Airseas met au point une aile qui fait économiser 20% de carburant aux navires

Un ingénieur toulousain d'Airbus a inventé une aile automatisée pour tracter les navires. Économe en énergie, la technologie déployée par Airseas sera commercialisée d'ici deux ans sur les bateaux transportant les pièces d'avions mais pourrait intéresser une grande partie du marché du fret maritime.
Airseas a mis au point Seawing, une aile automatisée capable de tracter les bateaux.
Airseas a mis au point Seawing, une aile automatisée capable de tracter les bateaux. (Crédits : Airseas)

Vincent Bernatets est ingénieur à Airbus mais avant tout "un voileux". Ce passionné de sports de voile a décidé de transposer des techniques de commandes de vol utilisées en aéronautique à la navigation maritime. Il a mis au point Seawing, une aile automatisée capable de tracter les bateaux.

"La capitaine du navire a juste à appuyer sur un bouton on/off et l'aile disposée à l'avant du bateau se déploie. L'aile réalise ensuite des mouvements en 8 qui permettent de multiplier par 5 la puissance du bateau. Le capitaine peut donc réduire la vitesse du moteur, décrit Vincent Bernatets qui a fondé sur ce concept à l'automne 2016 la startup Airseas.

Nous avons aussi équipé l'aile de capteurs et grâce à des données météo, le capitaine reçoit sur son tableau de bord des indications actualisées en temps réel sur la route idéale à prendre et à quel moment il est plus judicieux de déployer l'aile"

 "Le carburant représente la moitié des coûts d'opération du bateau"

Tracter le bateau permet au navire de réaliser d'importantes économies d'énergies :

"En moyenne, il consomme 20% de fioul en moins. Il faut savoir que le carburant représente la moitié des coûts d'opération du bateau, soit 5 à 10 millions d'euros de dépenses par navire sur une année !"

Sans compter l'impact écologique nécessaire à la combustion du fioul. "L'organisme maritime international veut désormais taxer les émissions émises par les bateaux", glisse le fondateur d'Airseas.

La jeune société a commencé à tester au mois de septembre un prototype d'aile sur les navires transportant des pièces d'A380 entre Bordeaux et Bristol. Airseas table sur une mise en service de son aile fin 2019 sur les bateaux d'Airbus.

"Toutes les usines d'Airbus sont déjà reliées par bateau, notre aile pourrait à terme être utilisée depuis Saint-Nazaire, Bristol, Brême ou Hambourg", imagine Vincent Bernatets.

Dans un deuxième temps, d'ici 2020, il aimerait la commercialiser sur des portes-conteneurs ou des cargos, chargés du fret maritime. "Deux des cinq plus gros armateurs au monde se sont engagés à utiliser notre technologie", ajoute-t-il. Le marché est énorme puisqu'on dénombre dans le monde 28 000 navires de fret de plus de 100 mètres de long.

Hébergée au sein du fablab d'Airbus, Airseas bénéficie d'une aide de 7,2 millions d'euros de l'Ademe (agence de l'environnement et de la maîtrise d'énergie), soit près de la moitié du budget nécessaire au lancement du produit. La jeune société travaille aussi avec le bureau d'études LMG implanté à Toulouse et l'École nationale supérieure maritime (ENSM) de Nantes.

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