La SNCF et le Cnes s'associent pour développer l'usage du satellite dans le ferroviaire

Depuis deux ans, la SNCF et le Cnes mènent plusieurs actions communes pour développer l'usage du satellite dans le ferroviaire. Une collaboration renforcée par un partenariat signé fin mai par les deux acteurs. À quoi va servir cette association ? Entretien avec Frédéric Adragna, responsable de l'équipe "applications et service aval" au Cnes.
Un train régional à la gare de Toulouse.

Pourquoi nouer un partenariat entre la SNCF et le Cnes ?

Notre coopération a commencé il y a deux ans dans les domaines de la surveillance du réseau ferroviaire, le haut débit dans les trains et leur géolocalisation par satellite. Ces actions ont été menées de façon séparée. Des groupes de travail ont été créés. Il fallait formaliser tout cela, et ce, au moment où nous avons - au Cnes - créé un département consacré à l'innovation, les applications et la science. C'est important pour nous de montrer que nous allons vers l'aval des satellites, c'est-à-dire vers les utilisateurs. Jusqu'à présent, les satellites étaient utilisés par les scientifiques et les militaires. Ils étaient sous-utilisés par les autre secteurs car il y de la méconnaissance.

En quoi consiste cet accord ?

Nous allons partager nos savoirs, nos approches, comprendre nos besoins et nos technologies réciproques. Le Cnes va aider la SNCF a trouver des solutions satellitaires. C'est une action désintéressée de la part du Cnes. Nous n'avons rien à vendre. L'accord prévoit des échanges d'ingénieur, mais ce n'est pas le principal. Il s'agit surtout de groupes de travail.

Pourquoi le Cnes fait-il cela?

Accompagner les utilisateurs d'applications spatiales devient l'un des rôles du Cnes. Les usages satellitaires ne sont pas si simple à imaginer que cela. Il faut les aider à devenir autonome. Il y a une vraie volonté de voir les choses avancer. La feuille de route est précise. Guillaume Pepy et Jean-Yves Le Gall vont se rencontrer une fois par an au sein d'un comité pour faire le point. Nous sommes attendus.

Concrètement, sur quoi vont travailler les groupes de travail ?

Il y a trois thématiques. La plus importante est celle de la géolocalisation des trains sur le réseau. Jusqu'à présent, celui-ci est garni de capteurs qui informent le système quand un train les active en passant. Le train lui-même ne sait pas où il se trouve. Cela nécessite une infrastructure très lourde à mettre en place et à entretenir. Avec le satellite, on peut inverser les choses et faire en sorte que le train communique lui-même sa position au système. Il faut cependant régler des problématiques spécifiques à la SNCF comme la perte de wagons ou leur positionnement par rapport aux quais, aux aiguillages, etc.

Les économies réalisées restent à estimer car elles dépendront de la solution qui sera mise en place, mais elles seront importantes. L'idée est de rendre la SNCF autonome pour qu'elle puisse ensuite exporter ses solutions. Une première démonstration aura lieu en 2017 sur des trains régionaux.

Et les deux autres thèmes ?

La SNCF doit assurer l'entretien des voies pour assurer la sécurité des trains. Elle doit donc déployer un personnel important sur le terrain. Ils ont pensé à utiliser des drones, mais c'est aussi très compliqué du fait de la règlementation. L'imagerie satellitaire de Pléiade et Spot permet d'avoir une précision à 70 cm et en 3D. La solution a été testée et répond très bien aux attentes de la SNCF. Tout le réseau a été scanné et est mis à jour régulièrement. Il faut néanmoins trouver un modèle économique.

La SNCF doit aussi surveiller l'effondrement des voies. Cela se joue à quelques millimètres et nous pouvons voir cela grâce à de l'imagerie radar depuis l'espace. Le secteur pétrolier utilise cette technologie depuis longtemps et CLS, une filiale du Cnes, la maîtrise. Avec le satellite Sentinel 1, ces images - très chères auparavant - sont devenues gratuites. Cela permet de localiser les zones à contrôler.

Enfin, pour l'internet haut débit dans les wagons, les premiers essais n'ont pas été très concluants. La demande est cependant très forte et la Sncf souhaite approfondir le sujet pour trouver une solution. Nous allons relancer les recherches.

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