Un an après son arrivée à la tête de TLT, Emmanuel Schwartzenberg croit en l'avenir de la chaîne locale

Avec un déficit de 200 000 euros, la situation financière de TLT est tendue. La semaine dernière, certains producteurs de Midi-Pyrénées ont réclamé 145 000 € d'impayés pour des documentaires diffusés dans le programme "CaseDoc". Une situation à laquelle fait face Emmanuel Schwartzenberg, à la tête de la chaîne depuis presque un an. Il assure que TLT ne disparaîtra pas mais qu'elle a besoin des collectivités. Interview.Que répondez-vous aux producteurs qui réclament 145 000 € d'impayés pour des documentaires diffusés dans Case Doc?
Emmanuel Schwartzenberg

Avec un déficit de 200 000 euros, la situation financière de TLT est tendue. La semaine dernière, certains producteurs de Midi-Pyrénées ont réclamé 145 000 € d'impayés pour des documentaires diffusés dans le programme "CaseDoc". Une situation à laquelle fait face Emmanuel Schwartzenberg, à la tête de la chaîne depuis presque un an. Il assure que TLT ne disparaîtra pas mais qu'elle a besoin des collectivités. Interview.

Que répondez-vous aux producteurs qui réclament 145 000 € d'impayés pour des documentaires diffusés dans Case Doc?

Toutes les factures ont été réglées cette semaine. Il y a eu des impayés car la société est en difficulté. Toutes les sommes perçues par la chaîne et destinées à CaseDoc ont été utilisées pour assurer le fonctionnement de TLT*. Or, si TLT ne survit pas, il n'y a plus de documentaire du tout. Le problème, effectivement, c'est que mes prédécesseurs ont continué à engager des fonds sans savoir s'ils pourraient payer les producteurs. Quand je suis arrivé, j'ai instauré un gel des dépenses qui ne pourraient pas être honorées. Par ailleurs, depuis le 1er janvier, CaseDoc est sortie des recettes de TLT, ce qui signifie que les documentaires ne serviront plus à assurer la trésorerie de la chaîne. Je répète qu'il n'y aura jamais de remise en question du documentaire sur TLT, je continue à en signer. En revanche, je vais lancer une grande réflexion sur leur financement.

TLT présente un déficit de 200 000 euros. Pourquoi la chaîne est-elle en difficulté ?

La situation financière de TLT est tendue. La chaîne est en capacité d'autofinancement mais croule sous le poids de ses charges structurelles. Le loyer, d'une part, est extrêmement cher. Je le renégocie actuellement avec la Mairie, qui y prête une oreille attentive. D'autre part, le plan de continuation, qui consiste un ré-échelonnement des dettes, doit être honoré jusqu'en 2019. Ces charges représentent 400 000 € par an, soit 20 % de notre budget. Sans ces charges, TLT ne serait pas en difficulté car elle bénéficie du soutien réitéré des collectivités locales (la Ville de Toulouse est actionnaire à 60 %, NDLR).

Le candidat aux municipales Pierre Cohen propose de passer TLT en Sem (société d'économie mixte). Qu'en pensez-vous ?

En fait, nous fonctionnons déjà comme une Sem ! Nous obéissons aux injonctions de la puissance publique, et le président de la chaîne peut être nommé et révoqué par le conseil d'administration ou l'actionnaire principal. Je suis convaincu qu'une télé locale ne peut pas vivre seulement sur ses recettes commerciales. La publicité, c'est 10 % à 15 % du budget. Idem pour France Télévisions d'ailleurs, qui n'a pas de modèle économique en dehors de la redevance télé. Une chaîne comme la nôtre ne peut pas vivre sans les collectivités, elle existe grâce aux contrats d'objectifs et de moyens. De la même façon, à Bordeaux, TV7 Bordeaux est financée par la Région, et LCM à Marseille est soutenue par la Ville.

Quels sont les points forts de la grille mise en place en janvier dernier ?

Tout d'abord, je pense qu'à partir du moment où les programmes sont attractifs, les gens viendront les voir, sur internet et via l'ADSL, même si ces chiffres ne sont pas pris en compte par Médiamétrie. Concernant la grille, il était grand temps de faire preuve de clarification. On ne peut pas assumer tous les programmes et tous les genres. Nous plaçons donc l'info et le sport au cœur de nos programmes, dans la meilleure tranche horaire, 19h - 20h30. J'espère que le débat mis en place quotidiennement pour les municipales pourra se poursuivre après les élections. Il y a également, le vendredi à 18h30, une émission consacrée à l'aéronautique. Ce que nous avons fait est déjà énorme et nous irons plus loin.

Vous ne regrettez pas d'être venu à Toulouse ?

Non ! Vous regretteriez à ma place? La situation n'est pas facile, mais c'est le cas dans tous les médias. Je suis optimiste, du moment où le financement de la chaîne est assuré. Personne ne peut se substituer à une chaîne comme TLT, car personne n'assure la même fonction. France 3 Midi-Pyrénées n'a qu'une heure par jour de programme local, c'est insuffisant. Nous, nous n'avons pas de tutelle qui nous imposerait une durée limitée de diffusion.

Propos recueillis par Sophie Arutunian
© photo Rémi Benoit

*Le Casino Théâtre Barrière de Toulouse, comme tous les casinos de France, est tenu de contribuer à l'animation culturelle ou touristique de la commune d'implantation. Une convention, signée en 2012, stipule que TLT s'engage à reverser l'intégralité des sommes perçues au financement de CaseDoc (salaires, droits d'auteurs, production, etc.). En 2013, le Casino a ainsi versé 290 000 € à TLT. Certains producteurs audiovisuels accusent TLT d'avoir « utilisé l'argent en provenance du Casino pour régler ses dettes, au lieu d'investir dans CaseDoc ».

En savoir plus:

Aujourd'hui la Mairie représente 60 % de l'actionnariat de TLT. La Dépêche du Midi 18 %, le TFC 10 %, le Stade Toulousain 4 % et Digivision 8 %.

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