Réfugiés : Habitat Toulouse maintient sa procédure d’expulsion et interpelle l’Etat

Deux familles de réfugiés syriens ont été assignées par Habitat Toulouse pour occupation illégale d’un immeuble voué à démolition aux Izards. La justice vient de leur accorder un sursis jusqu’au 9 octobre prochain, mais le président de l’OPHLM de la Ville de Toulouse maintient sa procédure pour des raisons d'insalubrité et demande à la préfecture d’agir. Le maire de Toulouse, quant à lui, renvoie la balle à l'État concernant l'hébergement d'urgence de ces personnes.
Franck Biasotto assure qu'aucun logement n'est disponible chez Habitat Toulouse

La décision a fait tâche. En pleine crise des migrants et à contre-courant des initiatives de solidarité qui se sont multipliées en France depuis le début du mois à destination des réfugiés syriens, Habitat Toulouse a assigné devant le tribunal d'instance cinq membres de deux familles syriennes qui occupent illégalement depuis le mois de mars un immeuble dans le quartier des Izards.

"Je suis pour l'attribution des logements et, sur le fond, je suis solidaire. Mais si le logement est bien la mission d'un office public de l'habitat, l'hébergement d'urgence est en revanche du ressort de l'État", justifie Franck Biasotto, le président d'Habitat Toulouse et adjoint au maire en charge du Logement.

Pour expliquer sa décision de maintenir sa procédure d'expulsion, il évoque "un immeuble insalubrequi représente "un vrai risque pour les enfants présents sur place". Actuellement, le bailleur a recensé 120 personnes dont 35 enfants. "Mais aucune autre assignation n'a été engagée à ce jour. Je ne couperai pas les fluides sur place et il n'y  aura pas de réquisition de la force publique, parce que ce n'est pas le but", assure-t-il.

Pas de relogement possible chez le bailleur

Quant à la possibilité de reloger ces familles dans le parc d'Habitat Toulouse, Franck Biasotto assure qu'aucun logement n'est disponible, même parmi les logements qui seront bientôt mis en vente. "Si j'avais de la vacance, je pourrais en faire bénéficier ces réfugiés."

L'adjoint renvoie la balle dans le camp de la préfecture : "un tour de table est prévu à la préfecture sur le sujet cette semaine avec le maire Jean-Luc Moudenc."

Pour rappel, fin 2013, la préfecture a recensé 5 667 logements potentiellement vacants en Haute-Garonne dont 4 344 à Toulouse.

Sollicitée sur une réquisition éventuelle de ces logements, elle n'a pas souhaité répondre. Le service communication a simplement précisé par mail que les services de l'État s'étaient rendus aux Izards cet été, à la rencontre des familles syriennes :

"Des propositions de rendez-vous en préfecture ont été faites pour examiner leur situation administrative (...) En tout état de cause, quel que soit le statut de ces personnes, compte tenu de la situation en Syrie, aucun ne sera renvoyé vers ce pays."

Toulouse Métropole s'organise

De leurs côtés, les élus de Toulouse Métropole ont aujourd'hui (jeudi 17 septembre) débattu de la question lors de la conférence communautaire. Un communiqué de presse indique que "dans un souci de cohérence et dans une volonté d'unité, ils ont décidé de parler d'une seule et même voix au niveau de la métropole et d'appréhender ces questions par une démarche collective".

"Cela se traduira par la mise en place d'un groupe de coordination composé d'un représentant élu de chacune des 37 communes de la métropole, ainsi que d'une cellule technique de coordination et de suivi qui va être immédiatement identifiée dans les services de Toulouse Métropole".

Par ailleurs, les maires se sont mis d'accord pour mettre en place dans chacune de leur commune un recueil où seront recensés et identifiés les acteurs associatifs et privés volontaires pour venir en aide aux réfugiés.

Enfin, "les maires ont mandaté le Président de Toulouse Métropole pour obtenir de l'État les précisions indispensables sur le nombre de demandeurs d'asile syriens qui devraient être reçus sur le territoire métropolitain, mais aussi sur les critères qu'il retiendra pour identifier les 'zones tendues'qui seraient en difficulté pour recevoir ces réfugiés."

Jean-Luc Moudenc pas favorable à l'accueil de réfugiés à Toulouse

Concernant un accueil possible de réfugiés à Toulouse, Jean-Luc Moudenc n'est pas partant. Il l'a fermement rappelé hier, mercredi 16 septembre, lors de sa conférence de presse de rentrée.

"Nous sommes prêts à remplir nos responsabilités sociales, c'est-à-dire à scolariser des enfants syriens. Nous en avons d'ailleurs déjà scolarisé une vingtaine la semaine dernière et cela s'est très bien passé. Mais c'est à l'État, en revanche, de remplir ses responsabilités régaliennes et de proposer des solutions de logement. Je ne suis pas en faveur du mélange des compétences. L'État s'octroie lui-même les compétences de l'hébergement d'urgence et du droit d'asile, il doit les assumer."

Le maire de Toulouse estime notamment "qu'avant de prendre en compte des problèmes nouveaux, il faut d'abord régler les problèmes existants comme celui de l'Ile du Ramier qui compte aujourd'hui 153 personnes, essentiellement des Roumains et des Bulgares, et qui est une favela illicite et dangereuse".

Une réflexion qui n'a pas manqué de faire réagir l'opposition municipale via le compte twitter d'EELV Toulouse :

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Commentaire 1
à écrit le 17/09/2015 à 20:03
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Tout est dit: bâtiment à démolir car inhabitable! Qu'ils soient syriens ou pas, ils doivent partir. En plus, leur status ne leur donne pas le droit de faire leur loi! Qu'ils respectent la décision et qu'ils fassent le nécessaire pour être accueillis ...

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