Big data : comment l'aéroport de Toulouse utilise les données des passagers

Depuis le mois de juin, l'aéroport de Toulouse-Blagnac utilise un logiciel pour gérer les flux de passagers à partir des scans des billets. L'analyse prédictive des données doit permettre d'améliorer toute la logistique de l'aéroport : parkings, postes d'inspection des bagages, commerces... Ce recours au big data est en plein essor dans les aéroports de France et d'Europe où les données servent à prédire le chiffre d'affaires, réaliser des économies ou proposer des services commerciaux.

"Il y a actuellement une minute d'attente au hall B, deux minutes au hall D, 47 passagers viennent de passer le portique de sécurité"... Depuis son bureau, Fabrice Catzaras peut suivre en temps réel la progression des passagers dans l'aéroport. Arrivé depuis deux ans à l'aéroport de Toulouse-Blagnac (ATB), il est chargé de coordonner la logistique de la plateforme à partir d'un logiciel d'analyse prédictive, autrement dit il est un peu le "Monsieur Big data" de l'aéroport.

Chaque jour, 150 avions décollent ou atterrissent à Toulouse et plus de 10 000 passagers transitent par l'aéroport Toulouse-Blagnac. À chaque vol, le voyageur scanne son billet au moment de l'enregistrement, puis une deuxième fois avant de passer le poste d'inspection des bagages, et enfin une troisième fois avant d'embarquer dans son avion. Ces scans couplés aux informations personnelles fournies lors de l'achat du billet sont une mine d'or pour l'aéroport. Depuis 3 mois, ATB s'en sert notamment pour gérer les flux de passagers :

"La série de scans sur le parcours du passager nous permet d'en savoir plus sur la présentation des passagers. Par exemple, pour un vol Toulouse-Paris-Charles de Gaulle, nous savons que 15 % des passagers se présentent deux heures avant le décollage, 30 % une heure et demi avant, 45 % une heure avant et le reste une demi-heure avant le vol", détaille Fabrice Catzaras.

Dans le bureau du coordinateur du logiciel, les tableaux Excel gardent en mémoire la fréquentation des derniers mois. Cet historique permet d'affiner le logiciel d'analyse prédictive avec une précision bluffante. "Vous voyez, là, nous avons actuellement 431 passagers, le logiciel en avait prévu 448 sur cette demi-heure", poursuit le salarié.

big data

                Ecran de contrôle du flux de passagers à ATB

Ces données sont essentielles pour l'activité de l'aéroport qui est très fluctuante. À 6 h, ATB connaît un pic de fréquentation, avec entre 1 000 et 1 200 passagers, principalement une clientèle d'affaires. Mais en fin de matinée, il n'y a plus que 300 passagers à l'heure. La fréquentation est un enjeu d'autant plus crucial pour l'aéroport de Toulouse-Blagnac que les nouveaux actionnaires chinois de la plateforme veulent passer de 8 millions de passagers actuellement à 18 millions de passagers d'ici à 2046.

"L'objectif est de fluidifier au maximum le parcours du passager du parking à l'embarquement pour que son attente soit la moins longue possible. C'est d'autant plus important que l'aéroport compte 50 % de passagers business qui viennent au dernier moment, juste le temps de se garer et d'embarquer", note Fabrice Catzaras.

Le Big data, une tendance en plein essor au sein des aéroports

Les données fournies par le logiciel permettent d'adapter le nombre d'agents aux postes d'inspection des bagages, aux contrôles de police mais sont également utilisés avec les compagnies aériennes pour gérer les parkings avion. Les commerces de la galerie s'en servent par ailleurs pour anticiper la fréquentation de leur boutique. "Tous les services de la plateforme sont intéressés par ces données, notamment le service marketing de l'aéroport", relève Fabrice Catzaras.

Et si, à Toulouse, l'usage des données reste cantonné à de la logistique, ailleurs en France et en Europe, le big data est déjà utilisé pour prédire le chiffre d'affaires, réaliser des économies d'énergie ou proposer des services commerciaux.

Ainsi, à Nice, en 2013, le Comité régional du tourisme (CRT) Côte d'Azur a testé un système de prévision de fréquentation à partir des données de réservation en ligne des vols vers l'aéroport de Nice. Le logiciel a permis de prévoir les périodes de réservation touristiques sur 6 mois. Les professionnels du secteur pouvaient s'en servir pour adapter leur stratégie marketing et leurs offres touristiques. De leur côté, Aéroports de Paris (ADP) a signé en mars dernier un partenariat avec Quinten, spécialiste de la valorisation de données dans le cadre d'un appel d'offres big data "pour améliorer les services de l'aéroport".

En Italie, le big data est lui utilisé pour aider les aéroports à réaliser des économies d'énergies. L'Union européenne pousse en effet les aéroports à devenir plus écologiques, avec des bâtiments moins consommateurs d'énergie. Pour y parvenir, via le programme européen Cascade, des chercheurs ont placé dans deux aéroports italiens (à Rome et Milan) des centaines de capteurs et de compteurs, afin de savoir où et quand l'exploitation énergétique des bâtiments n'est pas optimale. L'équipe de recherche est parvenue à réaliser une économie d'énergie de 20 % pour les bâtiments utilisant ce système.

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