Des bureaux partagés, une salle de créativité, un espace de coworking... Au total, 1 500 m2 entièrement rénovés. Le 18 février 2016, la biscuiterie Poult annonce la réouverture de son site historique à Toulouse. Un site foncièrement remodelé par les recommandations d'Ema, une Scop toulousaine spécialiste en aménagement des espaces de travail. Dès sa naissance, Ema a choisi d'évoluer en tant que société coopérative et participative.

"Nous avons décidé de nous mettre sous la forme d'une Scop pour être en totale adéquation avec les services que nous proposons, soit l'équité entre les salariés, explique Jean-Julien Urbain, l'un des associés d'Ema. Nous souhaitions être une sorte d'exemple pour les entreprises avec lesquelles on collabore."

Fondée en 2010, la société coopérative conseille des entreprises sur l'aménagement de leurs espaces de travail en harmonie avec les salariés. Son objectif : améliorer la performance d'une entreprise et la qualité de vie des gens qui y travaillent. Deux caractéristiques compatibles selon Ema. "Pour nous, un projet réussi, ce n'est pas forcément un beau projet, mais un projet où les personnes se sentent bien", développe-t-il.

Les PME et startups, clientes majeures d'Ema, sollicitent la Scop pour obtenir des conseils sur l'aménagement de leurs locaux, afin qu'ils puissent coïncider avec leurs visions de l'entreprise.

"Les PME et startups que nous conseillons viennent rarement nous démarcher pour améliorer la qualité de vie de leurs salariés, sourit Annie Kirner, une associée de la Scop. Cependant, ce sont des sociétés déjà en mouvement, qui souhaitent redynamiser leurs entreprises en améliorant des facteurs. Et, parmi ses facteurs, se trouve celui de l'espace de travail."

Annie et Jean-Julien, deux associés de la Scop, se considèrent eux-mêmes comme des "décodeurs-facilitateurs".

Construire une vision partagée par tous les acteurs

Ema intervient auprès d'entreprises en tant que simple conseiller. Elle suggère des pistes de réflexion mais n'impose rien. "Cela nous arrive cependant de réfuter la vision d'un chef d'entreprise si nous sentons que cela n'améliorera pas la qualité de vie, ni la performance de l'entreprise", précise Annie Kirner.

Habillage d'escalier créé sur mesure par Ema pour la biscuiterie Poult. © Marjorie Mailhol.

Actuellement, une entreprise construit des bureaux et les salariés s'adaptent au mobilier. La société coopérative toulousaine souhaite agir dans le sens inverse, et aider les entreprises pour qu'elles agencent leurs locaux en fonction de leurs salariés.

Pour ce faire, les associés d'Ema s'entretiennent avec les dirigeants des sociétés avec lesquelles ils collaborent pour discerner leurs visions sur les dix ou quinze prochaines années à venir. Les associés animent également des groupes de travail avec les managers et les salariés des entreprises pour connaître leurs conditions de travail, l'organisation du travail ou encore les flux de déplacements.

"Notre vision est collective et non individuelle, analyse Jean-Julien Urbain, associé chez Ema. Nous sommes à l'écoute des salariés, de la direction, nous cherchons vraiment à comprendre la vision de l'entreprise et son contexte économique. Si nous prenons la métaphore d'un médecin, Ema soigne le corps entier et pas qu'un seul organe."

Par ailleurs, la Scop collabore avec des ergonomes et ergothérapeutes qui se déplacent au sein des entreprises pour observer notamment la posture de travail des salariés.

Ouverture d'un bureau à Paris

Installée à Toulouse depuis sa création, Ema compte 75 % de ses clients dans le grand Sud-Ouest. Parmi eux figurent notamment l'École nationale de l'aviation civile (Enac), la biscuiterie Poult, le producteur Bleu Citron ou encore la plateforme de paiement entre particuliers Payname. Les bureaux de cette dernière seront d'ailleurs livrés à la fin du mois de mai.

La société coopérative a également conseillé de grandes entreprises françaises telles que le Crédit Agricole, EDF ou l'Ina pour l'aménagement de leurs espaces de travail. Ema est aujourd'hui dans l'attente de réponses pour des collaborations avec des entreprises de plus de 1 000 salariés implantées en Île-de-France. Ces différents contrats occuperaient la Scop pour les quatre prochaines années. Dans l'idée de poursuivre son développement, Ema a décidé d'ouvrir un bureau d'ici un ou deux ans sur Paris.

"En 2013, j'estimais que l'on pouvait doubler notre chiffre d'affaires en 3 ans, il était alors de 150 000 €, révèle Jean-Julien Urbain, associé au sein d'Ema. Aujourd'hui, il est de 215 000 € et, pour l'année 2016, nous tablons sur 500 000 €. Notre objectif devrait donc être bientôt atteint."

À noter qu'Ema, qui se situe dans une phase de croissance depuis sa création en 2010, prévoit d'augmenter le nombre de freelances avec lesquels elle travaille. Actuellement la société coopérative, composée de 4 salariés, collabore avec 6 freelances dont des ergonomes, ergothérapeutes et architectes d'intérieur.