Santé : "La reconnaissance réduit le stress au travail", selon Serge Marquis

Serge Marquis, expert en santé mentale, a donné une conférence sur la reconnaissance comme moyen de combattre le stress au travail. Les explications et la fantaisie du médecin québécois ont galvanisé le public de la Fabrique du changement à Toulouse.
Serge Marquis en conférence à Toulouse

"Ce que je vais vous raconter, vous le savez déjà !" Pendant une trentaine de minutes, les anecdotes loufoques de Serge Marquis ont rythmé sa conférence sur le stress au travail. Ce spécialiste en santé communautaire a expliqué en quoi la reconnaissance peut diminuer le mal-vivre en entreprise.

"À mon avis, le degré de reconnaissance le plus élevé que l'on peut accorder à un collègue, c'est notre attention. La reconnaissance doit être authentique et gratuite. Elle n'appartient à personne : elle peut venir du bas vers le haut, ce n'est pas toujours au supérieur de complimenter son subordonné. C'est un cadeau quand nous l'offrons et un piège quand nous l'exigeons", partage Serge Marquis.

Le médecin est convaincu que chaque personne qui travaille tente de "faire de l'ordre avec du désordre" et qu'il faut l'y aider par la reconnaissance. Cette dernière permet d'améliorer l'estime de soi, primordiale en entreprise. La reconnaissance des actes montre l'utilité du travail de quelqu'un, alors que la reconnaissance de la qualité fait ressortir ce que le travailleur fait de bien.

Nos nouvelles façons de travailler influencent notre santé mentale

Selon la médecine du travail en France, le nombre de maladies dues au stress au travail a augmenté de 50 % en 5 ans. Un constat alarmant qui inquiète Serge Marquis.

"Le phénomène d'anxiété au travail va en s'accroissant. On constate que les facteurs de risque liés au rythme de travail et à la compétitivité ont augmentés, alors que le soutien social diminue. Petit à petit, nous perdons vraisemblablement nos repères collectifs comme l'entente entre collègues. De plus, on constate que la charge professionnelle est psychique et plus physique. En moins d'un siècle, les métiers qui nécessitent la tête et non le corps ont augmenté de 7 % à 75 %", explique Serge Marquis.

Pour le spécialiste, les nouvelles technologies "sont utiles dans certaines activités mais provoquent un stress supplémentaire considérable". D'après lui, l'humain perd le sentiment de patience en voulant aller aussi vite que les innovations et les relations entre les humains et les choses priment sur les relations entre les humains. Relégué au second rang, l'être humain semble avoir perdu la place qui lui est due en entreprise.

En revanche, Serge Marquis apprécie l'impact positif lié à la démocratisation des espaces de coworking. Les fablabs, incubateurs et autres pépinières d'entreprises sont, à son avis, "un bon moyen de réapprendre à travailler avec l'autre".

Médecin, écrivain et conférencier : qui est Serge Marquis ?

Serge Marquis

Serge Marquis pendant la conférence (Crédits : Rémi Benoit)

Cela fait maintenant 30 ans que le Dr. Serge Marquis soigne des personnes en situation d'épuisement professionnel et de détresse psychologique. Il doit notamment son savoir à son doctorat en médecine, complété par sa maîtrise en médecine du travail. En 1995, il a lancé son entreprise de consultation appelée Tortue (Organisation pour Réduire les Tensions et l'Usure dans les Entreprises).

"Un jour, un ami m'a dit : 'si tu veux apprendre quelque chose, enseigne-le !' Les personnes qui sont venues me demander de les soigner étaient brûlées, vidées et épuisées. Elles m'ont beaucoup inspiré et m'ont donné envie de partager ce qu'elles m'ont appris, à travers les conférences et l'écriture", raconte Serge Marquis.

Le médecin vient de publier son deuxième livre intitulé Le jour où je me suis aimé pour de vrai, qui raconte l'histoire d'un enfant en quête de sens, qui cherche à comprendre ce qu'est l'égo de l'être humain. L'ouvrage est dans la continuité du premier succès de Serge Marquis On est foutu, on pense trop, qui traitait également la problématique de l'égo avec l'aide de Pensouillard le hamster. L'image d'un rongeur tournant frénétiquement dans sa roue est la représentation que se fait l'auteur d'un esprit qui pense à outrance.

Dans sa vie privée, Serge Marquis tente d'appliquer les conseils qu'il prodigue aux autres. Il avoue avoir un petit Pensouillard "aux cuisses d'acier" qui souvent lui taraude l'esprit. Pour s'apaiser, le spécialiste a besoin de reconnaissance réciproque avec les personnes qui l'entourent. Il explique regarder au moins une fois par jour son épouse "comme si c'était la première fois" pour ne pas subir l'usure du temps. En posant ce regard, il transpose consciemment toute son attention sur elle.

Un retour à l'interconnexion humaine

Connu pour son humanisme et pour l'originalité de son discours, Serge Marquis est très demandé. Cependant, s'il a accepté de poser ses valises dans la Ville rose pour donner une conférence, c'est parce qu'il veut encourager l'action collective de la Fabrique du changement.

"Il y a quelque chose d'extraordinaire dans le nom Fabrique du changement. Personne n'échappe au changement. De plus, je crois beaucoup au bien commun et je suis persuadé que des initiatives comme celle-ci œuvrent vers ce bien commun. Dans notre société, on construit de plus en plus de murs, alors que nous devrions être dans l'interconnexion", confie Serge Marquis

Lire aussi : Première édition de La Fabrique du Changement à Toulouse

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 01/06/2017 à 9:28
Signaler
CQFD Une nouvelle organisation de travail progressiste reposant sur l'absence de hiérarchie au sein de l'entreprise est en plein essor parce qu'on se rend compte que les résultats sont bien meilleurs. Maintenant cela m'étonnerait que ça se gén...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.