Les secrets de fabrication du premier violon imprimé en 3D

Laurent Bernadac est l'heureux créateur du 3Dvarius, le premier violon électrique imprimé en 3D. Ingénieur en génie mécanique et énergétique à l'Insa également diplômé du Conservatoire de Toulouse, ce passionné de musique a mis près de trois ans à concevoir cet appareil. Une campagne de crowdfunding est en cours de préparation pour permettre d'acquérir un exemplaire de l'instrument.
Le 3Dvarius, un instrument sorti tout droit de l'imagination de Laurent Bernadac

Il voulait fabriquer son propre instrument de musique. Son projet aura finalement fait le tour du monde. Du JT de TF1 à une émission de télé au Paraguay, Laurent Bernadac a beaucoup fait parler de lui ces derniers temps. L'origine du succès ? Le 3Dvarius, premier violon électrique réalisé grâce à une imprimante 3D et dont il est le créateur.

Car Laurent Bernadac possède une double casquette atypique. C'est d'abord un passionné de violon, un instrument qu'il pratique depuis l'âge de cinq ans et qui l'a probablement poussé à intégrer la section jazz du Conservatoire de Toulouse, dont il est aujourd'hui diplômé. Mais l'homme est également ingénieur en génie mécanique et énergétique à l'Insa de Toulouse. Pratique lorsque l'on veut créer soit même son propre instrument.

Trois ans de travail

"À la fin de mes études je cherchais un projet qui me permettait de mêler mes deux passions, explique Laurent Bernadac. Je trouvais les violons électriques un peu lourds et leur son trop aigu. Je n'étais pas vraiment à l'aise avec ces modèles, alors j'ai voulu créer le mien."

Laurent Bernadac va alors passer trois ans à concevoir "son" violon. L'ingénieur mélomane fait dans un premier temps l'acquisition d'une bible de lutherie. "Je suis parti d'un modèle de Stradivarius (qui donnera son nom au modèle final), ce sont des violons absolument légendaires, des instruments de grande qualité. J'ai supprimé toutes les parties "inutiles" pour ne garder que l'essentiel. J'ai ensuite rajouté mes petites touches personnelles."

Reste alors à savoir en quelle matière sera composé le violon. Laurent Bernadac essaye d'abord l'aluminium, mais le procédé de fabrication se révèle beaucoup trop coûteux. Au tour du Plexiglas de tenter sa chance, mais une fois assemblé, l'instrument pèse trop lourd : un kilo au lieu des 450 grammes habituels.

L'ingénieur s'intéresse alors à l'impression 3D. "Dans le domaine professionnel, on peut avoir accès à du matériel de très bonne facture", précise-t-il. De plus, construire un appareil sur un seul bloc permettrait de limiter les effets de résonance. Un argument de qualité qui finit de convaincre le violoniste. C'est l'entreprise Polyform, basée à Colommiers, qui est sollicitée pour donner vie à l'instrument. Quant au matériau, ce sera de la résine transparente. Trois jours de fabrication plus tard, le 3Dvarius voit le jour.

"J'ai réussi du premier coup, se réjouit Laurent Bernadac, mais cela a été très stressant. Au moment de tendre les cordes je n'avais pas vraiment idée de ce qui pouvait se passer. Le violon aurait pu se briser sous son propre poids. Mais tout a bien fonctionné, je suis retombé sur les dimensions et les calculs que je voulais."

Pour l'ingénieur, le violon est une réussite.

"Ce modèle a un son beaucoup plus pur qu'un violon électrique classique. Il y a moins de parasites. Les basses sont également de meilleure qualité. En d'autres termes, il y a beaucoup plus de possibilités."

Au total, la conception du 3Dvarius aura coûté à son créateur près de 10 000 euros. Une somme que le violoniste se presse de détailler :

"C'est un chiffre qui représente l'investissement global depuis trois ans. Là dedans, je compte les trois prototypes, les logiciels d'étude que j'ai utilisé pour concevoir l'instrument et le coût de l'impression 3D."

Une première vidéo est alors mise en ligne sur internet au début du mois d'août pour présenter le travail terminé. C'est le début du succès. "À la base, j'ai fait ça pour promouvoir l'instrument. Je ne suis pas du genre à me laisser dépasser par les évènements mais c'est vrai que je ne m'attendais pas à voir une telle résonance !" Si la plupart des commentaires à l'égard du 3Dvarius sont élogieux, certains internautes n'hésitent pas à demander où ils peuvent se procurer un modèle du précieux violon.

Une protection signée Nanolike

Modèle unique, le 3Dvarius a vite fait l'objet d'un dépôt de brevet après sa création. Afin de garantir sa sécurité, Laurent Bernadac a doté l'instrument d'une protection originale. L'entreprise Nanolike, spécialisée dans les nanotechnologies, a fait graver un QR Code invisible sur le violon. "Bien évidemment, je ne vous révèle pas où il se trouve !, sourit l'ingénieur. Ce que je peux vous dire, c'est qu'il est vraiment très petit et qu'il ne peut être activé que sous une certaine longueur d'onde. Ce qui permet de prouver l'authenticité de l'instrument."

Un crowdfunding lancé d'ici à la fin de l'année

Si Laurent Bernadac pensait au début utiliser son violon juste pour son usage personnel, le succès rencontré sur internet a poussé l'ingénieur a voir les choses différemment. Le 3Dvarius sera commercialisable d'ici à 2016 et c'est par le financement participatif que le violoniste a choisi de passer.

"Je suis en train de le mettre en place avec une amie. Nous allons faire en sorte de lancer la campagne avant la fin de l'année. La société 3Dvarius a été créée, il ne manque plus qu'à lancer la campagne de financement sur Kickstarter. Pour 5 ou 10 euros par exemple vous pourrez recevoir un CD de morceaux enregistrés avec le violon."

Mais quelle somme les fans du 3Dvarius devront-ils débourser pour espérer acquérir le précieux instrument ? Si plus d'une centaine de précommandes a déjà été enregistrée, Laurent Bernadac ne s'est pour le moment pas encore prononcé sur le prix. À titre d'information, un violon haut de gamme coûte aujourd'hui entre 4 000 et 6 000 euros. Il est donc fort probable que le 3Dvarius se situe dans cette fourchette.

Quant à la production de l'instrument, elle est pour le moment assurée par Polyform.

"Si nous enregistrons un très grand nombre de commandes, nous pouvons envisager l'acquisition d'une imprimante 3D et lancer notre propre production", complète Laurent Bernadac.

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