Répondant aux questions de la rédaction et des participants de la Matinale La Tribune Toulouse, Didier Suberbielle, dirigeant de Nutrition & Santé depuis 11 ans, a évoqué l'identité et les projets de l'entreprise ainsi que les problématiques des industries agroalimentaires.
L'ère de la transition alimentaire
"Une société se définit avant tout par sa mission. La nôtre est d'assurer la santé du consommateur par l'alimentation. Il ne s'agit pas de ce qu'on a appelé 'les alicaments' dont les consommateurs ne veulent pas mais d'une alimentation qui assure la santé par la naturalité. Pour moi nous sommes entrés dans l'ère de la transition alimentaire comme il y a une transition énergétique. En devenant flexitarien, il faut passer des protéines animales vers les protéines végétales et d'une alimentation mondialisée vers une alimentation locale. Ces deux mutations sont majeures et Nutrition & Santé en sera un des acteurs principaux."
L'alimentation a un prix
"En 25 ans, le poids de l'alimentation dans le panier moyen des Français est passé de 25 à 15%. Aujourd'hui, le consommateur n'est pas prêt à payer l'alimentation à son juste prix. Il faut aussi avoir conscience que si l'on ne paye pas l'alimentation au juste prix, en bout de chaîne, c'est l'agriculteur qui est perdant. Aux États-Unis, l'évolution va plutôt dans le bon sens. L'obésité infantile est en train de diminuer ainsi que la consommation de soda. Je crois qu'un certain nombre de signaux faibles nous indiquent qu'on peut avoir l'espoir qu'une alimentation saine soit considérée comme une priorité."
Fournisseurs VS distributeurs, un rapport de force déséquilibré
"L'industrie agroalimentaire (500 000 emplois en France) est mal en point avec des taux de marge en chute libre en raison des baisses de prix obtenues par la grande distribution depuis 4 ans, sous peine de déréférencement. 50% des agriculteurs gagnent moins de 500 euros par mois. La grande distribution est dans une spirale négative de destruction de valeur. Ça ne peut plus continuer comme cela. Avec les dispositions réglementaires de la loi LME, le rapport de force (4 distributeurs face à 13 000 fournisseurs) est complètement déséquilibré."
Un actionnaire de long terme
"Le changement d'actionnaire en 2009 nous a permis de changer radicalement de stratégie et d'horizon de temps. Sous LBO, il était très difficile de piloter la société à long terme. Désormais, avec Otuska, nous avons toute latitude pour engager des dépenses de R&D (45 personnes actuellement au sein du groupe, NDLR), ainsi que des investissements sur les outils industriels qui ne sont pas rentables à court mais à long terme. Même chose sur la formation pour laquelle nous avons doublé nos budgets. On ne voit plus à six mois, mais à 10 ou même parfois 20 ans. Depuis 11 ans, Otuska n'a pas pris un euro de dividende."
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