Intelligence artificielle : les compétences toulousaines attirent une entreprise de Californie

Une innovation technologique s'inspirant de l'intelligence humaine a été développée par des chercheurs du Centre de Recherche Cerveau & Cognition à Toulouse. Cette techno a été transférée à la société californienne BrainChip, qui travaille déjà avec la police de Toulouse.

La technologie s'appelle Jast, comme Jake, Amir, Simon & Ti : ces développeurs ont créé, après 30 ans de recherche, une nouvelle intelligence artificielle (IA) qui s'inspire de l'intelligence humaine. Issus du Centre de Recherche Cerveau & Cognition (CerCo - CNRS / Université Toulouse III - Paul Sabatier), ces chercheurs ont vendu à la société américaine BrainChip, via Toulouse Tech Transfer, une licence d'exploitation qui va permettre à l'entreprise d'optimiser l'analyse en temps réel de flux vidéo, notamment pour des marchés tels que la surveillance civile.

Le principe de Jast : une technologie capable d'identifier des événements se répétant au sein d'une masse de données, sans aucun apprentissage préalable. Une sorte de réseau de neurones numériques capables d'apprendre comme un cerveau humain. "Grâce aux idées développées par notre équipe, nous pourrions prochainement viser le développement de systèmes capables de simuler des millions, voir des milliards de neurones... ", imagine le scientifique à l'origine de l'innovation, Simon Thorpe.

Lire aussi : comment l'intelligence artificielle va changer la vie et pourquoi il faut s'y préparer

Ce n'est pas la première fois que BrainChip met les pieds à Toulouse : il y a un an, cette entreprise a racheté SpikeNet Technology, société créée par le même Simon Thorpe en 1998. En avril dernier, BrainChip a également annoncé la signature d'un accord avec la branche toulousaine de la Police nationale française. Cette dernière va évaluer la technologie SNAPvision de BrainChip, qui permet aux agents des forces de l'ordre de parcourir rapidement des téraoctets de séquences vidéo enregistrées pour rechercher des caractéristiques d'identification telles que les visages, les morphologies et les vêtements.

Une IA "toulousaine" inspirée de la biologie

Tout a commencé en 1988 lorsque Simon Thorpe, directeur de recherche au CNRS, débute ses travaux de recherche sur les réseaux de neurones numériques. Convaincu qu'une implémentation hardware des neurones est possible, il fabrique en 1994, avec l'aide d'un étudiant, une puce comprenant 256 neurones qui n'est jamais sortie du laboratoire. "J'avais du mal à convaincre les ingénieurs que la biologie pouvait être une source d'inspiration. Je me suis dit que j'allais le faire moi-même !" se souvient le scientifique.

Les choses se sont accélérées en 1998 grâce aux thèses de Rufin VanRullen et Arnaud Delorme, aujourd'hui tous deux directeurs de recherche au CNRS au CerCo. "Leurs travaux m'ont fait comprendre le potentiel commercial des réseaux de neurones numériques. Grâce à la loi sur l'innovation et la recherche, nous étions parmi les premiers à investir le marché en créant la société SpikeNet Technology". Quand BrainChip a racheté la société l'année dernière, elle comptait une dizaine de collaborateurs.

L'"excellence" française

Pour Pierre Dufresne, le président de Toulouse Tech Transfer, la volonté de BrainChip de se rapprocher de la recherche française est claire :

"BrainChip a racheté Spikenet Technoloy en 2016 avec la volonté d'investir en France et de se rapprocher du Cerco, un laboratoire public d'excellence où Simon Thorpe n'a jamais cessé d'exercer. C'était une première étape, mais aussi la première fois qu'un partenaire américain investissait pour avoir une équipe de R&D localement à Toulouse".

Mais pourquoi BrainChip a-t-elle pris une licence d'exploitation alors qu'elle détenait déjà Spikenet Technology ? Pierre Dufresne explique :

"Depuis le rachat de Spikenet par BrainChip, la recherche publique a fait évolué la technologie développée par Simon Thorpe, et la licence achetée récemment permet à BrainChip de bénéficier de technologies mises à jour au sein du Cerco. Le dernier brevet a été déposé en février 2017."

Pierre Dufresne assure qu'en termes financiers, les licences accordées à des sociétés américaines sont les "meilleures".

Lire aussi : Au bout de 5 ans, Toulouse Tech Transfer a-t-elle prouvé son efficacité ?

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