Au Bourget le Gifas lance officiellement le deuxième plan "Performance industrielle"

Ce mardi 20 juin à 11 heures, le Gifas a officiellement lancé au Salon du Bourget la deuxième phase du programme Performance industrielle à destination des PME de l'aéronautique. "À la croisée des chemins", le secteur doit encore se structurer.
Usine de Latécoère, sous-traitant de rang 1 d'Airbus.

Le Salon du Bourget est traditionnellement l'heure des grandes annonces. Ce mardi 20 juin, le Gifas, sur son stand et accompagné de plusieurs présidents de Régions, a lancé la phase 2 du programme "Performances industrielles" porté par le Gifas et mis en œuvre par l'association Space. Pour rappel, entre 2014 et 2016, 401 PME/TPE et 69 donneurs d'ordres ont bénéficié de ce plan triennal d'amélioration de la filière aéronautique (qui a mobilisé 23 millions d'euros d'investissements). L'ambition est d'améliorer les performances de livraison des sous-traitants aéronautiques afin que les donneurs d'ordres soient livrés en temps et en qualité et puissent ainsi assurer leurs montées en cadence. Les résultats sont au rendez-vous puisque le nombre de PME ayant participé au programme et qui présentent un OTD (on time delivery) supérieur ou égal à 95 % a doublé.

Il y a dix jours déjà, en "avant-première",  Carole Delga, présidente de la Région Occitanie et Patrick Pedrafita, directeur du programme A350 XWB chez Airbus et membre du Gifas, ont présenté les grandes lignes de la deuxième phase du programme, à Toulouse.

Lire aussi : Supply chain aéronautique : à quand des livraisons 100 % à l'heure ?

Fort de ces résultats, le nouveau plan "Performance industrielle II" prévoit 17,6 millions d'euros d'investissements supplémentaires au niveau national sur la période 2017-2019 dont 1,7 million d'euros rien que pour l'Occitanie.

"Avec 86 000 emplois et 800 entreprises, nous sommes la première région européenne en matière d'aéronautique. Mais nos sous-traitants restent fragiles : ils doivent faire face à une augmentation de la cadence de production, et aux exigences toujours plus élevées imposées aux donneurs d'ordre par un marché mondialisé et une concurrence étrangère agressive. Nous devons donc donner des outils à nos entreprises pour répondre à ces nouveaux défis", a estimé Carole Delga.

La Région va engager 853 000 euros dans ce programme soit un peu plus de 50 % du budget du plan régional, les fonds restants étant apportés par les industriels (25 %) et le Gifas (25 %). L'objectif est d'accompagner une cinquantaine de PME supplémentaires. "Notre Région sera la première en termes de soutien financier comme d'entreprises accompagnées", a commenté la présidente de Région Au niveau national, 300 PME sont visées dont 150 nouvelles.

Selon Patrick Pedrafita, durant la phase 2 du programme, "quatre axes de travail sont prioritaires : l'amélioration de la supply chain avec des livraisons à l'heure et de qualité, l'amélioration des relations entre donneurs d'ordre et fournisseurs, l'amélioration de la compétitivité des PME et le développement de l'emploi dans la filière".

Une première grappe pilote a été lancée en avril en région Occitanie avec comme donneur d'ordres la société Ratier Figeac.

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Didier Katzenmayer : "On ne peut plus se permettre de défaillance"

"Il faut saluer les améliorations de livraisons dans la supply chain grâce à la première phase du programme 'Performance industrielle'. Nous avons enregistré 40 % de retards en moins et un OTD (on time delivery) en hausse de 50 %", estime Christophe Cador, vice-président du Comité Aéro PME du Gifas et président de Finaero.

Malgré ces progrès, les donneurs d'ordres comme Airbus demandent aux sous-traitants d'améliorer encore davantage la production. "La priorité est bien entendu sur le "on time delivery "(OTD) mais atteindre la livraison 100 % à l'heure ne sert à rien si les pièces présentent de la non-qualité. Avec quatre avions qui sortent de nos usines chaque jour, on ne peut plus se permettre de défaillance", considère Didier Katzenmayer, directeur aux affaires industrielles d'Airbus.

Pour Christophe Cador, "la filière aéronautique française est à la croisée des chemins" :

"Il ne faut pas rater cette période charnière. Les PME ont conscience de cette situation et se remettent en cause pour garder des parts de marché. L'objectif de ce programme est qu'Airbus fabrique le maximum de pièces en France."

Seules 25 % des PME ont plus de 100 salariés

Autre enjeu : la taille des entreprises de la supply chain. Christophe Cador rappelle que "seuls 25% des équipementiers ont plus de 500 salariés et 25 % des PME ont plus de 100 salariés"."La supply chain est fragile et fragmentée, complète Patrick Pedrafita. Il faudrait plus d'ETI (entreprises entre 250 et 4 999 salariés, NDLR). Une entreprise a besoin d'une taille d'effectif de 100-150 salariés pour être suffisamment solide pour investir." Le Gifas, comme la Région, saluent les regroupements récents de PME (entreprises de 10 à 249 salariés) réalisés pour obtenir cette taille critique (par exemple les groupes We Are Aerospace ou Nexteam Group).

Le dernier point de fragilité de la supply chain est sa très grande dépendance aux donneurs d'ordres. "Beaucoup d'entreprises ne font que de l'aéronautique ou la moitié de leur activité repose sur un seul programme d'avion. Il n'y a pas assez de diversification", fait remarquer Christophe Cador.

Lire aussi : L'Insee confirme la forte dépendance des entreprises de la supply chain aéronautique à leur marché

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