Transport : à Toulouse, les autocaristes profitent de la loi Macron

Depuis la promulgation début août de la loi Macron qui libéralise les lignes de bus, cinq autocaristes ont déjà annoncé à Toulouse des lignes vers les principales métropoles françaises. Un nouveau business qui profite aux entreprises locales comme le Montalbanais Jardel ou l'Aveyronnais Verdié Autocars. Enquête.
Verdié Autocars vient de signer un partenariat avec Ouibus
Verdié Autocars vient de signer un partenariat avec Ouibus (Crédits : DR)

"Toulouse est la destination leader sur l'ensemble de notre offre de bus. 500 billets ont déjà été réservés, soit 10 % des places. C'est très encourageant, sachant que les passagers réservent en moyenne dans les 15 derniers jours et que la ligne n'est pas encore en service", se félicite Roland de Barbentane, le directeur général de Ouibus. Dans le sillage de la loi Macron, qui libéralise depuis le 6 août dernier le marché des bus sur les trajets de plus de 100 km, les lignes poussent comme des champignons dans la Ville rose.

Déjà 5 autocaristes sur les rangs à Toulouse

Avant même la promulgation de la loi, l'Écossais Megabus expérimentait en mars dernier des liaisons Toulouse-Paris au prix d'appel de 1 euro. Selon la compagnie, l'offre a rencontré un beau succès même si l'entreprise ne dévoile aucune donnée chiffrée. Cet été, Isilines, filiale d'Eurolines, a à son tour commercialisé son offre sur le même parcours tandis que, dans le Pays basque, Starshipper a proposé des trajets Toulouse-San Sebastian (près de 7 000 billets déjà vendus). À partir de cette semaine, de nouvelles lignes relieront Toulouse à Marseille ou Nantes grâce au partenariat entre l'Allemand Flixbus et l'autocariste montalbanais Jardel. Enfin, Ouibus, filiale de la SNCF, prévoit le lancement de 85 nouvelles lignes de bus en France d'ici au début 2016. En Midi-Pyrénées, Ouibus a notamment noué un partenariat avec l'autocariste aveyronnais Verdié Autocars :

"À compter du 16 novembre, deux allers/retours seront disponibles chaque jour sur la ligne Bordeaux-Toulouse-Montpellier-Marseille puis, dès le mois de décembre, deux allers/retours Toulouse-Paris avec un trajet de nuit via Brive-la-Gaillarde et un trajet de jour via Limoges", précise le DG de Ouibus Roland de Barbentane.

Les autocaristes en sont persuadés : Toulouse a tous les atouts pour devenir un hub du transport en bus. "90 000 billets ont été vendus sur l'ensemble de la France. Sur la ligne Toulouse-Paris, les bus sont remplis aux deux-tiers. Toulouse est une ville très prometteuse en la matière : le centre-ville dispose d'une véritable gare routière, un atout qu'on ne retrouve pas à Bordeaux ; et puis l'offre de transport est assez limitée", observe Nicolas Boutaud, responsable commercial d'Isilines, pointant notamment les cinq heures et demie de train nécessaires pour rallier Paris, en l'absence du TGV.

"Le covoiturage coûte aussi relativement cher, il faut débourser environ 40 euros pour faire Paris-Toulouse", remarque de son côté le directeur général de Ouibus, alors que les prix d'appels en bus se situent autour de 5 euros.

Autre atout relevé par les autocaristes, la métropole toulousaine totalise 110 000 étudiants, la principale cible (avec les retraités) des trajets en car, sachant qu'il faut 9h à 10h pour faire Toulouse-Paris. Pour finir, Toulouse représente une porte d'entrée vers les pays du Sud comme l'Espagne. Plusieurs compagnies proposent déjà des liaisons Toulouse-Barcelone, mais cette offre pourrait s'étendre à d'autres villes espagnoles, italiennes ou portugaises.

Près de 50 emplois déjà crées en Midi-Pyrénées

Un marché immense s'ouvre donc aux compagnies d'autocars et représente une véritable aubaine pour les entreprises de la région.

"Ce partenariat avec Ouibus est pour nous une activité complémentaire qui représentera à terme 10 à 15 % de notre chiffre d'affaires, estime ainsi Clément Verdié, en charge de la communication chez Verdié Autocars. Nous allons embaucher une vingtaine de personnes d'ici à la fin de l'année et nous tablons sur une cinquantaine de salariés dans le Sud-Ouest d'ici à fin 2016."

À Montauban, la PME Jardel, qui compte déjà une centaine de salariés, a prévu d'embaucher 25 chauffeurs d'ici à la fin de l'année. Et, pour son président Xavier Jardel, l'accord avec Flixbus pourrait représenter 30 % de l'activité de l'entreprise.

Y aura-t-il suffisamment d'activité pour l'ensemble des autocaristes présents sur le marché ? Xavier Jardel se veut rassurant sur ce point : "En Allemagne, Flixbus a déployé 650 bus et travaille avec 200 entreprises. Notre compagnie ne pourra pas absorber à elle seule cet afflux de nouvelles lignes."

À terme, la SNCF table en France sur 3 millions de passagers en 2016 (4 millions de billets en vente). De son côté, Trandev, la maison-mère d'Isilines, imagine 5 millions de passagers d'ici à 2017.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.