Christian Desmoulins : "En 2030, la voiture sera électrique ou hybride"

Ancien directeur général du groupe Actia, Christian Desmoulins a livré à l'occasion d'une conférence à Toulouse sa vision du véhicule de demain. S'il ne croit pas vraiment à l'hydrogène et à la pile à combustible, l'expert est en revanche beaucoup plus optimiste pour le véhicule électrique et hybride.
Christian Desmoulins était invité du Sommet économique Occitanie / Nouvelle-Aquitaine organisé par la Tribune Toulouse fin mars

"Un véhicule propre, sûr, autonome et communicant, c'est le carré magique que cherchent à atteindre aujourd'hui les constructeurs", explique Christian Desmoulins. Le président du club d'affaires le Cercle d'Oc et ancien directeur général du groupe de systèmes électroniques Actia a présenté à l'occasion d'une conférence organisée le 16 mai au Quai des Savoirs à Toulouse les technologies automobiles les plus prometteuses à ses yeux.

L'hydrogène, "scientifiquement parfait mais techniquement complexe"

Station d'hydrogène  (Crédits : Seiya Consulting).

Première piste évoquée : l'hydrogène. La Région Occitanie fait figure de pionnière en la matière puisque c'est dans l'Aveyron que la société Braley a installé en février 2016 la première station française de production et de distribution d'hydrogène par électrolyse de l'eau. Par ailleurs dans le Tarn, le syndicat de valorisation des déchets Trifyl a inauguré il y a environ un an la première station française de distribution d'hydrogène vert issu du biogaz des déchets. Elle permet à deux véhicules de La Poste de rouler à l'hydrogène.

Lire aussi : La mobilité propre pour valoriser la filière hydrogène en Occitanie

Pour Christian Desmoulins, "l'hydrogène est scientifiquement parfait, il ne produit pas de gaz carbonique. En revanche, techniquement, c'est d'une grande complexité. Le stockage de l'hydrogène pose problème. Il ne peut pas être stocké ni transiter dans des contenants métalliques car, en cas d'explosion, le bruit sera trop fort. Ensuite, l'une des manières de fabriquer l'hydrogène est à partir de l'électricité, par électrolyse de l'eau. On utilise donc de l'électricité avant de produire l'hydrogène." Pour que l'hydrogène soit une source énergie totalement propre, il faudrait par conséquent que l'électricité utilisée proviennent d'énergies renouvelables.

"La pile à combustible coûte très cher"

toyota pile à combustible

La Mirai, ou "futur" en japonais, est la première berline de Toyota qui roule avec une motorisation à pile à combustible. (Crédits : Toyota DR)

Les constructeurs automobiles se penchent sérieusement sur la fabrication de voitures dotées d'une pile à combustible, qui ont l'avantage de ne rejeter que de la vapeur d'eau dans l'atmosphère. Toyota a commencé à commercialiser fin 2015 la première berline au monde dotée d'une pile à combustible (vendue environ 60 000 euros).

"Les piles à combustible sont utilisées depuis 50 ans dans le secteur spatial. Cela semble une solution simple à mettre en œuvre mais le problème est qu'une pile coûte cher, en particulier le catalyseur", estime Christian Desmoulins. Selon L'Automobile magazine, "le coût total de production du système de propulsion de la Toyota Mirai dépasse les 40 000 euros, à comparer aux 6 000 euros d'un système de puissance équivalente sur une voiture hybride". Difficile dans ces conditions pour les constructeurs d'être rentables sur ce type de voiture.

"Un marché possible pour la voiture électrique à condition de ruptures"

voiture électrique

La voiture électrique (Crédits : Kasto - fotolia.com).

Pour Christian Desmoulins, "en 2030, la voiture sera électrique ou hybride (équipé d'un réservoir essence ou diesel ainsi que d'un système de recharge électrique). Il existe un marché pour le véhicule électrique à condition que des ruptures s'opèrent".

Premier frein : le coût des batteries. "En 2010, une batterie revenait à 1 000 dollars le kWh, soit 50 000 euros de batterie pour une voiture avec une autonomie de 200 km", se souvient l'ancien directeur général d'Actia. Bien que ce prix ait chuté depuis, les batteries monopolisent une grande partie du budget de la voiture. Chez Tesla, le constructeur de voitures électriques dirigé par l'entrepreneur Elon Musk, la batterie au lithium représente par exemple un tiers du prix d'un véhicule. "Elon Musk a ouvert en juillet dernier en partenariat avec Panasonic une usine géante dans le Nevada avec l'objectif de produire 500 000 batteries en 2018, soit autant que l'ensemble de la production mondiale, fait remarquer Christian Desmoulins. Cette production a grande échelle doit permettre d'atteindre en 2020 un coût de 250 dollars le kWh, soit une batterie à 12 500 euros." Tesla pourrait alors vendre ses voitures 35 000 dollars pièce (au lieu de 70 000 dollars actuellement). "Avec une aide publique, ce type de voiture deviendrait plus accessible. Le marché de la voiture électrique deviendrait rentable", estime-t-il.

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