Avion plus électrique : l’IRT Saint-Exupéry lance son plus gros projet depuis sa création

Ariel Sirat, directeur général de l’IRT Saint Exupéry signera le 29 juin le projet Highvolt avec les donneurs d’ordre des filières aéronautique et transport. Il détaille pour La Tribune les enjeux du plus important projet mené par l’IRT depuis sa création.
Le directeur général de l'IRT Saint Exupéry détaille les enjeux du projet Highvolt

Vous lancez cette semaine le projet d'avion plus électrique "Highvolt", que vous qualifiez du "plus important projet de l'IRT à ce jour". Quels sont les enjeux ?

Nous menons des travaux préparatoires sur ce sujet, qui constitue l'un de nos trois axes de recherche (avec les matériaux, et les systèmes embarqués) depuis déjà trois ans. Ceci nous a permis de faire les premiers transferts de technologie sur différentes problématiques. Pour mettre au point des aéronefs plus électriques ou hybrides à propulsion électrique, il faut en effet résoudre des problèmes techniques de décharge partielle, de courts-circuits à l'intérieur d'un moteur électrique, avoir une meilleure compréhension des arcs électriques, ou des problèmes liés à l'isolation des câbles. Il faut finalement passer à des tensions électriques plus élevées, sans remettre en question le fonctionnement de l'avion et à terme permettre sa certification. C'est l'objectif de ce projet doté d'un budget de 10,6 millions d'euros sur 4 ans. À terme, l'objectif est de livrer des démonstrateurs pour montrer à nos partenaires industriels que la technologie fonctionne. Le coup d'envoi officiel du projet sera donné jeudi 29 juin avec la signature de Highvolt entre tous les partenaires. Une vingtaine de personnes sont déjà mobilisées au sein de l'IRT.

 Qui sont vos partenaires industriels sur ce projet ?

Il y a d'une part les industriels de l'aéronautique et de la filière du transport terrestre : Airbus, Safran, Zodiac Aerospace, Liebherr, Latelec, IVA ESSE, Radiall, Alsthom et Nidec Leroy-Somer. D'autre part deux laboratoires de recherche toulousains :  le laboratoire Laplace (laboratoire plasma et conversion d'énergie) et le LSEE (laboratoire systèmes électrotechniques et environnement) spécialisé en génie électrique.

Les industriels ont des attentes élevées, en effet le contexte s'est accéléré ces dernières années. Dans l'aéronautique, les donneurs d'ordres passent désormais des commandes d'avions électriques auprès de leurs sous-traitants et Airbus a annoncé un vol de démonstration d'un avion régional doté de deux moteurs électriques sur quatre, dans trois ans.

Lire aussi : Le nouveau site de Safran à Blagnac prépare l'avion plus électrique

L'IRT vient d'obtenir un financement de l'État de 55 millions d'euros (qui donneront lieu à autant de financements privés) pour engager une 2e tranche de travaux de recherches. Quel est le bilan de vos trois premières années d'activités et les perspectives ?

Nous menons à ce jour 29 programmes de recherche pour un montant de 100 millions d'euros environ, ce qui correspond à la première tranche de projet, signée en septembre 2013 et pour laquelle nous avions bénéficié d'une aide de l'État de 58 millions d'euros. Nous comptabilisons à ce jour 62 publications scientifiques et 6 brevets, c'est l'illustration des premiers transferts de technologie. Au regard de ces premiers résultats, l'État vient en effet de valider une deuxième tranche de financement pour un montant de 55 millions d'euros. Pour l'avenir, nous avons déjà des engagements d'industriels et de collectivités, notamment 5 millions d'euros de la part de la région Occitanie pour la fabrication additive. Ces premiers engagements devraient nous permettre d'engager 100 millions d'euros de nouveaux projets d'ici deux ans. C'est aussi grâce à cette nouvelle aide de l'État que le projet Highvolt se concrétise en ce moment.

Parmi vos partenaires, vous citez surtout des grands groupes, les PME ne sont-elles pas un peu les "oubliées" du mode de fonctionnement de l'IRT ?

Il est vrai que dès le début de l'IRT, nous avons noué très naturellement des partenariats avec des grands comptes, et petit à petit nous avons fait un effort pour adapter le dispositif aux PME qui ont des attentes assez différentes. Elles manquent de temps, nous faisons donc en sorte de leur proposer des procédures plus simples et compréhensibles, plus souples aussi sur les conditions d'apports. En effet pour les partenaires, les conditions d'apport peuvent prendre la forme de mise à disposition de personnes, de matériel / logiciel, ou de cash. Or, pour les PME, les mises à disposition de personnes sont compliquées. Aujourd'hui nous comptons 51 PME parmi nos 81 partenaires industriels, ce qui correspond à 15 % des apports industriels. C'est loin d'être négligeable.

Nous comptons aussi à ce jour deux startups partenaires, SimSoft3D qui met au point des logiciels pour le knowledge management, et aPSI 3D, spécialisée dans le développement de modules de puissance.

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