Spatial : l'Irap, un laboratoire dans les étoiles

Dédié à l'étude de l'astrophysique et de la planétologie, l'Irap est l'un des laboratoires les plus diversifiés d'Europe. C'est depuis ce laboratoire basé à Toulouse qu'est par exemple pilotée la caméra qui équipe le rover Curiosity sur Mars. Petit tour du propriétaire.
Conçue à Toulouse, la SuperCam (ici un modèle de test) équipera le rover de la mission Mars 2020

"Je vais vous donner les dernières nouvelles du cosmos." Philippe Louarn n'est pas - à ce qu'il dit - un habitué des conférences de presse, mais il a l'art d'attraper l'attention de son auditoire.

Chercheur en astrophysique, il dirige depuis cette année l'Institut de recherche en astrophysique et planétologie rattaché au CNRS et à l'université Toulouse III - Paul Sabatier, né en 2011 de la réunion de plusieurs laboratoires. Du cœur des planètes aux confins du cosmos, l'Irap se déploie sur un vaste champ d'étude et emploie près de 300 personnes (chercheurs, ingénieurs, techniciens et doctorants).

"C'est l'un des laboratoires les plus diversifiés d'Europe, s'enorgueillit Philippe Louarn. La fabrication d'instruments constitue une grande part de notre culture. Nos ingénieurs travaillent avec ceux du Cnes, de l'Esa et de la Nasa. J'ai coutume de dire que si nous ratons quelque chose, cela peut se discuter jusqu'au Congrès américain."

Outre les États-Unis, les laboratoires qui composent l'Irap ont, par le passé, souvent collaboré avec l'URSS. Aujourd'hui, les équipes travaillent davantage avec l'Europe et la Chine.

Des œuvres scientifiques qui égalent les pyramides

Spirou, Solar Orbiter, SuperCam et bien d'autres. Doté d'un budget de 25 millions d'euros par an, l'Irap participe à de nombreux projets scientifiques d'envergure.

"La sonde Cassini (arrivée en 2004 près de Saturne, NDLR) représente autant de temps de travail qu'il en a fallu pour construire une grande pyramide d'Égypte, remarque Philippe Louarn. Nous travaillons pour nos enfants ou nos petits enfants. L'autre jour, on m'a demandé de réfléchir à ce que ferait la sonde Juice (Jupiter Icy Moon Explorer, NDLR) autour de la lune Galimède en 2036. Je serai en retraite depuis 10 ans à cette date. Europe, l'autre lune de Jupiter, a un océan salé sous sa couche de glace. Y a-t-il des éléments complexe là-dessous ? J'aimerais le savoir avant de disparaître comme scientifique."

Actuellement, Philippe Louarn travaille sur PAS (proton alpha sensor), un instrument qui sera embarqué sur la sonde Solar Orbiter. "Il va caractériser la matière éjectée par le soleil, explique le scientifique. L'instrument sera chauffé à 500°C quand il sera face au soleil et refroidira à - 100°C quand il s'en éloignera. Toute la contrainte est là." La mission devrait être lancée en 2018 et débutera ses mesures en 2022 autour du soleil.

Irap

Le système de stabilisation d'image de Spirou va être assemblé dans une salle blanche de l'Irap. © Sébastien Chastanet/OMP/IRAP/CNRS Photothèque

Plus proche de nous, le projet Spirou doit doter dès l'automne 2017 le télescope Canada-France-Hawaï d'un nouvel instrument capable de détecter des exoplanètes en orbite dans des systèmes solaires voisins du notre.

"Nous allons observer les naines rouges (étoiles peu massives et de température peu élevée, NDLR) et nous nous attendons à voir 100 super Terre (planète dont la masse est jusqu'à 10 fois supérieure à celle de la Terre, NDLR), explique Jean-François Donati, le responsable scientifique de la mission. Nous allons chercher des exoplanètes habitables (eau liquide en surface, température, pression)."

Une nouvelle caméra sur Mars

Parmi tous ceux de l'Irap, l'instrument le plus connu du grand public est la ChemCam qui équipe le rover américain Curiosity sur Mars. Pilotée depuis Toulouse par le planétologue Sylvestre Maurice, elle analyse la composition chimique des roches du sol martien depuis août 2012.

Baptisé SuperCam, son successeur sera installé sur le prochain rover de la mission "Mars 2020". Après plus de 7 mois de voyage, le rover explorera la surface de Mars pendant deux ans au minimum. Lourde de 10 kg sur une charge utile de 40 kg au total, la SuperCam va étudier la diversité géologique martienne à l'aide de sa caméra laser. "Nous allons chercher des biominéraux, comme le sont les coquilles d'œufs sur Terre par exemple", précise Maurice Sylvestre.

Un premier prototype de la caméra a déjà été envoyé au laboratoire américains de Los Alamos pour y effectuer une batterie de tests.

 Le départ de la mission est officiellement fixé à juillet 2020.

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