Vous venez de coordonner la rédaction d'un ouvrage collectif intitulé La banque, reflet d'un monde en train de naître. Qu'est-ce qui vous a motivé à monter un tel projet ?
Nous organisons chaque année un débat avec des dirigeants du monde bancaire. Cette année, le thème était la "banque de demain". Pour alimenter les débats, nous publions un dossier d'étude que nous distribuons aux participants. Devait-on réaliser une énième étude sur la banque de demain ? Nous avons choisi une autre option.

En donnant la parole à des "non banquiers"...
Tout à fait ! Nous avons trouvé intéressant que ce soit des non banquiers, justement, qui livrent leurs visions de ce que pourrait être la banque de demain. Cela offre une véritable ouverture et des perspectives intéressantes. Les contributeurs viennent d'univers très différents. Certains sont assez proches du monde bancaire, mais d'autres en sont plus éloignés. Nous avons ainsi collecté des visions d'économistes, d'élus, de responsables associatifs, de scientifiques, de journalistes et même d'un chef d'orchestre ! Le spectre est très large (liste des contributeurs ici).

Et qu'en ressort-il ? À quoi pourrait bien ressembler la banque de demain ?
Difficile de donner une seule et unique réponse à cette question. Car le monde bancaire évolue dans un environnement très contraignant d'un point de vue législatif et réglementaire. Il est donc fortement dépendant. Par ailleurs, la banque est le reflet d'un monde en train de naître, qui est de plus en plus marqué par les NBIC. Des questions se posent sur l'allongement de la durée de la vie et également sur la relation à l'emploi... La clientèle est en train de changer. La banque anticipe-t-elle vraiment cette évolution ?

Le numérique peut-il faire basculer le puissant système bancaire ? En "uberisant" les systèmes en place, la FinTech va-t-elle faire disparaître les banquiers ?
Le mouvement est en marche. C'est déjà le cas aux États-Unis et la tendance émerge actuellement en France. Est-ce que les FinTech vont remplacer les banques ? Difficile à prévoir. En tout cas, elles peuvent les désintermédier. Certaines sociétés, comme Payname, proposent des services bancaires. Mais les FinTech ont pour le moment toujours besoin des banques pour exister. La question est : que souhaite faire le régulateur au niveau mondial et européen ? Veut-il renouveler le marché ? Veut-il accroître la concurrence pour baisser les prix ? Va-t-il ouvrir le champ à une autre forme de concurrence ?

Comment les banques peuvent-elles s'adapter à cette nouvelle donne ?
Elles peuvent difficilement changer de business model et ont finalement peu de marge de manœuvre d'un point de vue de l'innovation. Alors elles commencent plutôt à privilégier les stratégies d'alliance avec les FinTech. Mais une autre question se pose. Quel va être le positionnement des Gafa sur ces marchés ? Si Google se met à proposer des financements, cela peut changer beaucoup de choses. Une partie du métier peut être captée par ces opérateurs.

Quelles seront les conséquences de cette révolution pour les usagers ? Dans un univers relationnel désincarné, comment appréhender la question de la confiance ?
Deux visions, deux modèles s'opposent, sur ce sujet. Certains pensent que demain, le contact entre le client et sa banque pourrait se faire uniquement par le biais de robots. D'autres pensent au contraire que nous aurons toujours besoin de contact humain et que c'est ce qui fera la différence. L'avenir nous le dira.

Pour écouter et échanger avec Pierre Blanc, rendez-vous à Biznext le 16 décembre. Les inscriptions se font ici.

Découvrez également une présentation de cette soirée et les nominés de la remise de prix ici.