Aéronautique : Assystem investit dans la formation pour garder ses ingénieurs

Face à la baisse des besoins d'Airbus en matière d'engineering, le groupe Assystem (1 700 personnes à Toulouse) investit massivement dans la formation de son personnel, notamment vers les activités de manufacturing. Un cap "pas simple" à passer reconnaît le vice-président Aerospace du groupe Patrick Longuet. Interview.
Patrick Longuet, vice président Aerospace chez Assystem

1 700 personnes travaillent pour Assystem à Toulouse, quelle est l'activité de ce groupe, qui sont ses clients ?

Assystem est une société d'engineering et de conseil en innovation. Nous assistons nos clients dans toutes les phases de développement et de production d'un produit industriel complexe (R&D, test, qualification, production, vie en service du produit).

Nous sommes présents sur les domaines industriels de haute technologie : énergie (notamment nucléaire), automobile, aerospace, industrie et transports. Le site de Toulouse, spécialisé aerospace, est la branche la plus importante car elle représente plus d'un tiers du chiffre d'affaires du groupe (36%). Nos clients sont tous les clients du secteur de l'aéronautique et de la défense : Airbus et toutes ses filiales mais aussi Bombardier, Boeing, les motoristes tels que Rolls Royce, les équipementiers et sous-traitants.

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Airbus représente quelle part de votre chiffre d'affaires ?

Airbus représente la plus grosse partie de notre activité, environ trois quarts. Nous avons la chance de travailler sur tous les programmes d'Airbus, notamment sur l'A350 qui est maintenant en phase de production. D'ailleurs, nous intervenons aujourd'hui davantage sur des phases de manufacturing, car l'enjeu pour Airbus, ce sont les montées en cadence. Nous intervenons beaucoup sur les tests et les contrôles qualité.

Étiez-vous préparés à la baisse des besoins en engineering due à l'absence de nouveaux programme chez Airbus ?

Nous avons effectivement été confrontés à une baisse de la demande dans le domaine de l'engineering, et à une hausse de la demande dans le domaine du manufacturing. Nous avons la chance d'être référencé dans ces deux métiers, nous avons donc fait muter en quantité et en qualité les compétences engineering vers le manufacturing. Je pense que c'est notre avantage concurrentiel par rapport à nos confrères : notre positionnement nous permet d'intervenir sur l'ensemble des métiers du cycle de produit, ce qui n'est pas toujours le cas des autres entreprises du secteur. En R&D, nous avons de gros concurrents, en manufacturing aussi, mais très peu d'entre eux couvrent l'ensemble des métiers comme nous le faisons.

Comment avez-vous opéré ces mutations chez Assystem ?

Certains ingénieurs engineering ont été formés au manufacturing. Pour cela nous avons créé en 2011 une "qualité académie", un centre de formation, qui sera d'ailleurs agrandi en fin d'année et inauguré pendant le salon Aeromart. Il s'agit d'un espace de 750m2, à Blagnac, dédié aux métiers du manufacturing, c'est à dire essentiellement le test et le contrôle qualité. Mais nous avons aussi muté des salariés, arrêté les recrutements et largement diminué le recours à la sous-traitance dans l'engineering. C'est une mutation qui n'a pas été simple à opérer du tout, mais il n'y a pas eu de pertes de postes au final, car nous avons embauché dans le manufacturing.

Combien de personnes seront formées dans ce centre de formation, et qui  ?

L'objectif est de doubler le nombre de personnes formées sur le manufacturing, essentiellement en inspection qualité et tests. Aujourd'hui, nous formons à peu près 160 personnes par an pour ces métiers. Nous avons voulu mettre en place un outil d'envergure pour former les personnes mais aussi mettre en place des nouvelles technologies de formation comme la réalité virtuelle et la réalité augmentée. Je précise que le centre a une vocation interne et externe : notre qualité académique est certifiée par Airbus donc nous formons des inspecteurs qualité d'Airbus. Par exemple, nous allons former les premiers inspecteurs qualité chinois d'Airbus Tianjin : ils seront une vingtaine à venir dans nos locaux en janvier.

Nous avons aussi des partenariats avec Pôle Emploi et le Conseil régional pour proposer ces formations à des demandeurs d'emplois.

Quel est l'enjeu pour Assystem en formant ses salariés au manufacturig ?

À court terme, l'avenir dans l'aéronautique est d'assurer les cadences de production tout en assurant la qualité. À moyen - long terme, ce sera l'avion du futur. Je ne sais pas quand sera lancé un nouveau programme mais je suis convaincu qu'il y en aura un, notamment un monocouloir. Mais ce n'est pas facile avec les problèmes liés au time to market (temps qui sépare la décision de conception d'un produit nouveau de sa mise à disposition sur le marché NDLR), un concurrent qui s'appelle Boeing mais aussi un autre qui s'appelle Comac. L'enjeu pour nous est donc de conserver les compétences en engeneering afin que, au moment où le nouveau programme sera lancé, les compétences soient là, chez Airbus et chez ses partenaires.

Lire aussi : Ingénierie aéronautique, quelles perspectives à Toulouse ?

L'internationalisation est votre autre préoccupation : quels sont vos objectifs ?

Nous voulons développer Assystem à l'international, essentiellement dans les pays ou Airbus est présent (Allemagne, Espagne, Angleterre) mais aussi dans d'autres pays et auprès d'autres constructeurs : japonais, russes, brésiliens, et américains. Aujourd'hui, nous sommes déjà présents dans 19 pays mais pas assez visibles chez certains constructeurs aéronautiques. Même si nous travaillons déjà avec Boeing et Bombardier, ce n'est pas assez, et nous pouvons largement faire mieux. Je souhaite que 15 % de l'activité soient faits à l'international l'année prochaine contre 5% aujourd'hui.

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PATRICK LONGUET

Patrick Longuet est vice-président Aerospace d'Assystem depuis janvier 2016. Précédemment, il a été président de Latécoère Services (aujourd'hui vendue) pendant 3 ans. Avant cela il a été pendant 7 ans directeur de la branche aéronautique de Capgemini.

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Commentaires 2
à écrit le 24/11/2016 à 9:28
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Bonjour, pour lire l'article, vous pouvez l'acheter en ligne (49 centimes) en cliquant sur "j'achète" ou bien vous abonner à une de nos offres en cliquant sur "accéder". Merci, bonne lecture

à écrit le 24/11/2016 à 8:20
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