Business : ces entreprises toulousaines qui se développent en Afrique

Avec une croissance annuelle de 5% et une population qui devrait doubler d'ici 2050, l'Afrique est un continent aux perspectives réjouissantes pour les investisseurs. À Toulouse, plusieurs sociétés ont développé avec succès leur business dans les domaine de la santé et des télécoms.
Le dispositif SunWaterLife dans un village de Côte d'Ivoire.

Tridem Pharma fêtera cette année ses 30 années d'implantation en Afrique. Basé à Escalquens, le distributeur de médicaments réalise depuis sa création 98% de son chiffre d'affaires sur ce continent. "Désormais, nous sommes implantés sur l'ensemble des 21 pays francophones de l'Afrique avec 18 bureaux, 530 salariés sur place et 39 personnes à notre siège toulousain", présente Gérard Baylé, PDG de Tridem Pharma.

Une stratégie d'export payante puisque le groupe connaît une forte croissance depuis sa création (+9% rien qu'en 2015) et affiche près de 90 millions d'euros de chiffres d'affaires l'an dernier. Et les perspectives de croissance s'annoncent tout aussi radieuses selon le dirigeant : "Les pays d'Afrique subsaharienne connaissent entre 4 et 6% de croissance annuelle de leur PIB. La population va elle doubler d'ici 35 ans, les besoins sont énormes".

Côte d'Ivoire, Sénégal et Cameroun en tête

À l'instar de Tridem Pharma, plusieurs entreprises toulousaines ont décidé de développer leurs affaires en Afrique. Elles ont tendance à privilégier les pays francophones en fort développement économique. "Le trio de tête est composé de la Côte d'Ivoire du Sénégal et du Cameroun", énumère Christophe Camperi-Ginestet, président de Sunwaterlife, startup toulousaine qui a mis au point un purificateur d'eau portable et alimenté par panneaux solaires. Même constat pour Tridem Pharma qui a installé son siège africain en Côte d'Ivoire et qui relève aussi le développement prometteur du Gabon et du Congo. "Les pays francophones sont plus accessibles en raison de la langue et du système administratif calqué sur le modèle français", complète Gérard Baylé.

Au-delà de cette histoire commune, l'export en Afrique nécessite néanmoins une bonne connaissance du terrain. "En France, il existe la carte Vitale, la Sécu, les mutuelles. En Afrique, tout reste à faire. 80 % des habitants n'ont pas de couverture maladie. Si vous allez à l'hôpital mais que vous n'avez pas d'argent, on ne vous prendra pas en charge", explique Lassina Gbakale, cofondateur de Yenni.

Cette startup lancée en octobre 2015 va commercialiser une carte de santé prépayée de santé ce printemps au Sénégal. Elle permettra à la diaspora africaine de verser de l'argent à sa famille sur la carte, qui sera utilisable pour payer directement le médecin. Lassina Gbakale s'est également associé avec un entrepreneur basé au Sénégal pour développer un réseau de partenaires.

Constituer son réseau est d'ailleurs la clé de la réussite en Afrique pour Christophe Camperi-Ginestet :

"En surface, cela paraît très simple. Vous allez croiser en France des Sénégalais qui vous proposent de vous mettre en relation avec un ministre qu'ils connaissent bien, mais quand on creuse un peu, la réalité est bien différence. De manière générale, il faut se méfier des personnes qui arrivent avec des projets gigantesques avec plusieurs millions d'euros. Ensuite, les gouvernements peuvent se montrer très intéressés mais n'ont pas les moyens financiers pour suivre derrière".

De son côté, le PDG de Tridem Pharma préconise de s'implanter sur plusieurs pays en même temps sur le continent : "Cela permet de faire face aux instabilités locales. Si un pays connaît une crise politique, cela ne met pas en danger votre business car vous êtes implantés sur plusieurs pays".

Télécoms : le déploiement de Sigfox et Planet Network International

Si la santé reste le principal marché à l'export pour les entreprises toulousaines, le secteur des télécoms constitue également une piste de développement importante. En octobre 2015, Sigfox a annoncé le déploiement de son réseau bas-débit pour les objets connectés sur ce continent. "En Afrique et au Moyen-Orient, il y a un très fort besoin de solutions connectées dans les domaines de la sécurité, de la logistique, des smart city et de l'accès prépayé aux énergies", assure alors la startup, basée à Labège.

Pour certaines petites sociétés, se développer en Afrique constitue une alternative face aux coûts d'entrée importants sur le marché des télécoms français.

"En France, il est quasiment impossible pour une petite société de décrocher des contrats sur la surveillance de la qualité des réseaux, sauf à devenir sous-traitant d'un sous-traitant d'un opérateur. Au contraire, en Afrique, tout reste à faire et il n'existe pas de concurrent sur notre offre", explique ainsi Christian Blanchard, PDG de Planet Network International.

Fondée en 2005 et basée à Labège, cette entreprise propose aux agences nationales de régulation des réseaux un outil pour surveiller la qualité des services de télécommunications.

Comme ses collègues de la filière santé, le PDG de Planet Network International insiste sur l'importance de s'appuyer sur de fins connaisseurs du continent. "Notre équipe s'appuie sur des ingénieurs africains, ils sont à la fois très diplômés et avec une bonne connaissance du terrain", poursuit Christian Blanchard. La société (qui a réalisé 1,3 million d'euros de chiffre d'affaires en 2014) a signé des premiers contrats en Côte d'Ivoire et au Congo et poursuit les négociations avec d'autres pays africains.

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