Crowdfunding : WiSEED, les raisons d'un succès et d'une année 2022 record

Pionnier du financement participatif, la fintech toulousaine WiSEED a connu une année 2022 historique. Elle n'avait jamais collecté autant de fonds sur 12 mois, lui permettant de franchir le cap symbolique des 400 millions d'euros récoltés depuis sa création en 2008. Les raisons de ce succès sont diverses et méritent le détour.
WiSEED a attiré 19.000 nouveaux investisseurs en 2022.
WiSEED a attiré 19.000 nouveaux investisseurs en 2022. (Crédits : DR)

Quelle est la recette de cette montée en puissance ? Fin 2021, La Tribune annonçait que la plateforme toulousaine de financement participatif, ou crowdfunding, WiSEED avait franchi le cap des 300 millions d'euros collectés depuis sa création en 2008. À peine 12 mois plus tard, en ce début d'année 2023, l'un des pionniers français du secteur fait déjà savoir qu'il a dépassé les 400 millions d'euros récoltés.

« En 2022, les Français ont été très 'écureuil' avec des niveaux d'épargne records. Ils veulent reprendre la main sur leurs placements en investissant dans l'économie réelle. Les investisseurs veulent aussi contrer le phénomène de l'inflation, qui rongent leur épargne. Pour cela, ils vont vers des financements plus risqués comme le financement participatif qui affiche un taux de rendement de 10% », commente Mathilde Iclanzan, la directrice générale de la plateforme.

À date, WiSEED a collecté 403 millions d'euros, à travers le bouclage de 890 projets avec un taux de rendement moyen de 8,9%, selon les données communiquées par la société. Mais rien qu'en 2022, la fintech a collecté 77 millions d'euros, soit un peu plus de 20% des montants collectés en 15 ans. Cette performance illustre la nouvelle attractivité du financement participatif auprès d'un large public, pour lequel WiSEED offre la possibilité d'investir à partir de 100 euros comme ticket d'entrée. Pour preuve, 19.000 souscripteurs supplémentaires se sont enregistrés sur la plateforme rien qu'en 2022 malgré un contexte économique incertain.

Selon sa dirigeante, les médias et des émissions télévisées telles que « Qui veut être mon associé » diffusée sur la chaîne M6 ont aussi un impact favorable sur le secteur. Ce programme permet à des startups de présenter leur innovation dans le but de convaincre des investisseurs d'injecter des liquidités pour les soutenir dans leur développement contre une prise de participation au capital. Le Toulousain Floatee a d'ailleurs récemment eu cette opportunité.

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Peu de sélectionnés pour la collecte

Bien que le ticket moyen se situe entre 300 et 400 euros sur la plateforme toulousaine, cette dernière laisse également la possibilité d'investir dans des startups. D'ailleurs, sur l'ensemble des opérations bouclées, 15% concernent des startups et entreprises innovantes.

« En equity, nous recevons chaque année environ 1.000 dossiers de startups qui souhaitent lever des fonds auprès de nos souscripteurs, mais nous n'en mettons que 30 en collecte. Nous sommes très sélectifs car notre rôle est de protéger l'investisseur. Mais pour les jeunes entreprises en phase d'amorçage, le crowdfunding est idéal pour se lancer, après avoir fait appel à des business angels par exemple », analyse la dirigeante.

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WiSEED, qui est passée de 20 à 40 salariés en quatre ans, a notamment renforcé ses compétences humaines sur les audits menés préalablement sur chaque dossier avant d'être éventuellement soumis à une collecte. « Notre seul actif c'est la confiance de nos investisseurs », commente Mathilde Iclanzan pour évoquer cette rigueur.

Un renforcement nécessaire face aux divers projets montés par l'acteur financier. Par exemple, il a lancé sa filiale WiSEED Transitions pour accompagner des entreprises innovantes qui oeuvrent dans les transitions énergétique et environnementale, telles qu'Hycco qui a fait appel à leurs services. « Le fait d'être sur des investisseurs particuliers nous empêchent de faire des grandes opérations, supérieures à un million d'euros et répondre à tous les besoins des entreprises. Nous travaillons donc à l'élaboration de partenariats avec des fonds professionnels pour mener des opérations plus importantes avec WiSEED Transitions », annonce également la directrice générale. Simultanément au lancement de cette nouvelle filiale, la société a été retenue par le conseil régional d'Occitanie pour créer la plateforme Épargne Occitanie, qui a pour but de pouvoir investir dans des projets industriels régionaux. Enfin, la plateforme a noué récemment des partenariats stratégiques avec les acteurs financiers Caption et Blast, pour accompagner ces deux entités dans leur développement.

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« Grâce à ces deux partenariats, nous voyons arriver des investisseurs plus jeunes que la moyenne, entre 25 et 40 ans, intéressés pour bonifier leur épargne », ajoute la dirigeante, qui bénéficie d'un fichier de près de 196.000 particuliers prêts à placer leur argent au total.

L'immobilier, véritable moteur

Néanmoins, le secteur qui booste l'activité de WiSEED, et ce de manière historique, c'est bel et bien l'immobilier. « Cela représente 80% de nos opérations rien qu'en 2022 » ne cache pas Mathilde Iclanzan, démontrant encore une fois que la pierre est plus que jamais une valeur refuge en période d'incertitude économique.

« Les acteurs immobiliers utilisent de plus en plus le financement participatif, notamment pour recharger leurs fonds propres. Ils préfèrent faire appel à des emprunts obligataires, même à 10%, plutôt qu'un traditionnel partage de la marge », commente-t-elle.

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Il suffit de parcourir rapidement la page d'accueil de WiSEED pour constater que c'est bien ce secteur qui tire l'activité de la société, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 7 millions d'euros en 2022 et une croissance de 10%. « Le principal c'est que nous sommes rentables », assure Mathilde Iclanzan. Cette dernière compte aussi sur la future réglementation européenne du crowdfunding qui va s'appliquer à compter de novembre 2023. « Avoir un cadre commun va rebattre les cartes et potentiellement favoriser l'arrivée de nouveaux acteurs voire des rapprochements, c'est stimulant », conclut la dirigeante.

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