Le Cnes mène une expérience inédite en Europe sur l'impesanteur

C'est une première dans l'Union européenne. La clinique spatiale de l'Institut français de médecine (Medes) de l'hôpital de Rangueil, à Toulouse, a testé pendant un mois une nouvelle méthode de simulation d'impesanteur : l'immersion sèche. Dirigée par le Cnes, l'expérience devrait permettre d'étudier les effets de la microgravité sur les spationautes plus vite et de manière plus efficace que les méthodes traditionnelles.

La clinique spatiale de l'Institut français de médecine (Medes), installée à l'hôpital de Rangueil à Toulouse, vient de terminer cette semaine une étude pilote sur "l'immersion sèche", une méthode de simulation d'impesanteur utilisée par les Russes depuis 50 ans mais inédite encore au sein de l'Union européenne.

"C'est une technologie compliquée à mettre en place, et la collaboration entre l'agence spatiale fédérale russe et l'agence européenne (Esa) est assez récente. C'est pourquoi nous utilisons pour la première fois cette méthode seulement maintenant", indique Marie-Pierre Bareille, responsable de l'étude à la clinique spatiale de l'Institut français de médecine.

Le principe est - a priori - assez simple : protégés par une bâche imperméable, les participants sont plongés dans de grandes bassines remplies d'eau à 33 degrés. Pendant trois jours, leurs corps sont plongés en situation d'impesanteur. Aux chercheurs ensuite de collecter des données et de les étudier.

"Cela peut nous permettre de mieux comprendre ce qui se passe au niveau physiologique lorsqu'un spationaute est dans l'espace, en situation d'impesanteur", résume Arnaud Beck, coordinateur de l'étude au sein du Medes.

Plus rapide et plus efficace que les autres méthodes

Principal avantage de cette solution financée et dirigée par le Cnes : la rapidité et l'intensité des effets. Avant "l'immersion sèche", les chercheurs français avaient recours à la méthode dite du "Bedrest", un alitement prolongé des sujets la tête incliné à six degrés. Des expériences très longues, allant jusqu'à 90 jours alors que les participants de l'étude en immersion sèche ne sont restés que trois jours dans leur bac rempli d'eau.

"Nous sommes surpris de l'efficacité de la méthode et des effets observés. Même si c'est à mettre au conditionnel pour l'instant puisque les données n'ont pas encore été analysées", souligne la responsable de l'étude. "Les Russes disent que trois jours en 'immersion sèche' correspondent à trois semaines en 'Bedrest'", renchérit Arnaud Beck.

Comprendre, agir

Par cette nouvelle méthode, les chercheurs tentent ainsi de mieux comprendre les changements physiologiques qui ont lieu en situation d'impesanteur, sur les plans neurosensoriel ou cardio-vasculaire par exemple. Ils pourront ainsi prendre les contre-mesures adéquates.

"Selon les symptômes et les effets observés, on va pouvoir dire aux astronautes : 'Vous avez besoin de tel complément alimentaire, de faire tant d'heures de vélo etc.'", synthétise Arnaud Beck.

S'il ne faut pas tirer de conclusion pour l'instant - les données sont encore à l'étude -, le modèle semble donc prometteur. Cerise sur le gâteau, l'immersion sèche pourrait trouver des applications dans d'autres domaines, médical par exemple. "On s'est rendu compte que l'inactivité physique prolongée provoquait une résistance à l'insuline et qu'elle pouvait peut-être jouer un rôle dans le déclenchement de certaines maladies, comme le diabète", assure Marie-Pierre Bareille.

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