Latécoère Services cédé au groupe français ADF, les syndicats "vigilants"

L'équipementier aéronautique Latécoère a annoncé ce jeudi 8 septembre avoir reçu une offre de rachat ferme pour sa branche Latécoère Services de la part du Groupe ADF. Un projet de cession qui rentre dans le cadre d’un plan de restructuration du groupe. Les syndicats, eux, restent prudents.
(Crédits : Rémi Benoit)

C'était une annonce attendue, elle est arrivée. Dans un communiqué de presse publié ce jeudi 8 septembre, le groupe Latécoère a annoncé avoir reçu une offre ferme de rachat pour sa filiale Latécoère Services de la part du Groupe ADF, un groupe de service en ingénierie et maintenance de l'industrie basé à Vitrolles, dans les Bouches-du-Rhône.

"Une offre que le Conseil d'administration du Groupe Latécoère, réuni ce jour, a décidé d'accepter dans son principe", précise le communiqué sans pour autant préciser le montant du rachat de la filiale.

L'identité du repreneur est une surprise pour les syndicats, car selon leurs informations, c'était l'américain Belcan, au détriment de ADF, qui tenait la corde dans cette opération. Le communiqué ajoute que "ce projet de cession reste soumis à un processus d'information et de consultation des instances représentatives du personnel et à l'approbation des autorités de concurrence compétentes. La finalisation de ce projet est attendue au quatrième trimestre 2016 et contribuera à la réduction de la dette financière et au redéploiement du Groupe Latécoère".

Pour rappel, Latécoère Services emploie jusqu'à présent 841 personnes et a réalisé en 2015 un chiffre d'affaires de 101 millions d'euros.

236 suppressions de postes

 Ce projet de cession n'est pas une surprise. Tout d'abord, le groupe veut se repositionner sur son marché, avec comme priorité de renforcer ses positions de leader sur les portes, les meubles avioniques et les harnais électriques. Mais aussi parce qu'elle rentre dans le cadre d'un plan de restructuration du groupe Latécoère, appelé Plan de Transformation 2020. Annoncé et présenté par le directeur général Frédéric Michelland le 6 juin dernier (licencié le 12 juillet dernier à la surprise générale), ce plan de restructuration du groupe prévoit d'autres mesures importantes, notamment la suppression de 236 postes (232 dans la branche aérostructures et 4 dans les systèmes d'interconnexion), ainsi que la fermeture du site de production de Tarbes (34 postes). Les négociations avec les partenaires sociaux pour négocier les conditions de ces suppressions d'emplois viennent juste de se terminer. L'ouverture d'une nouvelle usine à Toulouse est également prévue, accompagnée d'une nouvelle implantation en Bulgarie pour les activités d'assemblages à faible valeur ajoutée.

La crainte du démantèlement

Voulu par les deux fonds de pension américains Apollo Global Management et Monarch Alternative Capital, actionnaires majoritaires du Groupe Latécoère depuis avril 2015, le Plan de Transformation 2020 a un objectif bien précis : bénéficier du prochain cycle de nouveaux programmes chez Airbus et Boeing, attendus entre 2020 et 2025. Cependant, les partenaires sociaux craignent le démantèlement progressif de l'entreprise et ce projet de cession ne les rassurent pas.

"Il faut savoir que Latécoère Services représente 15% du CA du groupe. Au premier abord, cette cession semble de meilleure augure pour l'avenir de la filiale que pour celui du groupe, d'autant plus que le repreneur est français. Mais nous restons prudents, car nous ne connaissons pas encore le projet du repreneur, ni même le calendrier de cette cession. Nous sommes en attente d'informations supplémentaires. Dans tous les cas, cela renforce nos craintes quant à un éventuel démantèlement du groupe", réagit Florent Costes, délégué CGT du groupe Latécoère.

Les représentants syndicats de Latécoère Services de leur côté se montrent effectivement plus rassurés :

"La société française ADF avait été écartée du processus de vente dès le mois de juin ! Il était clair que les dirigeants avaient des préférences pour le repreneur américain et il semblait que tout était joué. Il y a eu donc un changement de décision inattendu et de dernière minute de la part des dirigeants du groupe... Nous sommes bien sûr un peu plus rassurés en ce qui concerne l'emploi et les questions sociales avec un repreneur français. Le projet industriel d'ADF semble très positif avec une intégration de Latécoère Services aux activités du groupe, des perspectives de développement et le maintien de tous les emplois. Mais nous n'avons pas encore toutes les réponses à nos questions et il faut maintenant être vigilant sur les conditions de reprise", précise Alain Ferriol, délégué CGT de Latécoère Services (syndicat minoritaire à 40%).

Contactée, la direction de Latécoère Services n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet.

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