Aéronautique : "stopper le système de cooptation qui pénalise les femmes"

L'aéronautique est encore largement dominé par les hommes : sur les 376 sociétés représentées au Gifas, 21 seulement sont dirigées par des femmes. Pour mettre un coup de projecteur sur cette problématique, la Fédération des femmes chefs d'entreprises organise le 22 juin, sur le stand du Gifas au Salon du Bourget, une remise de prix qui distinguera 4 femmes du secteur.
Les FCE-Aero Awards se dérouleront pour la 1re fois au salon du Bourget le 22 juin 2017

"Au Bourget, les cravates auront sûrement l'avantage numérique sur les talons hauts." Nathalie Candalot, présidente de la société Haut-Pyrénéenne Agiliteam, ne prend pas trop de risques avec cette prévision. La cheffe d'entreprise (récompensée aux Trophées de l'Aéronautique La Tribune en 2014) fait en effet partie des rares femmes dirigeantes d'entreprise représentées au Gifas (Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales) : elles sont 21 sur 376. Avec l'appui de la FCE, fédération des femmes chefs d'entreprises, elle coorganise un événement inédit, le 22 juin prochain à 15 heures, lors du Salon du Bourget, les FCE-Aero Awards :

"Nous organisons une remise de prix qui distinguera quatre femmes au parcours remarquable dans l'industrie aéronautique, dans quatre catégories : cheffe d'entreprise, innovation, rayonnement international et transmission d'entreprise. Cet événement est parrainé par Patrick Daher, président du groupe Daher, ce qui est très important pour nous. Il ne s'agit pas d'un événement qui se déroulera 'entre femmes'."

La cérémonie a pour objectif de valoriser la filière, de mettre en lumière des femmes pour 
susciter des vocations et d'encourager les femmes à la reprise d'entreprises dans 
cette filière. "On peut saluer le courage de certaines femmes, à l'image d'Anne-Charlotte Fredenucci (Groupe Deroure) ou Anne-Sophie Catherineau (Catherineau), qui ont repris les entreprises de leur père et grand-père, malgré le poids des traditions. Ce n'est pas facile, assure Nathalie Candalot. Il y a aussi des femmes aux parcours d'élite, qui ont fait de grandes écoles et qui autant de mérite que les hommes."

Le poids du "réseau"

Pour expliquer le peu de femmes à la tête des entreprises de l'aéronautique, Nathalie Candalot avance des retards dans les mentalités ("l'industrie aéronautique, c'est de la science, un domaine encore peu investi par les femmes, même si c'est en train de changer"), mais aussi le poids des réseaux et des pratiques de cooptation :

"Dans l'aéronautique, c'est un peu comme en politique avec la promotion Voltaire de l'Ena : les personnes haut-placées font jouer leur réseau d'anciens, il y a un effet 'tribu'. Via la cooptation, on retrouve les gens d'une même promotion de Centrale ou de Polytechnique aux plus hautes fonctions. Je ne dis pas qu'il ne faut pas faire jouer son réseau, mais cette pratique est pénalisante pour les femmes, qui ne sont pas forcément issues de ces grandes écoles d'ingénieurs françaises. Il faut casser ce système d'entre-soi et aussi ramener davantage de filles dans les écoles d'ingénieurs !"

Actuellement, les jeunes femmes représentent seulement 15 à 20 % des effectifs dans les écoles d'ingénieurs. L'avionneur Airbus compte environ 20 % de femmes dans ses effectifs.

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