zones comme la Floride ou la Malaisie, c'est plutôt 2 à 3 cas dans l'année pour chaque engin", poursuivent les entrepreneurs.
Un phénomène météorologique qui pose des problèmes logistiques :
"En Malaisie, les aéroports sont parfois saturés car l'avion frappé par la foudre doit être immobilisé pendant plusieurs heures le temps de l'inspection au nom du principe de précaution même si dans 90 à 95% des cas, l'impact est mineur et l'avion peut voler avec. Il faut aussi trouver des hôtels pour loger les passagers le temps qu'il puisse redécoller".
La startup, qui compte pour le moment 4 personnes, table sur un chiffre d'affaires de 300 000 euros en 2016. Donéclé aimerait aussi à terme intégrer le Bizlab d'Airbus.
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