Val Tolosa : les opposants attendent une réponse ferme du Département

Le collectif "Non à Val Tolosa" a entamé la semaine dernière un blocage permanent du chantier de centre commercial prévu à Plaisance-du-Touch. Les opposants prévoient un grand rassemblement le 26 septembre prochain et demandent à Georges Méric, le président socialiste du Conseil départemental de Haute-Garonne, de clarifier sa position concernant les voies d'accès au site. Le point sur un dossier qui n'est pas sans rappeler l'affaire du barrage de Sivens.
Blocage du chantier ce mercredi 16 septembre.

Tous les matins vers 6h, ils sont une trentaine à se poster devant le chantier de la future -voie d'accès nécessaire à la réalisation du projet de centre commercial Val Tolosa. Les travaux ont commencé même si la construction n'a toujours pas été autorisée par le Conseil départemental de Haute-Garonne, compétent pour les questions de voirie.

"Nous nous relayons toute la journée pour qu'il y ait toujours une quinzaine de personnes pour bloquer l'accès au site. Certains engins ont réussi à contourner la route en passant par les prés mais le chantier est très ralenti. Les gros camions qui doivent déposer des cailloux ne peuvent pas passer et les petits engins vont bientôt être à court de gasoil", décrit Jutta Dumas, une riveraine qui mène l'opposition à la construction du centre commercial.

Depuis ce mardi 15 septembre, le collectif Non à Val Tolosa a entamé un blocage permanent du chantier. Un grand rassemblement est programmé le 26 septembre pour dénoncer ce projet considéré comme "un grand projet inutile".

63 000 m2 de surface de vente

Implanté sur le plateau de la Ménude à Plaisance-du-Touch, le projet Val Tolosa prévoit 63 250 m2 de surface de vente, un hypermarché, 150 boutiques, un grand magasin de 9 000 m2, soit un investissement de 350 millions d'euros. Les travaux devaient commencer en 2013 pour une ouverture du centre commercial en 2016. Mais dès l'obtention du permis de construire en 2009, le promoteur immobilier, Unibail Rodamco, a été confronté à l'hostilité des riverains.

                            Le futur centre commercial Val Tolosa (Crédits : DR)

Les opposants au projet s'inquiètent d'abord des risques d'embouteillage : "Cette partie de l'agglomération où il y a de nombreuses activités aéronautiques, est déjà saturée aux heures de pointe. L'endroit ne pourra accueillir ni les camions d'approvisionnement, ni un afflux supplémentaires de consommateurs", expliquait déjà au printemps Jutta Dumas.

La future route départementale 924 qui sera construite doit déboucher sur la nationale 124. Selon les opposants, cette déviation pourrait engorger de nouveau la circulation vers le Gers. C'est sur cet aspect environnemental que le collectif a lancé un recours contre le permis de construire du promoteur. Débouté devant le Tribunal administratif de Toulouse, le collectif attend désormais la décision de la Cour d'Appel de Bordeaux.

La position "ambiguë" de Georges Méric

Le promoteur n'a pas attendu le résultat de ce recours pour entamer les travaux en mars dernier, puis après une pause de trois mois, pour les reprendre le 31 août dernier. Après un premier blocage mené par les opposants le 7 septembre, le président du Conseil départemental Georges Méric a demandé à Unibail-Rodamco de suspendre les travaux "pour tempérer la situation". Mais cette intervention est restée sans effet. En charge de la voirie, le CD31 doit en effet trancher sur la construction de la future route départementale. Pour prendre sa décision, le Département a demandé avril dernier un audit financier dont les conclusions seront rendues dans quelques mois. "Il s'agit de mesurer l'impact financier du projet pour la collectivité. D'autre part, une seconde étude va permettre de mesurer la pertinence économique de ce projet imaginé en 2003", précise le Conseil départemental. Les opposants ont été reçus à leur demande la semaine dernière et ce mardi par le cabinet du Président. Le projet est réalisé sur un terrain privé donc pour le moment nous n'avons aucun moyen de faire appliquer la suspension des travaux".

"La position de Georges Méric est ambiguë, estime de son côté Jutta Dumas. Soit il est opposé à ce projet et il fait appliquer la suspension des travaux. Soit il est en faveur de Val Tolosa et il n'a qu'à le dire au lieu de lancer une étude pour permettre au chantier de continuer".

Sollicité par la rédaction, le directeur de Val Tolosa, Christophe Farbos n'a pas répondu à nos demandes d'interview. Interrogé par La Tribune Objectif News en mars dernier, il affirmait : "Les autorisations commerciales ont été données, la procédure juridique actuellement examinée devant la cour d'appel de Bordeaux ne nous empêche pas de lancer les travaux de cette Zac, dont nous sommes aussi aménageurs". Le promoteur a également le moyen légal de mettre le Département devant le fait accompli. En effet, la loi Macron, adoptée le 10 juillet, rend impossible la démolition d'une construction illégale. Malgré le recours, le promoteur peut donc construire son centre commercial, mais sans avoir l'assurance d'y avoir une voie d'accès.

Quel impact sur l'activité économique ?

L'autre point de discorde est l'impact économique du projet. Le promoteur immobilier prévoit la création de 3 000 emplois directs et indirects pendant la phase de construction et 2 000 emplois une fois les portes du centre commercial ouvertes. De plus, Unibail Rodamco a signé en février 2013 avec Pôle Emploi Midi-Pyrénées un partenariat qui vise à favoriser l'embauche des demandeurs d'emploi de la région.

Cette thèse est contestée par Jean-Jacques Bolzan, en charge des politiques commerciales et artisanales à la Mairie de Toulouse et à Toulouse Métropole. "Ce projet n'aboutira qu'à une chose : la déstructuration du commerce de proximité et de l'artisanat, qui sera une nouvelle fois la cible des grands groupes commerciaux", expliquait l'élu en mars dernier. Pour lui, l'agglomération compte suffisamment de centres commerciaux. Entre Blagnac, Portet-sur-Garonne, Roques-sur-Garonne, Labège, "bien réparties sur le territoire, à moins de quinze minutes de voiture pour chaque habitant de l'agglomération."

Un nouveau Sivens?

Va-t-on vers un nouveau Sivens à Plaisance-du-Touch? Non, rétorquent les opposants. "Notre seul point commun est de combattre un grand projet inutile. Ensuite, nous ne sommes pas du tout dans une logique d'occupation du site ou d'actes extrémistes ou violents, nous sommes pacifistes", assure Jutta Dumas.

200 à 300 personnes sont actuellement mobilisées au sein du collectif. Le rassemblement du 26 septembre sera une date test pour mesurer l'ampleur du mouvement. Campagne des régionales oblige, des élus de tous bords devraient se joindre au mouvement. "Nous avons depuis toujours le soutien de Jean-Jacques Bolzan (Les Républicains, NDLR), des écologistes, nous avons aussi des messages d'élus du Parti socialiste et du Front national, poursuit-elle. Nous sommes ravis devant tous ces soutiens, même si nous sommes avant tout un mouvement apolitique".

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